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L'équipe Lopez au travail à l’hôtel de Sens pour le PUD |
Le modeste pavillon de l'architecture privée de 1937 |
Lopez utilise dans ses perspectives les immeubles à redans de Le Corbusier et des tours avec dee formes géométriques plus complexes |
La tour Lopez "jeune" |
La zone non remodelable de Paris du rapport Lafay bordée d'une voie rapide et l'axe Nord Sud empruntant le canal St Martin au Nord |
Le zonage de Paris du PUD. Les zones à rénover sont des extensions des anciens îlots insalubres ou des implantations industrielles mais on délimite un centre historique figé qui contenait auparavant des îlots insalubres ( n°1, 2, 3, 16) |
Les autoroutes de Paris |
La carte des opérations prévues en 1967. Notez la tour du ministère de l'éducation en 11 Les principales opérations de rénovation effectivement réalisées seront: Front de Seine, Montparnasse, Les Halles, Italie, Belleville, Amandiers, St Blaise, Villette. |
Le zoning vertical par Holley. Celui -ci sera mis en pratique au Front de Seine |
Perspective des halles avec un axe paysager sur le boulevard Réaumur par Holley |
Les opérations prévues dans le XVème arrondissement en 1960 Front de Seine I, Cambronne-Croix Nivert-Mademoiselle. arrière gare Montparnasse |
Les opérations en 1970. Sur la riche gauche du N au S: front de Seine 1 (5), front de Seine II (6), Citroën (7) Sur la rive droite: Ministère de l'équipement (1), Peugeot (2), maison de la radio (3), St Perrine (4) |
Le front de Seine dans Match en 1967 |
Coupe du front de Seine avec la dalle allant jusqu'à la Seine. |
Le projet de la tour Montparnasse |
Projet de RER en 1948. La gare Montparnasse est "logiquement" reliée au réseau. Au moment de la reconstruction de la gare, la SNCF ne soutint pas l'idée qui aurait "profité" à la RATP. La gare devint au fil des projets un élément "secondaire" de l'opération Maine-Montparnasse |
Italie XIII |
Le Corbusier avait Pierre Jeanneret comme collaborateur, Lopez aura Michel Holley.
Lopez proposera de remodeler Paris dans l'esprit de la charte d'Athènes et participera aux grandes opérations: Front de Seine, Italie, Maine Montparnasse, les Halles.
Il décédera en 1966 -à 62 ans-, un an après Le Corbusier et trop tôt pour voir les résultats de la mise en oeuvre de ses idées.
L'avenir des villes
Les idées de Lopez se trouve dans l'avenir des villes, ouvrage collectif publié en 1964 dans la collection "Construire le monde "
Il a, comme Le Corbusier, une idée très haute de l'architecte.
Comme le patient doit suivre le diagnostic du médecin, le "client" de l'architecte (et de l'urbaniste) doit faire confiance à l'homme de l'art et ne pas interférer bêtement dans son travail. (NB: Il aura effectivement toute liberté pour construire le Val Fourré ).
Lopez va même plus loin: " Pauvre vain peuple dont les réactions préfabriquées sont affublées du titre ronflant "d'opinion publique" et dont le gout consiste à louer systématiquement tout ce qui est vieux ou semble vieux et à dénigrer systématiquement tout ce qui est nouveau ou semble nouveau".
Lopez va même plus loin: " Pauvre vain peuple dont les réactions préfabriquées sont affublées du titre ronflant "d'opinion publique" et dont le gout consiste à louer systématiquement tout ce qui est vieux ou semble vieux et à dénigrer systématiquement tout ce qui est nouveau ou semble nouveau".
Comme Le Corbusier Lopez en appelle toujours à la nature et à l'homme.
Il maudit les habitants d'Auvers sur Oise qui en détruisant 2 granges et en crépissant au ciment ont détruit l'harmonie des lieux qu'aimait Van Gogh.
D'un autre coté il prône la politique de la table rase, de la transformation totale y compris de l'homme: "Si la cité future doit être le fait d'une totale mutation, celle-ci ne pourra finalement se réaliser pleinement et sans danger que si l'homme fait aussi sa mutation. C'est l'habitant des villes qui doit devenir un autre ; il doit s'adapter à un nouveau rythme vital et à de nouvelles fonctions."
Il maudit les habitants d'Auvers sur Oise qui en détruisant 2 granges et en crépissant au ciment ont détruit l'harmonie des lieux qu'aimait Van Gogh.
D'un autre coté il prône la politique de la table rase, de la transformation totale y compris de l'homme: "Si la cité future doit être le fait d'une totale mutation, celle-ci ne pourra finalement se réaliser pleinement et sans danger que si l'homme fait aussi sa mutation. C'est l'habitant des villes qui doit devenir un autre ; il doit s'adapter à un nouveau rythme vital et à de nouvelles fonctions."
Le siège de la FNB et la tour Lopez
En plus du "pavillon de l'architecture privée" pour l'exposition de 1937, Lopez ne construira à Paris que deux immeubles dans les années 50 avant d'avoir sa fonction de principal architecte-urbaniste conseil auprès de la Ville.
Le bâtiment de la FNB fut construit de 1948 à 1951 et comportait des panneaux de façade en aluminium conçus par Jean Prouvé.
La "tour Lopez" était le Bâtiment de la CAF rue Viala réalisé en 1953, elle n'avait que 8 étages.
La structure est supportée par deux files de poteaux métalliques situées au centre du bâtiment avec avec un porte à faux de 5,5 m en périphérie.
Le mur rideau en aluminium et résine polyester Héliotrex est suspendu par le dernier étage comme un vrai rideau.
Comme à la cité du refuge de Le Corbusier la température s’avéra trop élevée derrière les façades et il fallu ajouter des brises soleil.
La tour vieillit mal et dans les années 90 on se posa la question de sa démolition, elle fut réhabilitée en 2010. Elle perdit à cette occasion un étage pour échapper à la réglementation IGH
Le plan directeur de Paris
Le contexte parisien
Carte des ilots insalubres |
Après la libération les esprits sont murs pour accepter une "nouvelle conception" de la ville et les trente glorieuses permettront la réalisation des projets
Le rapport Lafay, le PUD
Bernard Lafay, président du conseil municipal, demande à Raymond Lopez un rapport "qui concerne plus particulièrement deux questions: le logement et la circulation".Pour éliminer l'insalubrité il convient de remodeler complètement la ville à l'exception de son noyau de cristallisation ...quasi homogène qui se solidifia au temps d'Hausmann.". Celui ci s'étend sur le centre et l'Ouest de la capitale mais sur le reste il faut libérer le sol en "éloignant de Paris les activités nuisibles ou non indispensables" ( industries, entrepôts, emprise ferroviaire, ..) et en détruisant les immeubles insalubres ou de moins de 4 niveaux. On doit créer des "unités de voisinage", elles même englobées dans des "quartiers" appartenant à des" zones". Les immeubles doivent evidemment être plus hauts afin de pouvoir créer des espaces verts et on créé une double rocade, l'une bordant le Paris cristallisé et l'autre suivant les limites de la ville ( périphérique) avec un axe Nord-Sud passant à la limite Est de la zone cristallisée.
Au rapport Lafay de 1954 va succéder le plan d'urbanisme directeur (PUD) qui représente le complément pour Paris du plan de la région parisienne des années 60 ( PADOG).
Celui ci va conserver la notion de Paris historique "non remodelable" avec un plafond de hauteur de 31 m et une périphérie dont la hauteur maximale des construction est fixée à 37m mais permet la construction de quartiers de tours. Les zones de Paris sont classées: affaires, administration, universitaires, habitation. L'idée des rocades internes est reprise avec des portions souterraines (St Lazare-Gare de l'Est, Montparnasse-Concorde) mais aussi le comblement du canal St Martin pour laisser place à l'axe Nord-Sud.
Le PUD est appliqué dès 1961 mais ne sera approuvé qu'en 1967 ( un an après la mort de Lopez)
Le défaut majeur du POS de 67 pour les rues existantes: la possibilité d'augmenter la hauteur du bâtiment si on construit en recul. Cet abandon de l'alignement va détruire l'harmonie des rues. |
Le front de Seine
"Au Front de Seine, nous avons 77000m² d’espaces libres, en partie plantés. Je préfère de beaucoup les jardins privés et les espaces verts entre les immeubles, au Bois de Boulogne. (…) Le promeneur qui circulera dans cet ensemble ne ressentira jamais l’impression de monotonie qui aurait pu naître de l’uniformité en hauteur puisque la liberté du plan définit une variété de perspectives, de volumes, de prospects, en raison du rythme et de la densité des constructions.”Après la destruction des dernières usines (les plus grandes étant celles de Citroën), le projet d'aménagement est confié au cabinet de Raymond Lopez et Holley en 1959. Des tours de 85 m sont prévues sur une dalle à 7 m du sol. Lopez ne verra pas s’élever les tours dont les travaux commencent en 1967 sous la direction d'Henri Pottier par l'ensemble Keller (tour et piscine) au Sud et la tour Compagnie bancaire au Nord. Avec la crise, et le début d'un changement d'opinion à l'égard des tours, il devient difficile de continuer l'opération. Les dernières tours sont plus originales (surtout la tour Totem par Andrault et Parat), l'opération se clôt en 1990 par la construction de la Tour Cristal. Il faut reconnaître au front de Seine une certaine élégance gâchée par la non finition de l'opération ( la dalle devait aller jusqu'à la Seine en recouvrant la circulation).
Les Halles
En mai 1960 Lopez est chargé " d'étudier les possibilités architecturales du site parisien" entre la Seine et le Bd Magenta. Un peu plus tard, en 1962, Maurice Rotival ( urbaniste du cabinet Prost ayant élaboré des plans pour Alger et Caracas) est chargé d'une réflexion sur le centre de Paris. L'administration souhaite un nouveau centre d'affaires dans Paris.Lopez doit " s'efforcer de dégrossir une enveloppe, un volume" et il s'intéresse au "col de la Chapelle" , il veut construire des "Champs Elysées Nord Sud" dont les jardins s'étendrait du fg St Denis au fg St Martin . Les études de Lopez ont l’intérêt de s'intéresser au sous sol ou sont relégué la circulation, les transports, les parkings et le stockage. Pour les Halles il distingue une zone A, le carreau des Halles, et une zone B, Beaubourg, avec entre deux l'espace vert du grand axe Nord Sud. Lopez est accusé de vouloir créer un "Los Angeles sur Seine", Rotival qui veut remodeler 450 hectares n'a pas plus de succès. Ces premières études sur la rénovation des Halles aboutiront plus modestement quelques années plus tard après une série de projets de très grande hauteur et de très grande densité.
L'opération Maine Montparnasse
L'opération comprend la nouvelle gare, des hôtels, des commerces, des logements et des bureaux. Eugène Baudoin, Urbain Cassan, Louis Hoym de Marien, Roger Saubot et Raymond Lopez vont dessiner la tour qui sera le phare du projet et le symbole d'un Paris moderne, une capitale internationale d'affaire capable de rivaliser avec les grandes métropoles.Dans les premières esquisses de 1958 il n'y a pas de tour mais Malraux jouera un rôle décisif dans la construction de ce " moderne campanile". Obnubilé par l'idée de cette tour on ne pense même pas à construire une gare souterraine qui traînait cependant dans les projets de "RER" d'avant guerre.
La maquette est présentée à un ministre enthousiaste en 1959 et la tour de 210m sera terminée en 1973.
Italie XIII
En 1960 s’éleva rue Croulebarbe la "Tour n°1" de 30 étages préfigurant le début de la réalisation en 1967 de l'opération "Italie XIII" conçue par Lopez et Holley sur
87 hectares entre la place d'Italie, l'avenue de Choisy, les rues de Tolbiac et Nationale, les boulevards des Maréchaux et une partie des quartiers de Maison-Blanche et de la Butte-aux-Cailles de part et d'autre de l'avenue d'Italie. Sur les 55 tours prévues, culminants à 100 m, seules 30 seront construites, le coup d’arrêt étant donné par l'annulation du permis de construire de la tour Galaxie de 230m de hauteur quand VGE vint au pouvoir rompant avec le modernisme de son prédécesseur.
Quelques conclusions
Lopez bénéficia d'une conjoncture favorable : une élite convertie à une vision nouvelle de la ville, un pouvoir fort et des moyens financiers. C'est à dire à la combinaison Le Corbusier, Pompidou, Trente Glorieuses.
"Il est difficile d'imaginer le Paris de l'an 2000 à travers le Paris actuel, et les rares constructions d'avant-garde qu'on voit s’élever dans le quartier Beaugrenelle ou à Passy et autour de la gare Montparnasse ne suffisent pas, malgré leur audace et leur liberté, à transformer la capitale,... Le passé l'enserre et l’empêche de devenir une véritable ville moderne" écrivait Lopez dans les années 60.
On va donc suivre ses idées mais on bâclera car c'est trop cher à réaliser à Paris ou il faut détruire. A la Défense on réussira mieux:: la feuille est blanche, l'enveloppe financière conséquente et l'activité future garantie. Au Val Fourré ce sera une catastrophe: la feuille est blanche, les crédits limités et l' activité future inexistante.
Il est d'usage aujourd'hui de condamner toutes les opérations des années 70 alors que le jugement sur Le Corbusier -qui rêvait bien pire- est redevenu positif.
Le tout voiture était une grosse erreur, mais construire des parkings et des voiries souterraines n'était pas une mauvaise idée. Je suis effaré de voir aujourd'hui détruire des passages souterrains ou la voirie des Halles. Il y a un mouvement de balancier dans la pensée des décideurs qui dans les années 30 détruisirent les tramways au profit de la voiture et qui depuis les années 2000 détruisent les infrastructures routières urbaines.
Nous devrions aussi porter attention au fait que les tours et les murs rideaux vieillissent mal. Il s'agit de bâtiments qui après 20 ou 30 ans d'usage sont à rénover (ou à détruire ?) (ce qui n’empêche pas aujourd'hui de produire des bâtiments "développement durable" couverts de bardages dont la durée de vie est également limitée).
Pour moi Paris est une ville "achevée", inutile d'y rajouter des tours ou d'ailleurs de continuer à y construire: il faudrait au contraire "aérer".
"Il est difficile d'imaginer le Paris de l'an 2000 à travers le Paris actuel, et les rares constructions d'avant-garde qu'on voit s’élever dans le quartier Beaugrenelle ou à Passy et autour de la gare Montparnasse ne suffisent pas, malgré leur audace et leur liberté, à transformer la capitale,... Le passé l'enserre et l’empêche de devenir une véritable ville moderne" écrivait Lopez dans les années 60.
On va donc suivre ses idées mais on bâclera car c'est trop cher à réaliser à Paris ou il faut détruire. A la Défense on réussira mieux:: la feuille est blanche, l'enveloppe financière conséquente et l'activité future garantie. Au Val Fourré ce sera une catastrophe: la feuille est blanche, les crédits limités et l' activité future inexistante.
Il est d'usage aujourd'hui de condamner toutes les opérations des années 70 alors que le jugement sur Le Corbusier -qui rêvait bien pire- est redevenu positif.
Le tout voiture était une grosse erreur, mais construire des parkings et des voiries souterraines n'était pas une mauvaise idée. Je suis effaré de voir aujourd'hui détruire des passages souterrains ou la voirie des Halles. Il y a un mouvement de balancier dans la pensée des décideurs qui dans les années 30 détruisirent les tramways au profit de la voiture et qui depuis les années 2000 détruisent les infrastructures routières urbaines.
Nous devrions aussi porter attention au fait que les tours et les murs rideaux vieillissent mal. Il s'agit de bâtiments qui après 20 ou 30 ans d'usage sont à rénover (ou à détruire ?) (ce qui n’empêche pas aujourd'hui de produire des bâtiments "développement durable" couverts de bardages dont la durée de vie est également limitée).
Pour moi Paris est une ville "achevée", inutile d'y rajouter des tours ou d'ailleurs de continuer à y construire: il faudrait au contraire "aérer".
Sites et références
L'immeuble de la FNB avec mur rideau alu. Prouvé avait utilisé l'aluminium dès 1936 pour le pavillon du club d'aviation de Buc. |
- Paris années 60. PSS
- Les tours à Paris, bilan et prospectives. APUR 2003
- Front de Seine. Raymond Lopez Architecture d'aujourd'hui 1965
- Projet Front de Seine I. SemParisSeine
- Les Halles. Christian Michel, Masson 1988
- Etude d'aménagement du centre de Paris. Lopez et Holley, Urbanisme n°84 1964
- Les Halles 1935-1963
- L'opération Maine Montparnasse. Valeix, Architecture d'aujourd'hui n°83 1959
- La tour Maine Montparnasse
- La rénovation de la tour Lopez. CSTB
- Cartes des opérations urbaines à Paris. Sandrini
- Paris Match. Juiilet 1967 n° 951, 952
- L'automobile à la conquète de Paris.. M Flonneau