Tout ce quartier porte la marque des grands travaux d'Hausmann. La place de la république, le boulevard de Magenta , les gares du Nord et de l'Est, furent alors construits.
C’était le boulevard du crime des "enfants du Paradis". Napoléon III décida d'élargir et de construire une caserne pour cet Est parisien populaire. C'est donc une création d'Hausmann - sous le nom de Place du Chateau d'Eau- à deux exceptions près : la statue de la République et la percée de l'avenue des amandiers ( actuelle avenue de la République). A la place de la statue se trouvait la fontaine aux lions qui est maintenant place Dausmesnil.
Haussmann voulait aussi y construire au Sud "un orphéon", une salle de concert populaire pouvant contenir " 1200 chanteurs, garçons et filles choisis parmi les meilleurs élèves des classes de chant de toutes les écoles de Paris et 10000 auditeurs" !
Le projet fut confié à Davioud qui présenta une maquette à l'Empereur. La fin de l'Empire le fit avorter mais il se concrétisa sous une forme réduite dans la salle de concert de 5000 places du Trocadéro de 1878 ( détruit en 1936)
La République ajouta sa statue, les travailleurs des manifestations.
Comme toute place importante elle se comportait comme un rond point avec un axe supplémentaire direct Nord Sud. Ceci morcelait l'espace piéton en 2 jardins séparés. Les jardins et leurs bassins étaient l'abandon depuis fort longtemps et finissaient par n'être fréquentés que par des SDF.
Cette place historique va disparaître au profit d'une dalle digne de la Défense.
La frénésie anti-voitures - inverse de celle des années 60 - les a reléguées en bordure Sud de la place, les transports en commun emprunteront eux le coté Nord. Non content de supprimer la fonction de rond point de la place on créé ainsi deux flux de circulation qui vont se croiser.
Les fontaines à dauphins de la place ont été détruites. L'une d'elle laisserait même la place à une "brasserie à dimension culturelle", autrement dit à une privatisation de l'espace
On se demande vraiment ce qui justifie cette opération alors qu'il aurait été simple et peu coûteux de restaurer les jardins et d'agrandir l'espace central en supprimant l'axe Nord Sud
Le coût prévisionnel du réaménagement de la place de la République était de 17,5 M€, on parle maintenant de 24M€.
Haussmann l'appela d'abord le Boulevard du Nord, il allait de la barrière Poissonnière (Barbès) à la place du château d'eau ( la République).
Autrefois j’habitais le boulevard et, dans les années 60, c'est en écolier admiratif que je voyais se déplacer les arbres sur des chariots pour élargir le Boulevard. Celui-ci a une largeur de 30m et avait des trottoirs de 8 m, on reculait les arbres de 2m pour créer 2 nouvelles voies de circulation ( pour être plus exact de stationnement )
On avait donc des trottoirs de 6m et des voies de circulation de 18m
Sous Chirac on décida de classer le Boulevard en axe rouge avec interdiction de stationner.
Sous Delanoé on décida de transformer le boulevard en "espace civilisé".
Il s'agissait de diviser transversalement en espace piéton , piste cyclable, stationnement, voie de bus, voiture.
Le trottoir redevenait d'une largeur de 8m mais était découpé en bandes: piéton, vélo stationnement.
Pour couronner le tout on planta une seconde rangée d'arbres avec un espacement de 2,5m entre les rangées.
Cette conception est totalement contraire à ce qu'était l'ordonnance Hausmanienne du boulevard..
Sur une largeur de 30m il faut faire simple, ne planter qu'une rangée d'arbres, ne pas diviser l'espace
Les trottoirs de Magenta sont devenus dangereux car la séparation entre piétons et vélos est peu marquée.
Le boulevard est devenu un inextricable embouteillage ou il est difficile de livrer.
L'ensemble est plutôt plus laid qu'avant car les arbres sont toujours trop près des façades et la nouvelle rangée donne une impression chaotique.
Le réaménagement du boulevard a coûté 23 M€ au contribuable.
Il me semble qu'il n'était tout de même pas très compliqué de faire des couloirs de bus partagés avec les vélos sans bouleverser la voirie de fond en comble.
Dans les années 60 les machines à vapeur, 141TC, allaient à Ermont Eaubonne en 1/4 heure pour les trains directs et en une demie heure pour les omnibus Aujourd'hui il y a des rames flambants neuves, mais plus de trains directs et les omnibus mettent 1/2 heure.
La gare est un beau bâtiment construit par Hittorf en 1864 auquel on accola ensuite deux halles pour les bagages et une gare annexe.
Dans les années 80 la gare subit la pression du tout automobile, on démolit une halle et on construisit un parking fort laid. Heureusement le RER vint et l'on reconstruisit la halle démolie dans le même gabarit que l'ancienne avec plus de luminosité. les travaux des gares souterraines B,D et E (Magenta) furent considérables et le résultat impressionnant.
Malheureusement la mairie voulu mettre sa touche personnelle et recomposer le parvis. Dans l'esprit des concepteurs le parvis devait être piéton avec seulement des taxis ou des bus.
Le fait que ce soit aussi une gare de grandes lignes ou on vient avec des bagages de banlieue n'a effrayé personne. Il y avait un hic car les bus passaient tous dans la rue Lafayette ou dans celle du faubourg St Martin et pas sur le parvis. De manière à justifier l'opération on a dévié le bus 26 pour qu'il passe sur le parvis au prix d'un trajet impossible.
Le résultat sur le parvis est visible par tous : une accumulation de voitures et de cars qui ne savent pas ou se mettre. Inutile de crier à l'indiscipline: ce parvis ne remplit tout simplement pas sa fonction.
Elle est divisé en 2 halles. La plus ancienne, l'actuelle halle départ dans l'axe du Boulevard de Strasbourg,. est la gare originale, La halle arrivée est une réplique construite dans les années 30. Entre les deux halles se trouvait le service des bagages. Ceci a permis une rénovation dans les années 2000 de la partie centrale -puisqu'il n'y a plus de service bagages - au profit d'une meilleure communication entre les quais et les métro. On sent dans la rénovation le début d'un mouvement qui va pleinement s'exprimer avec la gare St Lazare: la transformation des gares en centres commerciaux.
La gare de l'Est avait la chance d'avoir un parvis privé: la mairie n'a rien pu faire jusqu'ici.
Une curiosité est l'absence de liaison entre la gare de l'Est et du Nord.
Il existe un souterrain sous les voies de la gare de l'Est qui autrefois servait aux chariots de bagages. Dans les années 90 on l'a transformé, à peu de frais, pour en faire une liaison directe des quais à la station de métro Chateau Landon. Entre le bout de ce souterrain et la gare Magenta il y a 200m et un être simple comme moi pensait que l'on allait relier les deux gares en passant sous la rue Lafayette. Il n'en a rien été. Si vous êtes à Chelles et si vous prenez un direct vous arrivez gare de l'Est et il vous faut remonter toute la rue d'Alsace pour aller Gare du Nord. Inversement si vous prenez l’omnibus vous arrivez dans la gare souterraine Magenta.
Jusqu’aux années 2000 il y eut assez peu de changement: les gares s'agrandirent, la fontaine de la place fut remplacée par une statue de la République.
Depuis l'an 2000 la municipalité se préoccupe de ce malheureux quartier et massacre, selon moi, le patrimoine légué par le second Empire.
La place de la République
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Haussmann voulait aussi y construire au Sud "un orphéon", une salle de concert populaire pouvant contenir " 1200 chanteurs, garçons et filles choisis parmi les meilleurs élèves des classes de chant de toutes les écoles de Paris et 10000 auditeurs" !
Le projet fut confié à Davioud qui présenta une maquette à l'Empereur. La fin de l'Empire le fit avorter mais il se concrétisa sous une forme réduite dans la salle de concert de 5000 places du Trocadéro de 1878 ( détruit en 1936)
La République ajouta sa statue, les travailleurs des manifestations.
Comme toute place importante elle se comportait comme un rond point avec un axe supplémentaire direct Nord Sud. Ceci morcelait l'espace piéton en 2 jardins séparés. Les jardins et leurs bassins étaient l'abandon depuis fort longtemps et finissaient par n'être fréquentés que par des SDF.
Plus de mats, de réverbères, ni de bassins. A droite en haut sur la place une "brasserie à dimension culturelle" pour attirer les piètons ? |
La frénésie anti-voitures - inverse de celle des années 60 - les a reléguées en bordure Sud de la place, les transports en commun emprunteront eux le coté Nord. Non content de supprimer la fonction de rond point de la place on créé ainsi deux flux de circulation qui vont se croiser.
Les fontaines à dauphins de la place ont été détruites. L'une d'elle laisserait même la place à une "brasserie à dimension culturelle", autrement dit à une privatisation de l'espace
On se demande vraiment ce qui justifie cette opération alors qu'il aurait été simple et peu coûteux de restaurer les jardins et d'agrandir l'espace central en supprimant l'axe Nord Sud
Le coût prévisionnel du réaménagement de la place de la République était de 17,5 M€, on parle maintenant de 24M€.
La formation de la place
La statue de la République
Un concours fut lancé pour une statue debout en 1880 et on retint le projet des frères Morice tout en appréciant le projet de Dalou (qui sera exécuté place de la Nation). Le malheur de ce dernier était d'avoir participé à la commune. Le projet qu'il présentait était d'ailleurs expédiée de Londres ou il s'était prudemment réfugié car condamné à la prison à vie.
Le bonnet phrygien.était absent du projet mais il se cache discrètement parmi la chevelure de la statue définitive.
Le piédestal de 15 m de haut comprend trois figures allégoriques de la liberté, de l'égalité et de la fraternité étaient d'abord prévues dans des niches. La base est décorée d'une série de 12 scènes représentant l'histoire de la République en omettant bien sur la terreur et la commune de Paris. Un lion en bronze devant une urne symbolise le suffrage universel, c'est l'oeuvre de Dalou.
L'inauguration de la statue eut lieu la 14 Juillet 1883 en présence du seul conseil municipal car Jules Grévy, alors président de la république, ne voulait pas entendre le discours prévu qui demandait l'amnistie pour les communards et des "franchises municipales" ( en particulier le rétablissement d'un maire supprimé après la Commune et qui ne sera rétabli qu'avec l’élection de Jacques Chirac en 1977)
Le Boulevard de Magenta
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Autrefois j’habitais le boulevard et, dans les années 60, c'est en écolier admiratif que je voyais se déplacer les arbres sur des chariots pour élargir le Boulevard. Celui-ci a une largeur de 30m et avait des trottoirs de 8 m, on reculait les arbres de 2m pour créer 2 nouvelles voies de circulation ( pour être plus exact de stationnement )
On avait donc des trottoirs de 6m et des voies de circulation de 18m
Sous Chirac on décida de classer le Boulevard en axe rouge avec interdiction de stationner.
Sous Delanoé on décida de transformer le boulevard en "espace civilisé".
Il s'agissait de diviser transversalement en espace piéton , piste cyclable, stationnement, voie de bus, voiture.
Le trottoir redevenait d'une largeur de 8m mais était découpé en bandes: piéton, vélo stationnement.
Pour couronner le tout on planta une seconde rangée d'arbres avec un espacement de 2,5m entre les rangées.
Cette conception est totalement contraire à ce qu'était l'ordonnance Hausmanienne du boulevard..
Sur une largeur de 30m il faut faire simple, ne planter qu'une rangée d'arbres, ne pas diviser l'espace
Les trottoirs de Magenta sont devenus dangereux car la séparation entre piétons et vélos est peu marquée.
Le boulevard est devenu un inextricable embouteillage ou il est difficile de livrer.
L'ensemble est plutôt plus laid qu'avant car les arbres sont toujours trop près des façades et la nouvelle rangée donne une impression chaotique.
Le réaménagement du boulevard a coûté 23 M€ au contribuable.
Il me semble qu'il n'était tout de même pas très compliqué de faire des couloirs de bus partagés avec les vélos sans bouleverser la voirie de fond en comble.
Le boulevard dans les années 80 | Le boulevard rénové, rabougri |
La gare du Nord
La facade par Hittorf, les statues représentant les villes du Nord. |
La gare est un beau bâtiment construit par Hittorf en 1864 auquel on accola ensuite deux halles pour les bagages et une gare annexe.
Dans les années 80 la gare subit la pression du tout automobile, on démolit une halle et on construisit un parking fort laid. Heureusement le RER vint et l'on reconstruisit la halle démolie dans le même gabarit que l'ancienne avec plus de luminosité. les travaux des gares souterraines B,D et E (Magenta) furent considérables et le résultat impressionnant.
Malheureusement la mairie voulu mettre sa touche personnelle et recomposer le parvis. Dans l'esprit des concepteurs le parvis devait être piéton avec seulement des taxis ou des bus.
Le fait que ce soit aussi une gare de grandes lignes ou on vient avec des bagages de banlieue n'a effrayé personne. Il y avait un hic car les bus passaient tous dans la rue Lafayette ou dans celle du faubourg St Martin et pas sur le parvis. De manière à justifier l'opération on a dévié le bus 26 pour qu'il passe sur le parvis au prix d'un trajet impossible.
Le résultat sur le parvis est visible par tous : une accumulation de voitures et de cars qui ne savent pas ou se mettre. Inutile de crier à l'indiscipline: ce parvis ne remplit tout simplement pas sa fonction.
La gare de l'Est
A l'origine la gare de l'Est ne comportait qu'une halle dans laquelle entraient les trains . En 1931 elle fut agrandie par construction d'une halle symétrique. |
Lorsqu'en 1931 on doubla la gare de l'Est on construisit aussi une gare souterraine destinée aux bagages. Ce système très complet est devenu inutile quand la SNCF abandonna le transport des colis . La partie centrale de la gare fut donc reconvertie dans les années 2000 pour améliorer la liaison avec le métro. |
La gare de l'Est avait la chance d'avoir un parvis privé: la mairie n'a rien pu faire jusqu'ici.
Une curiosité est l'absence de liaison entre la gare de l'Est et du Nord.
Il existe un souterrain sous les voies de la gare de l'Est qui autrefois servait aux chariots de bagages. Dans les années 90 on l'a transformé, à peu de frais, pour en faire une liaison directe des quais à la station de métro Chateau Landon. Entre le bout de ce souterrain et la gare Magenta il y a 200m et un être simple comme moi pensait que l'on allait relier les deux gares en passant sous la rue Lafayette. Il n'en a rien été. Si vous êtes à Chelles et si vous prenez un direct vous arrivez gare de l'Est et il vous faut remonter toute la rue d'Alsace pour aller Gare du Nord. Inversement si vous prenez l’omnibus vous arrivez dans la gare souterraine Magenta.
Sites et références
- Le Parisien. 23/01/2010
- L'haussmannisation de Paris Gazette des beux arts 1910
- Monument de la place de la République Insecula
- Place de la république/TVk Arch Daily
- Guide album du touriste. Constant de Tours 1889
- Mémoires du baron Haussmann T III
- Tableau de Paris. E Texier T1 et II 1852
- Le nouveau Paris. E de Labédolliére 1860 ?
- Anciens théâtres de Paris. G Cain 1920
- La place de la République Paris Unplugged. Plein de photos anciennes