La carte générale du plan |
le désordre de la banlieue pavillonnaire et l'ordre du grand ensemble de la Muette à Drancy |
Désordre industriel |
Rue nouvelle de banlieue trop étroite parcourue par des autobus |
Voie nouvelles de 1930 trop sombre et avec les bouches d'aération d'un parking souterrain |
Désordre pavillon sur mur pignon d'immeuble |
Malgré la faiblesse des gouvernements de la 3ème république on va tenter de faire quelque chose: ce sera le plan Prost. Il est présenté en 1934 mais seulement approuvé du bout des lèvres à la veille de la guerre.
Les communes s'ingénieront à contourner les restrictions de construire du plan et les infrastructures prévues ne seront (partiellement) construites que bien plus tard.
Evolution de l'urbanisme en Région parisienne
Un des premiers plans d'urbanisme de Paris est le plan des artistes de 1793 qui avait pour but de prévoir de nouvelles voies dans les biens nationaux que l'on vendait alors.A l'époque de l'agrandissement de Paris de 1860 la banlieue n'est qu'un ensemble de villages avec parfois des maisons de campagne des riches parisiens.
Les ouvriers se logent d'abord dans les arrondissements de l'Est parisien puis franchissent les barrières d'autant que les industries s"installent en proche banlieue au début du XXème siècle.
La 3ème république ne fit qu'achever le réseau ferré et créa de nombreuses lignes de tramways qui permirent l'exode des citadins. Quelques cités jardins se créent ( Vésinet, Maisons Lafitte, Parc St Maur ) mais le plus souvent la banlieue se développe anarchiquement.
Eugéne Henard étudie les transformations de Paris, le musée social de M Risler prépare un plan d'aménagement de la zone, Dausset présente des rapports.
Début 1911 le Préfet de la Seine créé une commission de l'extension de Paris présidée par Delanney qui fournit un volumineux rapport sans suite pour cause de guerre.
Apres l’armistice en 1919 on vote la loi Cornudet qui impose aux communes d'élaborer l’ancêtre des PLU . L'Office Public d'habitation à bon marché de la Seine présidé par Henri Sellier est créé et va construire quelques cités jardins . On instaure aussi un bureau d'étude du grand Paris qui va rédiger certains PLU. Un concours pour un plan d'extension de Paris est ouvert et 5 projets seront couronnés en 1920 avec un premier prix à Léon Jaussely.
En 1928 la loi Loucheur en permettant des prêts à bon marché aux Offices HBM déclenche une vague de construction à grande échelle. les premiers grands ensembles (La Muette à Drancy, Bagneux) apparaissent. On tente d'industrialiser et de construire en hauteur en respectant plus ou moins les principes de la charte d'Athènes dont la première mouture apparaît en 1933. Il y a donc des réalisations mais pas d'urbanisme global de la banlieue dont le projet n'intéresse que le préfet de la Seine mais pas le conseil municipal de Paris ni ceux des autres municipalités.
Pour la banlieue il n'y a aucune programmation d'ensemble et dans un rayon de 30km autour de la capitale les densités permises par ce qui va devenir les PLU créés car la loi Cornudet de 1919 sont celles de Paris.
Henri Sellier, président des HBM de la Seine constate " aucune des communes de banlieue n'a d'existence économique propre, toutes constituent l'un des éléments de l'immense agrégat de la région parisienne".
Il ne viendra à personne l'idée que si les lotissements de banlieue se développent autant c'est parce qu'il n'est pas rentable de construire pour louer depuis la guerre de 14 à cause des diverses mesures de limitation des loyers (1). La construction de l'entre deux guerres sera donc essentiellement constituée d'HBM et de pavillons bon marché.
1) Les loyers ne sont plus perçus durant la guerre et en mars 1918 une loi décide le blocage des loyers pour "récompenser nos héros". Le blocage se poursuivra jusqu'à la loi de 48.
En Mars 1928 est créé par Poincaré et Albert Sarraut le CSAORP (comité supérieur d'aménagement et d'organisation de la région parisienne). 40 membres sans pouvoir, sans budget, présidé par Louis Dausset chargé de proposer un plan pour la région parisienne. Il met tout de même à jour les cartes du département de la Seine et recense les lotissements.
Il est à l'origine de la loi de Mai 1932 qui donne une définition géographique à la région parisienne (le département de la Seine, les communes dans un rayon de 35 km plus une partie de l'Oise ) et prescrit l'établissement d'un plan d'aménagement sous l'autorité d'un CSAORP étendu.
Cette fois ci il y a un budget de 5 Millions de francs et un responsable: Henri Prost. Le plan ne concerne que la banlieue: Paris sera laissé en blanc sur les cartes.
Lyautey est pour Prost ce que Napoléon III est à Hausmann. Il veut bâtir des villes modernes à coté des villes indigènes et fait appel à ce disciple de Tony Garnier. Prost commencera son travail par Casablanca puis bâtira les villes nouvelles de Fez et de Marrakech, puis Rabat en 1920. Prost sera donc l'urbaniste du Maroc de 1914 à 1922. Il sera chargé d'étudier le plan d'aménagement de la région parisienne en 1932. Il jugera en 1940 "que son action fut entravée par l’esprit négatif qui vient de faire crouler le régime politique de la France".
Il fera aussi des plans d'aménagement pour Metz , Alger, Istanbul et Caracas ( plan Rotival) .
De 1932 à 1945 il dirigera la revue Urbanisme dont le secrétaire général est Henri Sellier avec dans le comité de patronage le Maréchal Lyautey, commissaire de l'exposition coloniale de 1931.
En 1928 la loi Loucheur en permettant des prêts à bon marché aux Offices HBM déclenche une vague de construction à grande échelle. les premiers grands ensembles (La Muette à Drancy, Bagneux) apparaissent. On tente d'industrialiser et de construire en hauteur en respectant plus ou moins les principes de la charte d'Athènes dont la première mouture apparaît en 1933. Il y a donc des réalisations mais pas d'urbanisme global de la banlieue dont le projet n'intéresse que le préfet de la Seine mais pas le conseil municipal de Paris ni ceux des autres municipalités.
Pour la banlieue il n'y a aucune programmation d'ensemble et dans un rayon de 30km autour de la capitale les densités permises par ce qui va devenir les PLU créés car la loi Cornudet de 1919 sont celles de Paris.
Henri Sellier, président des HBM de la Seine constate " aucune des communes de banlieue n'a d'existence économique propre, toutes constituent l'un des éléments de l'immense agrégat de la région parisienne".
Il ne viendra à personne l'idée que si les lotissements de banlieue se développent autant c'est parce qu'il n'est pas rentable de construire pour louer depuis la guerre de 14 à cause des diverses mesures de limitation des loyers (1). La construction de l'entre deux guerres sera donc essentiellement constituée d'HBM et de pavillons bon marché.
1) Les loyers ne sont plus perçus durant la guerre et en mars 1918 une loi décide le blocage des loyers pour "récompenser nos héros". Le blocage se poursuivra jusqu'à la loi de 48.
Le CSAORP
En Mars 1928 est créé par Poincaré et Albert Sarraut le CSAORP (comité supérieur d'aménagement et d'organisation de la région parisienne). 40 membres sans pouvoir, sans budget, présidé par Louis Dausset chargé de proposer un plan pour la région parisienne. Il met tout de même à jour les cartes du département de la Seine et recense les lotissements.
Il est à l'origine de la loi de Mai 1932 qui donne une définition géographique à la région parisienne (le département de la Seine, les communes dans un rayon de 35 km plus une partie de l'Oise ) et prescrit l'établissement d'un plan d'aménagement sous l'autorité d'un CSAORP étendu.
Cette fois ci il y a un budget de 5 Millions de francs et un responsable: Henri Prost. Le plan ne concerne que la banlieue: Paris sera laissé en blanc sur les cartes.
Henri Prost
Prost est l'auteur de la seule oeuvre urbanistique française depuis Napoléon III au ... Maroc.Lyautey est pour Prost ce que Napoléon III est à Hausmann. Il veut bâtir des villes modernes à coté des villes indigènes et fait appel à ce disciple de Tony Garnier. Prost commencera son travail par Casablanca puis bâtira les villes nouvelles de Fez et de Marrakech, puis Rabat en 1920. Prost sera donc l'urbaniste du Maroc de 1914 à 1922. Il sera chargé d'étudier le plan d'aménagement de la région parisienne en 1932. Il jugera en 1940 "que son action fut entravée par l’esprit négatif qui vient de faire crouler le régime politique de la France".
Il fera aussi des plans d'aménagement pour Metz , Alger, Istanbul et Caracas ( plan Rotival) .
De 1932 à 1945 il dirigera la revue Urbanisme dont le secrétaire général est Henri Sellier avec dans le comité de patronage le Maréchal Lyautey, commissaire de l'exposition coloniale de 1931.
Etat d'élaboration des "PLU" de banlieue en 1929 | La région parisienne |
Le plan
Au moment d'élaborer le plan on s'aperçoit que le ministère de l'intérieur ne dispose pas des moyens humains nécessaires et c'est la Ville de Paris qui les fournira après accord en 1933. De même il va falloir faire appel à l'armée pour avoir un fond de plan au 1/10000 ème. Au total il faudra un an pour obtenir un dispositif opérationnel.Le plan lui même sera élaboré avec célérité en une année supplémentaire. Il va suivre les orientations originelles d'Albert Sarraut qui constatait le développement anarchique des lotissements de pavillons: "le centre doit être décongestionné, l'habitat insalubre résorbé et l’expansion urbaine contenue". Il faut donc limiter la croissance de la région parisienne.
Il classe en quatre zones concentriques autour de Paris les communes du point de vue de l'utilisation des sols et de la hauteur des constructions . Dans une commune il peut y avoir "un périmètre d'agglomération" et une zone non affectée ou il est interdit de construire. Il prévoit des mesures de protection pour des sites sensibles ( Versailles, Sceaux,...) et délimite des réserves pour des parcs et des équipements publics (aéroport, cimetières,...).
Les chancres de la région parisienne sont les lotissements pavillonnaires qui sont " une lourde charge qui grévera durant très longtemps les finances des municipalités". Il importerait de les limiter mais le plan ne peut aller jusqu'à les interdire. Le zoning des communes prévoit des quartiers résidentiels, des quartiers d'habitation et de commerce, des quartiers industriels ordinaires et des quartiers réservés aux industries insalubres ou dangereuses (le plan Prost -devenu PARP en 1941- sera jusqu'au plans intercommunaux des années 60 le seul document opposable aux tiers)
Le plan souhaite dé-densifier la "ceinture rouge" en réduisant la hauteur possible des constructions et en déplaçant les industries. En particulier le plan constate qu'à l'Ouest il y a des industries (mécanique,automobile, aéronautique) " très gênantes pour les quartiers de Passy et d'Auteuil" et donc préconise de les supprimer. Cette préconisation sera malheureusement suivie ce qui accentuera le déséquilibre entre l'Est et l'Ouest.
Le plan prévoit au Nord Est entre Mitry et Messy une zone industrielle spéciale ou serait réinstallé les usines gênantes. En réalité l'approche de la guerre fera que les usines d'aéronautique et d’armement seront "décentralisées" vers le Sud.
Pour l'expropriation, afin de lutter contre la spéculation, le plan propose de remettre dès la publication d'un projet un bon d'expropriation aux propriétaires concernés. Ce bon porte intérêt et le montant final est payé par l'administration lors de l'expropriation effective.
Le plan propose cinq infrastructures routières nouvelles au départ de Paris. Ces voies ne sont pas forcément des autoroutes à l'allemande mais plutôt des "parkways" , des voies paysagères avec une zone non aedificandi plantée d'arbres pour cacher la banlieue avec trois chaussées: une voie rapide au centre avec de rares carrefours à niveau et deux voies latérales pour le trafic local.
- L'autoroute de L'Ouest
- Le prolongement à l'Ouest de l'axe des Champs Elysées de la Défense vers St Germain avec une branche vers Pontoise et l'autre vers Poissy
- La route du Nord desservant l'aéroport du Bourget et celui de Trappes en projet
- L'autoroute de l'Est
- L'autoroute du Sud
Il est également prévu des voies touristiques.
- De la place de la Concorde au parc de Saint Cloud par la rive gauche ( sur le chemin de fer des Invalides) puis vers Versailles par le bois de Meudon
- La route des parcs de l'Ouest: Meudon, St Cloud, Versailles, Marly, St Germain
Le plan Joyaux de 1927 prévoyait des prolongements de métro en banlieue et des jonctions souterraines des chemins de fer dans Paris. Le plan Prost se contente de reprendre les grandes lignes du projet.
Le plan ferroviaire de 1935 - indépendant du plan Prost- préfigure les lignes A et B du RER , prévoit une liaison Versailles Invalides par Montparnasse de gabarit métro et détaille 22 prolongements du métro en banlieue ( sept furent effectivement réalisés avant la guerre)
Le plan est achevé en 1934, soumis à enquête publique durant 5 ans dans les 656 communes concernées.
Les partisans du plan ( Prost, Sellier, Dausset, Sarraut) souhaitaient la création d'un autorité régionale mais les conseils généraux et les conseils municipaux feront barrage.
Le conseil général de la Seine refuse "la mutilation de ses droits" et les municipalités de banlieue s'opposent puisqu'elles" n'ont pas été suffisamment associées ".
Les zones non "affectées" sont l'objet des plus fortes critiques puisque cela porte atteinte aux droits des propriétaires. Les voies routières sont peu critiquées sauf dans la traversée du Bois de Vincennes et de la Marne par la voie Est.
Le plan est finalement approuvé en Juin 1939 et devient sous Vichy le PARP en Août 1941
Son successeur sera le PADOG de 1960
Sites et références
- Le concours de l'extension de Paris de 1919 Art et décoration 1920.
On y trouve l'idée de villes nouvelles de 25000 habitants, une spécialisation par zones, une gare centrale de RER sous les Tuileries, des lignes ferroviaires de ceinture supplémentaires, la création d'une ville universitaire dans le Sud .... - Le zoning et la législation urbaine de la région parisienne De Groer Urbanisme n°20 1933
- Le plan d'aménagement de la région parisienne. Urbanisme n°41 1935
- La planification à l'échelle de la région parisienne C Cottour
- Les plans plus récents:
- Communication sur le logement et l'aménagement de Marcel Flouret préfet de la Seine 1946
- Le PARP de 1956
- Le PADOG de 1960
- Le SDAURIF de 1965
- Le SDAURP de 1976
- Le SDRIF de 1994
- Les plans et divers travaux plus anciens
- Plan Bullet-Blondel d'embellissement de Paris 1675
- Plan en relief et mémoire Bellart-Passement 1765
- Plan des places Louis XV, Pierre Patte 1765 ( montrant les divers emplacements possibles de la statue équestre du roi mais créant aussi un "forum" aux Halles et préfigurant le Bd St Michel par transformation de la rue de la Harpe )
- Projet de Soufflot pour la transversale Est-Ouest 1755-1780
- Plan général des aménagements de Paris, Charles de Wailly 1789 ( outre de nombreuses avenues à l'Ouest dans des espaces non bâtis, il propose de réunir l’île de la Cité et l’île Saint Louis et de transférer l'Hotel Dieu dans l’île des cygnes)
- Le plan de la commission des artistes. 1793 (dressé à l'occasion de la vente des biens nationaux pour que le tracé des voies futures soit réservé sur l'acte de vente)
- Les mémoires d’Haussmann ( des réalisations, pas un plan bien sur )
- Proposition de loi Siegfried 1908
- Commission d'extension de Paris. Dausset 1912-1913
- Concours pour l'extension de Paris 1919
- Le plan Voisin. Le Corbusier 1925