En 1924 on installe dans le pavillon de la Reine du château de Vincennes le musée de la grande guerre.
Ce musée n'expose aucun matériel guerrier mais des documents, des souvenirs des combats de la guerre de 14-18.
C'est le premier musée à contenir d'humbles objets habituellement condamnés à la destruction et pourtant témoins essentiels de la vie quotidienne du plus grand nombre.
Il contient aussi les tableaux de tous les peintres de cette génération qui ont vraiment connu la guerre et ne brossent pas de grands tableaux patriotiques comme leurs aînés, mais de tristes vues de destruction ou des scènes de la banale vie de tranchée.
Il sera fermé en août 1939, le pavillon de la Reine brûlera dans le dynamitage du château en 1944 ce qui détruisit beaucoup des objets du musée.
Ce musée n'expose aucun matériel guerrier mais des documents, des souvenirs des combats de la guerre de 14-18.
C'est le premier musée à contenir d'humbles objets habituellement condamnés à la destruction et pourtant témoins essentiels de la vie quotidienne du plus grand nombre.
Vue aérienne du château en 1930. Au premier plan à gauche, le pavillon de la Reine qui brûlera en 1944. Au Louvre, "la salle de Vincennes" (dernière salle égyptienne au 1er étage Sud derrière la colonnade de Perrault) préserve un des décors du pavillon de la Reine car il y fut déplacé au début du 19e siècle par Fontaine. |
Plan du château en 1939. Le pavillon de la Reine est en haut à gauche de l'image. Notez les casemates et les bâtiments du XIX e siècle |
Plan du musée de la guerre |
Aspect des salles |
Interrogatoire du prisonnier par Vuillard. Leger et Derain étaient artilleurs, Masson, Moreau dans l'infanterie, Vlaminck territorial, Zadkine à la légion,.... Il y a aussi : soldat au repos de Dunoyer de Segonzac , soirée calme en première ligne de M Denis, cagna en première ligne de Lebasque, le cratére de Souain par Vallotton, cadavre de soldat entre les lignes de A Moreau,.. |
Cimetière militaire de Chalons par Vallotton. On peut voir aussi: tombe de Charles Péguy par Bellan, Village en ruines par Bonnard, la tranchée des baïonnettes par G Bellan,... |
Illumination à Strasbourg le 14 juillet 1919. La paix revenue, les images patriotiques aussi. |
Portrait d'Edith Cavell. Directrice d'un institut médical à Bruxelles, elle fut fusillée en 1915 pour avoir aider des soldats alliés à passer aux pays Bas (neutres). L’exécution d' Edith Cavell comme le torpillage du Lusitania furent largement utilisés par la propagande britannique |
Qui sont les barbares ? tableau comparatif de l'Allemagne, l'Angleterre et la France pour: dépenses des assurances sociales, nombre d’illettrés, écoles, production de livres, prix Nobel, brevets d'invention |
Souscrivez à l'emprunt de guerre pour les sous-marins contre l'Angleterre |
Non! Jamais! Affiche d'octobre 17 sur la restitution de l'Alsace. |
Bolchevism made in Germany. R Dumoulin |
Il contient aussi les tableaux de tous les peintres de cette génération qui ont vraiment connu la guerre et ne brossent pas de grands tableaux patriotiques comme leurs aînés, mais de tristes vues de destruction ou des scènes de la banale vie de tranchée.
Il sera fermé en août 1939, le pavillon de la Reine brûlera dans le dynamitage du château en 1944 ce qui détruisit beaucoup des objets du musée.
Le pavillon de la Reine
Il fut créé pour Mazarin et Anne d'Autriche et sera brièvement occupé par le Régent.
En 1740 on y installa la manufacture des frères Dubois qui sera l’ancêtre de la manufacture de porcelaine de Sèvres.
Sous Napoléon 1er le château retrouve une vocation militaire et c'est Daumesnil qui , comme gouverneur, occupe le pavillon.
Sous Louis Philippe le duc de Montpensier fut nommé commandant de l’artillerie de Vincennes. Celui ci réaménage assez luxueusement le pavillon qui est occupé ensuite par divers services des armées.
En 1920 un décret affecte le pavillon à la bibliothèque et au musée de la grande guerre.
La bibliothèque de 120 000 volumes avec de larges collections de périodiques est installée au rez-de-chaussée et à deux étages supérieurs.
Le musée est installé dans l'étage noble (le premier), l'entresol servant aux bureaux et aux magasins.
Le musée
Il possède 170 000 objets allant de la bague des tranchées à des tableaux d'artistes contemporains sur la guerre.
Son origine est la collection de M et Mme Leblanc - héritiers des Fichet-Bauche- qui amassèrent à partir de 1914 des périodiques, des objets qu'ils exposèrent d'abord dans leur appartement avenue Malakoff, puis dans un hôtel rue du Colisée.
En 1917 ils firent don de leur collection à l'Etat.
Le musée eut ensuite de nombreux donateurs, des plus célèbres - comme Citroën ou Brentano- aux plus obscurs.
Il y a alors 5500 affiches, plus de 10 000 gravures, 2400 médailles, plus de 3000 peintures et dessins, ainsi qu'un nombre indéfini d'objets divers ( timbres, céramiques, verrerie, photographies, bons de monnaie,..)
Les tableaux et dessins sont classés en catégories:
- Tableaux d'artistes mobilisés ( Dunoyer de Segonzac, Flandrin, ,...)
- Œuvres d'artistes envoyés en mission ( Bonnard, Maurice Denis, Vallotton, Vuillard,...)
- Œuvres "d'imagination" ( Lévy Dhurmer,...)
- Dessins de presse ( Faivre, Forain, Poulbot, Steinlen, Wilette,...)
La bibliothèque
André Honorat, futur ministre de l'instruction publique, fit voter une loi en 1917 "pour rassembler d'urgence dans une bibliothèque spéciale tous ouvrages et périodiques relatifs à la guerre".
La collection Leblanc forma le fond initial.
La bibliothèque a une mission "d’éducation populaire" et organisa avec le musée des expositions " la France en guerre et ses alliés" "cinquantenaire de la III eme république", "Clemenceau pendant la guerre", "le maréchal Joffre par l'image"
En 1934 la BMG (bibliothèque du musée de la guerre) devient la BDIC ( bibliothèque de documentation internationale contemporaine) marquant ainsi qu'elle se détache de son objet initial tout en conservant son orientation documentaire.
Les salles
L'escalier central conduit au premier étage divisé entre aile Sud (à droite) et aile Nord.
Dans l'escalier on trouve des tableaux des villes et des panneaux décoratifs (G L Jaulmes,..) .
Sur le palier quatre vérascopes permettent de visionner des photographies stéréoscopiques.
En tournant à droite on pénètre dans la salle des gardes d'Anne d'Autriche dont les panneaux peints ont été remplacés par des tableaux patriotiques.
Deux bustes en bronze de part et d'autre de la cheminée représentent " l'aviateur" et le maréchal Pétain par Landowski.
La salle contient des vitrines de médailles françaises et étrangères et sert aux expositions temporaires.
On continue ensuite dans l'antichambre divisée en deux par le duc de Montpensier.
Sur les panneaux on a à droite "les débuts de la guerre" et à gauche "les scènes de la vie du soldat" ( Dunoyer de Segonzac, L A Moreau, Bonnard,..). Les vitrines exposent les objets faits au front par les soldats ( bagues, guitares, jeu d'échecs,...).
Il est probable qu'il ne s'y trouve pas, car trop courantes, les douilles des obus de 75 martelées qui ornèrent la majorité des cheminées modestes après la guerre.
La pièce contient aussi l'esquisse du tableau de Steinlein "la Marseillaise"
La deuxième moitié de l'antichambre , transformée en bibliothèque par Montpensier, contient des vues de champs de bataille (Ypres, Dixmude, Chemin des dames Reims,...).
dans les vitrines on note des objets des champs bataille, des verreries et céramiques avec des décors traitant de la guerre, la confrontation entre des objets de deux artisans de la victoire: le soldat X et le maréchal Foch.
On pénètre ensuite dans le cabinet d'assemblée d'Anne d'Autriche.
La salle est consacrée à Verdun et au front des Vosges.
Les tableaux ont des titres évocateurs: "les masques" (à gaz), "la relève sous les obus", "canonniers aveuglés et bléssés par les gazs d'hypérite".
Il y a aussi des affiches et des lithographies ( Poulbot, Sem, Forain, Wilette)
La salle suivante était probablement la chambre à coucher d'Anne d'Autriche. De la fenêtre on voit dans les fossés la colonne commémorative de l'exécution du duc d'Enghien.
A gauche des dessins évoquent la vie à l'arrière (Steinlen, Bellan, Jamot,..)
A droite le brouillon de l'ordre du jour de Foch lors de l’armistice et des tableaux sur la célébration de la victoire (Dufy, Othon Friesz,..). Une vitrine montre l'évolution de la mode durant la guerre.
Il faut revenir à l'escalier pour explorer l'aile Nord qui contient les souvenirs étrangers.
Dans le couloir on a des céramiques hollandaises et des souvenirs de l'armée belge.
La salle suivante est consacrée aux régions occupées en France et en Belgique avec des tableaux et des dessins (Steinlein, Forain, Duhem). Les vitrines contiennent des affiches allemandes.
On pénètre ensuite dans la salle des prisonniers de guerre et des internés en Suisse.
(En effet, des civils, des prisonniers de guerre, en particulier les blessés, furent internés en Suisse (70 000 environ))
Il y a des vues des camps et des objets fabriqués par les prisonniers.
La salle suivante est celle des Empires Centraux avec des affiches, des céramiques,des casques.
On est ensuite dans une salle aménagée par Montpensier dont le plafond présente quatre panneaux avec des jeux d'amour.
En contraste on y trouve des "Vivat-Bänder" -banderoles faites à l'occasion d'une victoire ou en l'honneur d'une personnalité- , des tableaux parmi lesquels "Bolchevism made in Germanie" montrant des soldats allemands agitant un drapeau rouge le jour de l'armistice à Bruxelles, des affiches de propagande allemandes et autrichiennes
Une salle plus loin est consacrée à la Tchécoslovaquie, à l'Italie et aux autres alliés européens puis on pénètre dans l'ancien salon du duc de Montpensier et ancienne chambre à coucher de Monsieur , frère de Louis XIV. qui est dédiée aux Etat Unis et à la Grande Bretagne.
A droite des tableaux de Gilbert Bellan représentant les lieux ou les américains combattirent, à gauche et au fond des tableaux sur l'effort de la Grande Bretagne. Les vitrines contiennent des objets et affiches anglaises et américaines.
C'est ensuite la salle de billard du duc de Montpensier dont les panneaux peints représentent l'histoire de Vincennes (et sont donc inutilisables pour le musée). C'est un cabinet des médailles des empires centraux.
On revient par le grand couloir à la salle de l'occupation allemande. Le couloir est consacré au front d'Orient, à la Russie et aux prisonniers de guerre allemands. Seule la période ou la Russie est en guerre -jusqu'au gouvernement Kerenski- est évoquée
Une dernière salle, en face du couloir, montre les progrès de la reconstruction dans les régions dévastées.
La guerre de 1939
L'état major du général Gamelin s'installe à Vincennes et le musée ferme en août 1939. Le musée est fermé sous l'occupation mais la bibliothèque continue de fonctionner rue du Bac à Paris.
En 1941 on retire toutes les pièces "portant atteinte à l'armée allemande" -en particulier les dessins satiriques-
En 1944 les casemates du château sont dynamitées, l'incendie s'étend au pavillon de la Reine. Les périodiques des années 30, le fonds russe, quatre grands décors inaugurés en 1939 et 17000 ouvrages brûlent.
La perte du fonds russe est certainement la plus dommageable car il est unique (la révolution russe entraînant la destruction des documents de la période ou la Russie était en guerre).
Après la guerre on constate qu'une moitié des collections a disparu (dont 50 Duffy)
La perte du fonds russe est certainement la plus dommageable car il est unique (la révolution russe entraînant la destruction des documents de la période ou la Russie était en guerre).
Après la guerre on constate qu'une moitié des collections a disparu (dont 50 Duffy)
Aujourd'hui
En 1948 la BDIC (bibliothèque de documentation internationale contemporaine) rouvre rue Vacquerie, elle devient bibliothèque universitaire en 1968.
La bibliothèque s'installe en 1970 à Nanterre.
Les collections de Vincennes sont transférées aux Invalides pour faire place au service historique de l'armée en 1973.
Sites et références
- La société des amis de Vincennes et les musées, Revue historique des armées "
- Site de la BDIC
- la BDIC dans le "moment documentaire". CAIRN
- Le service historique de la défense
- Société des amis de Vincennes
- Guide du musée de la grande guerre. Société de l'histoire de la guerre 1929
- Visite au château de Vincennes et au musée de la guerre. Delagrave 1931
- Maurice Denis dans la grande guerre
Le musée de la grande guerre de Meaux | |
Le musée avec au fond à gauche le monument américain. A moins d'une heure de Paris: train depuis la gare de l'Est puis bus M6 ou 10, 11, 63, 65 depuis la gare de Meaux. |
La grande salle avec au premier plan un Renault FT17 |
Inauguré en 2011 par JF Coppé, maire de Meaux, il doit son existence, comme le musée de Vincennes, à un collectionneur, Jean Pierre Verney. Il se situe dans la banlieue de Meaux, près du monument américain élevé en souvenir des soldats tombés lors de la bataille de la Marne. Contrairement à Vincennes il n'y a pas que des documents et des objets mais aussi des matériels militaires et des uniformes. Le musée est très pédagogique. Le parcours commence par une remontée dans le temps jusqu'en 1870. La guerre est exposée chronologiquement dans la grande salle pendant que les salles latérales présentent des aspects particuliers. On termine par une remontée au présent avec des panneaux rappelant que les conséquences de la grande guerre influent toujours sur notre vie. |