Le CNIT et la Canopée sont tous deux des bâtiments de prestige caractéristiques de leurs époques respectives: 1958 et 2016.
Ils ont tous deux une forme géométrique simple pour l’œil et sont essentiellement des "toits" abritant des fonctions commerciales.
Les bâtiments résultants sont hybrides car le toit et le centre commercial qu'il abrite ont été construits à plus de 30 ans d'intervalle (le CNIT est un hall d'exposition devenu un centre commercial en 1989 et la Canopée abrite le Forum inauguré en 79)
Les constructeurs de machines outils (1), avec à leur tête Emanuel Pouvreau, voudraient un hall d'exposition permanent convenable.
On choisit la Défense, rond point portant la statue de "la défense de Paris"en 1870 par Barrias et dont les terrains environnant sont seulement occupés par des pavillons et des ateliers.
Avant guerre on avait déjà fait pour le site de nombreux projets pour prolonger la "voie triomphale". C'est Claudius Petit, alors ministre de la reconstruction, qui souhaite les concrétiser enfin..
Le programme évolue en un "centre permanent de l'industrie française" et un hall "d'expositions multiples de dimensions variables". En 1954 se forme la société anonyme du Centre National des Industries et Techniques: le CNIT est né. Ce sont les grands industriels de l'époque et la Caisse des Dépots qui vont financer le projet.
Depuis 1950 Camelot, de Mailly et Zehrfuss travaillent sur le projet. En 1953 le programme comporte deux bâtiments de 30 000 m² de part et d'autre d'un parvis. L'un est destiné aux congrès et aux petites expositions avec une salle de 3000 places et des restaurants, l'autre, dont la forme triangulaire est imposée par les voies existantes, présente sur 3 niveaux d'exposition (30 000, 26 000, 10 000 m²) et deviendra le CNIT.
C'est le coup de crayon de Demailly qui crée la voûte triangulaire de 220 m de portée. A l'époque la solution technique n'a rien d'évident et on se tourne vers L Nervi auteur des voutes du palais des expositions de Turin qui imagine une voûte de béton couverte de coques en métal, mais aussi vers E Freyssinet, père du précontraint et auteur en 1924 des hangars à dirigeables à voutes paraboliques d'Orly, qui propose une coupole de béton précontraint .soutenue par des poteaux. Ce seront finalement les entreprises de construction qui décideront de la solution. Five Lille Swartz Haumont propose une voûte métallique(2) . N Esquillan directeur technique de Boussiron propose une double coque de béton armée formée de 16 fuseaux accolés (3). La voûte métallique est finalement écartée pour de raisons de sécurité incendie et d'isolation.
G Lacombe de l'entreprise Coignet conçoit alors les planchers intermediaires supportés par des caissons triangulaires de 6m de coté avec des poteaux tous les 18 m.
J Prouvé propose pour les façades un système de vitres montées sur pivot pour permettre le nettoyage par l'intérieur.
Le flambage est étudié avec les moyens de l'époque: des essais sur des cylindres d'abord en bristol, puis en acier et enfin en béton. La voûte est aussi essayée en soufflerie dans la soufflerie Eiffel construite en 1912 rue Boileau à Auteuil.
La construction s'engage en 1956, En 1957 les culées sont établies et on les relie par précaution par des tirants métalliques . Le 13 septembre 1958 c'est l'inauguration, le général de Gaulle déclare "Le CNIT constitue le plus magnifique acte de foi collectifs de nos milieux industriels dans l'avenir de la France et de la volonté française"
Mecanelec est l'exposition inaugurale en octobre 1958. Ce sera enuite le SICOB, les Floralies, Electrarama , le salon nautique...
Les débuts du CNIT sont entachés par deux problèmes: l'insuffisance du stationnement et des transports en commun.
En 1970 le RER A atteint la Défense et un établissement public l'EPAD s'occupe du développement du quartier. Les tours jaillissent et l'EPAD est plus intéressé par la construction de la dalle (qui enterrera le bâtiment sur un tiers de sa hauteur), puis par le centre commercial (qui deviendra les Quatre Temps), que par le CNIT.
C Pellerin, à la tête de la SARI, "s'intéresse" à l'avenir du CNIT toujours dirigé par un conseil d'industriels qui ne croient plus guère en leur avenir. Dès 1981 des plans de reconversion sont proposés.En 1985 la SARI lance une OPA sur la socièté du CNIT. Le bâtiment va devenir un centre d'affaires, un Infomart, en 1989. Cette première restructuration amène la construction d'immeubles sous la voûte destinés à être occupés par des sociétés d' informatique, la création de 3 amphithéâtres et de deux halls d'exposition en sous sol de 8400 m² et 10000 m2.
L'Infomart fera long feu et le nouveau propriétaire Unibail Rodamco (4) (que nous retrouverons à la Canopée) décide une nouvelle restructuration en 2009. Le coté positif est le dégagement du bâtiment par démolition partielle de la dalle qui l'enserrait et la création d'une liaison directe avec la salle des échanges du RER. Les immeubles de bureaux sont conservés mais un peu écartés de la voûte. Le CNIT est aujourd'hui un centre commercial parmi d'autres avec des bureaux et un hotel.
L'aspect extérieur a été a peu près préservé bien que le bâtiment ait été "enterré" par la création de la dalle. A l'intérieur on se demande pourquoi cette structure abrite des immeubles banals.
Le bâtiment est solide puisque l'on peut y construire aujourd'hui en sous-oeuvre la future gare du RER E
L'ancêtre du CNIT est le Grand Palais éclairé verticalement par une splendide verrière en forme de baignoire renversée, forme qui permet l'écoulement naturel de l'eau de pluie.
Le CNIT adopte le parti de l'éclairage horizontal par ses 3 cotés et simplifie radicalement les problèmes d'étanchéité grace à son toit nervuré en béton.
La Canopée accumule les problèmes: l'éclairage est vertical, sa forme ne permet pas un écoulement naturel de l'eau, les ventelles doivent être étanches à l'eau mais pas à l'air.
Le résultat est un édifice non étanche, d'une difficulté de maintenance évidente.
Les concepteurs ont vanté à l'origine leur ingéniosité avec un double système de gouttières permettant de récupérer l'eau en surplus au bas des ventelles, pour s'apercevoir finalement que tout cela fuyait et qu'il faudrait "des travaux complémentaires" (tout en affirmant sans craindre le ridicule que ceux-ci "étaient prévus dès l'origine").
La forme de la canopée ne permet pas un écoulement uniforme sur l'ensemble du toit, la couleur jaunâtre de l'ensemble va devenir de plus en plus sombre avec des endroits ou la poussière s'accumulera.
Comparons la difficulté du nettoyage ou du remplacement d'une vitre de la verrière du Grand Palais et de la Canopée. Dans le vieux bâtiment on a une verrière de forme régulière formée de petits éléments rectangulaires avec des échelles d'accès. Dans la canopée on a une forme de détails complexes avec de grands éléments de forme non régulière; l'accès pour remplacement ne peut se faire que par le sol (13).
L'opposition de l'époque est surtout due à l'absence de plan d'ensemble d'aménagement de la Défense et au regret de voir un bâtiment commercial privé s'élever là ou Paul Claudel voulait un monument aux morts de 14-18, "un arc de triomphe faisant pendant à celui de l'Etoile".
La forme choisie pour le bâtiment ne suscite pas par elle même de critique
La canopée a suscité quelques doutes lors de sa construction, le projet s'est vu décerné le prix Gerard 2013 pour " l’architecte qui te chiade une superbe perspective que je te dis pas comment elle chie la classe pour le concours, mais une fois que tu vois le projet pour de vrai aujourd’hui, tu te demandes s’il se serait pas un peu foutu de ta gueule par hasard".
A son inauguration récente la majorité de la presse française a bravement repris les communiqués de presse de la mairie parlant "d'une immense feuille translucide ondoyant à la hauteur de la cime des arbres du jardin", la presse étrangère fut beaucoup moins tendre, le Guardian parlant de "fiasco de couleur crème anglaise".
Le résultat est artificiel: c'est un peu le négatif du Casino Venetian de Las Vegas ou un bâtiment standard abrite la reproduction colorée d'un canal Vénitien. Au CNIT un bâtiment exceptionnel abrite des bâtiments quelconques.
Dans le cas de la Canopée, la fonction reste identique: c'est un centre commercial qui doit être agrandi par la Canopée.
Force est de constater qu'il a fallu faire face au même probléme que lors la construction des parapluies de Willerval: un programme trop chargé . L'épure des parapluies donnait une impression de légèreté mais le programme fut tellement chargé que la structure en devint peu lisible.
Pour la Canopée la solution adoptée fut différente: supprimer des équipements publics et augmenter la hauteur du bâtiment. On a ainsi pu évacuer les équipements publics au 1er étage en supprimant l'auditorium et même les toilettes publiques.
Le centre commercial étant rénové, il n'existe pas de différence "d'époque " visible entre la Canopée et le centre commercial. On constate simplement que ces deux parties "s’emboîtent" assez mal en laissant des espaces inutilisables.
"Tout projet d'une construction plus difficile ou plus compliqué qu'il n'est nécessaire est ou mauvais ou médiocre" (16), ce précepte d'un maître du XIX e siècle est totalement nié aujourd'hui.
Le CNIT représentait à son époque une prouesse justifiée. Sa structure était novatrice mais il utilisait des moyens simples pour assurer correctement sa fonction.
La Canopée a une forme antimécanique et utilise des moyens compliqués pour mal assurer sa fonction.
Le CNIT était le symbole du XX e siècle, l'age du béton, la Canopée rappelle plutôt les grands bâtiments métalliques du XIX e siècle sans en avoir la simplicité structurelle.
Ils ont tous deux une forme géométrique simple pour l’œil et sont essentiellement des "toits" abritant des fonctions commerciales.
Les bâtiments résultants sont hybrides car le toit et le centre commercial qu'il abrite ont été construits à plus de 30 ans d'intervalle (le CNIT est un hall d'exposition devenu un centre commercial en 1989 et la Canopée abrite le Forum inauguré en 79)
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Le site de la Défense en 1950. Le Cnit sera implanté à droite en haut de la photo, essentiellement sur les terrains de l'ancienne usine Zodiac. |
Esquisse de 1954 du projet |
Proposition de structure en treillis soutenue par 3 poutres principales |
Essai de la maquette à la soufflerie Eiffel d'Auteuil. Les ventelles de la Canopée feront aussi l'objet d'études en soufflerie mais pas à ma connaissance le confort de ses occupants |
Maquette du CNIT en 1956 |
Coupe montrant les quatre niveaux |
Le CNIT en construction au milieu des pavillons |
Le CNIT au temps du premier SICOB |
En juillet 1967 Paris Match propose de découvrir Paris dans 20 ans. La Défense est en couverture |
L'infomart vue de l'entrée du CNIT. Notez le flamboyant panneau SARI |
Atrium de l'Infomart. L'infomart était formé de deux immeubles courbes donnant sur un atrium intérieur avec des coursives continues |
Les parapluies de Willerval avaient au niveau du projet une certaine légèreté. On les a malheureusement "bourrés" de commerces et d'équipements enlevant tout lisibilité à leur structure |
En 1972, dans le premier projet Vasconi,l'escalier débouchait sur le jardin. Il a été construit en direction Nord Sud et ne desservait pas le jardin. |
Le Forum avant la construction des "parapluies" La station de RER a été inaugurée fin 1977, le Forum en 1979 |
L'ensemble un peu fouillis des parapluies et du Forum L'ensemble fut terminé en 1983-1984 |
La place basse. Les liaisons vers le jardin avaient été fermées à la demande de l'exploitant du centre commercial pour des motifs de sécurité. Dans la Canopée un grand escalator assure la liaison vers le jardin. |
La place basse avait une certaine classe |
L'escalator Lescot permettait une liaison directe entre le niveau -3 et la surface. Il a été remplacé aujourd'hui par un parcours "touristique" de 3 escalators successifs dans le centre commercial. Avant le projet de rénovation Unibail avait déposé un permis de construire pour supprimer cet escalier (qui enlevait de la clientèle potentielle au forum? ) |
Le plan du jardin Arretche Lalanne Notez l'orientation parallèle à une diagonale des serres et de l'allée vers la place R Cassin qui complique le plan. mais permettait des "points de vue" plus dégagés. Le jardin sera ouvert en plusieurs phases de 1983 à 1986. |
La diagonale de l'ancien jardin |
Les serres enterrées supprimées dans le nouveau jardin |
Sur la plaquette officielle les deux jardins sont présentés cote à cote ce qui évite de montrer que la surface du jardin a été diminuée par La Canopée. Notez les nuances grises affectées à l'ancien jardin alors que le nouveau est agrémenté de couleurs claires. |
Image de synthèse "améliorée" du nouveau jardin. Les reproches au jardin Arretche était d'avoir des pelouses inaccessibles au promeneur et son manque de "lisibilité". Le nouveau jardin est divisé en carrés irréguliers avec une résille béton pour résister au piétinement, des barrières basses pour les zones inaccessibles et des mats noirs inesthétiques. La place R Cassin est réduite à sa plus simple expression. |
Vu du haut du toit de la Bourse du commerce la jardin inachevé ressemble à une mosaïque de jardins ouvriers. |
L'auditorium prévu dans le premier projet sde la Canopée sera sacrifié au profit des commerces. Les équipements publics seront relégués au 1er étage. |
Une comparaison des coupes de l'ancien Forum et de la Canopée montre à l'évidence que l'opération n'a servi qu’a accroître la surface commerciale en édifiant un bâtiment de surface plus grand et en supprimant la voirie souterraine |
Seule confrontation heureuse: les lignes du gothique et la structure en échelle de la Canopée. |
La Galerie des Machines de l'exposition de 1889 en construction. Un petit air de Canopée ? Construite en 2 ans, d'une largeur de 115m et d'une longueur de 420m, elle représentait 7500 tonnes d'acier. La Canopée mesure environ 140m x 100m et représente 7000 tonnes d'acier; elle représente donc le tiers de la Galerie des Machines mais utilise autant d'acier qu'elle. |
La Tour Eiffel fut aussi bâtie en 2 ans. Elle a employé 7500 tonnes d'acier et coûta 6 millions de francs , dont 4,5 MF pour la société Eiffel et 1,5MF de subvention. En échange de son apport Eiffel obtenait une convention d'exploitation de 20 ans, la propriété de la tour devant ensuite revenir à la ville. Pour la Canopée le coût est de 250M€ et on vend les commerces pour 50M€. Le bilan officiel du reste de l'opération est encore plus désastreux pour la ville et les parisiens: 1 Milliard € alors qu'Unibail a versé 238 M€ pour obtenir la propriété du centre commercial. |
Histoire du CNIT
En 1950 la galerie des machines de l'exposition de 1889 avait été détruite, le grand Palais servait aux salons de l'aviation et de l'automobile et le Parc des Expositions de la Porte de Versailles à la foire de Paris et aux Arts Ménagers.Les constructeurs de machines outils (1), avec à leur tête Emanuel Pouvreau, voudraient un hall d'exposition permanent convenable.
On choisit la Défense, rond point portant la statue de "la défense de Paris"en 1870 par Barrias et dont les terrains environnant sont seulement occupés par des pavillons et des ateliers.
Avant guerre on avait déjà fait pour le site de nombreux projets pour prolonger la "voie triomphale". C'est Claudius Petit, alors ministre de la reconstruction, qui souhaite les concrétiser enfin..
Le programme évolue en un "centre permanent de l'industrie française" et un hall "d'expositions multiples de dimensions variables". En 1954 se forme la société anonyme du Centre National des Industries et Techniques: le CNIT est né. Ce sont les grands industriels de l'époque et la Caisse des Dépots qui vont financer le projet.
Depuis 1950 Camelot, de Mailly et Zehrfuss travaillent sur le projet. En 1953 le programme comporte deux bâtiments de 30 000 m² de part et d'autre d'un parvis. L'un est destiné aux congrès et aux petites expositions avec une salle de 3000 places et des restaurants, l'autre, dont la forme triangulaire est imposée par les voies existantes, présente sur 3 niveaux d'exposition (30 000, 26 000, 10 000 m²) et deviendra le CNIT.
C'est le coup de crayon de Demailly qui crée la voûte triangulaire de 220 m de portée. A l'époque la solution technique n'a rien d'évident et on se tourne vers L Nervi auteur des voutes du palais des expositions de Turin qui imagine une voûte de béton couverte de coques en métal, mais aussi vers E Freyssinet, père du précontraint et auteur en 1924 des hangars à dirigeables à voutes paraboliques d'Orly, qui propose une coupole de béton précontraint .soutenue par des poteaux. Ce seront finalement les entreprises de construction qui décideront de la solution. Five Lille Swartz Haumont propose une voûte métallique(2) . N Esquillan directeur technique de Boussiron propose une double coque de béton armée formée de 16 fuseaux accolés (3). La voûte métallique est finalement écartée pour de raisons de sécurité incendie et d'isolation.
G Lacombe de l'entreprise Coignet conçoit alors les planchers intermediaires supportés par des caissons triangulaires de 6m de coté avec des poteaux tous les 18 m.
J Prouvé propose pour les façades un système de vitres montées sur pivot pour permettre le nettoyage par l'intérieur.
Le flambage est étudié avec les moyens de l'époque: des essais sur des cylindres d'abord en bristol, puis en acier et enfin en béton. La voûte est aussi essayée en soufflerie dans la soufflerie Eiffel construite en 1912 rue Boileau à Auteuil.
La construction s'engage en 1956, En 1957 les culées sont établies et on les relie par précaution par des tirants métalliques . Le 13 septembre 1958 c'est l'inauguration, le général de Gaulle déclare "Le CNIT constitue le plus magnifique acte de foi collectifs de nos milieux industriels dans l'avenir de la France et de la volonté française"
Mecanelec est l'exposition inaugurale en octobre 1958. Ce sera enuite le SICOB, les Floralies, Electrarama , le salon nautique...
Les débuts du CNIT sont entachés par deux problèmes: l'insuffisance du stationnement et des transports en commun.
En 1970 le RER A atteint la Défense et un établissement public l'EPAD s'occupe du développement du quartier. Les tours jaillissent et l'EPAD est plus intéressé par la construction de la dalle (qui enterrera le bâtiment sur un tiers de sa hauteur), puis par le centre commercial (qui deviendra les Quatre Temps), que par le CNIT.
C Pellerin, à la tête de la SARI, "s'intéresse" à l'avenir du CNIT toujours dirigé par un conseil d'industriels qui ne croient plus guère en leur avenir. Dès 1981 des plans de reconversion sont proposés.En 1985 la SARI lance une OPA sur la socièté du CNIT. Le bâtiment va devenir un centre d'affaires, un Infomart, en 1989. Cette première restructuration amène la construction d'immeubles sous la voûte destinés à être occupés par des sociétés d' informatique, la création de 3 amphithéâtres et de deux halls d'exposition en sous sol de 8400 m² et 10000 m2.
L'Infomart fera long feu et le nouveau propriétaire Unibail Rodamco (4) (que nous retrouverons à la Canopée) décide une nouvelle restructuration en 2009. Le coté positif est le dégagement du bâtiment par démolition partielle de la dalle qui l'enserrait et la création d'une liaison directe avec la salle des échanges du RER. Les immeubles de bureaux sont conservés mais un peu écartés de la voûte. Le CNIT est aujourd'hui un centre commercial parmi d'autres avec des bureaux et un hotel.
L'aspect extérieur a été a peu près préservé bien que le bâtiment ait été "enterré" par la création de la dalle. A l'intérieur on se demande pourquoi cette structure abrite des immeubles banals.
Le bâtiment est solide puisque l'on peut y construire aujourd'hui en sous-oeuvre la future gare du RER E
La Canopée des Halles
Les Halles en 1900, en 1950, en 1970 font l'objet d'autres articles ainsi que le projet actuel, dont fait partie la Canopée, ainsi que l'étude de son coût.
Dans les années 80, après le scandale du "trou des Halles", la réussite évidente du projet était la création de gare du RER. Le centre commercial avait un rayonnement régional et les quelques équipements publics n'avaient qu'un intérêt local du fait de la suppression des grands équipements prévus à l'origine du projet.
Le jardin d'Arretche et Lalanne était un peu brouillon, trop complexe pour une si petite surface. Les serres occupaient une place considérable du jardin tout en étant difficilement visibles. Le jardin d’aventures suscitait un réel engouement des plus jeunes. La circulation en diagonale vers St Eustache "butait" sur le Novotel, puis sur la trémie de la voirie souterraine, de ce fait la continuité vers la rue des Halles était mal assurée et aucune vue de St Eustache n'était possible depuis la rue des Halles.
Les parapluies de Willerval qui entouraient le trou du Forum auraient eu meilleure mine si on ne leur avait demandé d'abriter des tas de choses disparates qui débordaient de leur structure. L’intérêt premier, l'élancement, était complètement gâché. De plus les parapluies vieillissaient mal.
Dès 2002, le maire B Delanoë, épaulé de sa première adjointe A Hidalgo, fait entreprendre des études pour rénover la rénovation de l'ère Chirac. En 2004 on lance un concours d'architecture et le maire sélectionne le projet Mangin pour le parti pris du jardin et la coordination. Le maire veut "un grand geste architectural" et c'est en 2007 Berger et Anzuitti qui emportent le projet de la Canopée. 2010 voit le début du chantier.
Si on se fie aux concours, deux choses importaient: le jardin et la Canopée; le reste - réaménagement de la gare RER , suppression des voiries souterraines, extension de la surface commerciale - relevait de mesures "d'accompagnement". Autrement dit priorité à ce qui se voit de la surface.
Je pense au contraire que ce qui importait le plus aux parisiens et aux banlieusards était la réorganisation de la gare souterraine.
Le Forum reçoit 38 millions de visiteurs par an, c'est le plus rentable des centres commerciaux français (5). La logique des centres commerciaux veut que l'on doit rénover et grandir au bout d'une vingtaine d'années ou périr. Le locataire, Unibail Rodamco était donc demandeur de rénovation et d'extension dès 2000 et aurait du participer massivement au financement du projet. (6)
Au lieu de négocier avec Unibail dès le lancement du projet en 2002, ce n'est qu'en 2008 , alors que l'aspect du projet a connu un fort battage médiatique, que la mairie négocie avec Unibail qui se pose alors en locataire malheureux contraint d'accepter des travaux imposés par son propriétaire. A cause de cette incroyable erreur de la mairie Unibail va imposer ses conditions tant au niveau programme qu'au niveau financier.
C'est en vérité le contribuable parisien qui assumera le milliard d'euros nécessaire (dont 250 M€ environ pour la Canopée) alors qu'il n'y a dans l'opération que 1050 m² d'équipements publics supplémentaires mais 20 000 m² nouveaux pour les commerces (7). Unibail reçoit même en cadeau la propriété du centre pour un prix d'ami avec des facilités de paiement (voir l'article nos chères Halles).
La forme de la Canopée est "celle d'une feuille ondoyante d'inspiration végétale", elle est malheureusement parfaitement anti mécanique.
La structure de la canopée est formée de caissons périphériques et de 15 ventelles métalliques translucides d'une portée maximale de 90 m soit 7000 t d'acier et 14 000 m² de vitrage. Deux passerelles Est Ouest bordent l'intérieur de la structure.(8)
Pour Vitruve un bâtiment devait présenter trois qualités: firmitas, utilitas et venustas autrement dit il doit être fort (pérenne), utile et beau.
Le jardin d'Arretche et Lalanne était un peu brouillon, trop complexe pour une si petite surface. Les serres occupaient une place considérable du jardin tout en étant difficilement visibles. Le jardin d’aventures suscitait un réel engouement des plus jeunes. La circulation en diagonale vers St Eustache "butait" sur le Novotel, puis sur la trémie de la voirie souterraine, de ce fait la continuité vers la rue des Halles était mal assurée et aucune vue de St Eustache n'était possible depuis la rue des Halles.
Les parapluies de Willerval qui entouraient le trou du Forum auraient eu meilleure mine si on ne leur avait demandé d'abriter des tas de choses disparates qui débordaient de leur structure. L’intérêt premier, l'élancement, était complètement gâché. De plus les parapluies vieillissaient mal.
Dès 2002, le maire B Delanoë, épaulé de sa première adjointe A Hidalgo, fait entreprendre des études pour rénover la rénovation de l'ère Chirac. En 2004 on lance un concours d'architecture et le maire sélectionne le projet Mangin pour le parti pris du jardin et la coordination. Le maire veut "un grand geste architectural" et c'est en 2007 Berger et Anzuitti qui emportent le projet de la Canopée. 2010 voit le début du chantier.
Si on se fie aux concours, deux choses importaient: le jardin et la Canopée; le reste - réaménagement de la gare RER , suppression des voiries souterraines, extension de la surface commerciale - relevait de mesures "d'accompagnement". Autrement dit priorité à ce qui se voit de la surface.
Je pense au contraire que ce qui importait le plus aux parisiens et aux banlieusards était la réorganisation de la gare souterraine.
Le Forum reçoit 38 millions de visiteurs par an, c'est le plus rentable des centres commerciaux français (5). La logique des centres commerciaux veut que l'on doit rénover et grandir au bout d'une vingtaine d'années ou périr. Le locataire, Unibail Rodamco était donc demandeur de rénovation et d'extension dès 2000 et aurait du participer massivement au financement du projet. (6)
Au lieu de négocier avec Unibail dès le lancement du projet en 2002, ce n'est qu'en 2008 , alors que l'aspect du projet a connu un fort battage médiatique, que la mairie négocie avec Unibail qui se pose alors en locataire malheureux contraint d'accepter des travaux imposés par son propriétaire. A cause de cette incroyable erreur de la mairie Unibail va imposer ses conditions tant au niveau programme qu'au niveau financier.
C'est en vérité le contribuable parisien qui assumera le milliard d'euros nécessaire (dont 250 M€ environ pour la Canopée) alors qu'il n'y a dans l'opération que 1050 m² d'équipements publics supplémentaires mais 20 000 m² nouveaux pour les commerces (7). Unibail reçoit même en cadeau la propriété du centre pour un prix d'ami avec des facilités de paiement (voir l'article nos chères Halles).
La forme de la Canopée est "celle d'une feuille ondoyante d'inspiration végétale", elle est malheureusement parfaitement anti mécanique.
La structure de la canopée est formée de caissons périphériques et de 15 ventelles métalliques translucides d'une portée maximale de 90 m soit 7000 t d'acier et 14 000 m² de vitrage. Deux passerelles Est Ouest bordent l'intérieur de la structure.(8)
Petit tour des propriétaires
Le CNIT a donc pour propriétaire initial une société anonyme dont les actionnaires sont des industriels. En 1985 la SARI, dont le PDG est Christian Pellerin, lance une OPA sur cette société.
Il faut rappeler que la Compagnie Générale des eaux, dirigée par G Dejouany, était l'actionnaire de 3 promoteurs immobiliers: maisons Phénix, SARI, SEERI. Tout s'est bien passé à la Défense pour la SARI jusqu’aux années 90 en jouant de l'opposition entre les cabinets ministériels socialistes et les barons RPR locaux dont C Pasqua. Les mises en cause judiciaires de la SARI finissent par effrayer les banques et oblige la CGE à reprendre le CNIT. La société essaye sans succès en 1993 de revendre le bâtiment au Conseil général. A l'arrivée de J M Messier en 1994 à la tête de la CGE, celui-ci tente d'y voir clair dans le patrimoine immobilier de l'entreprise. Il rachète pour cela un petit promoteur - Georges V - qui va piloter le regroupement des activités immobilières au sein d'une société unique (CGIS) mettant ainsi au placard Christian Pellerin. J2M (ainsi que l'on appelait alors J M Messier) veut ensuite se débarrasser du patrimoine immobilier et donc de la CGIS (10). Unibail (4), soutenu par la banque Worms, est à l'époque le groupe qui monte dans le domaine des centres commerciaux. C'est à ce groupe que la CGE devenue Vivendi, vend globalement en 1999 le CNIT, la tour Ariane et le Carrousel du Louvre pour 915M€. CNIT SA sera absorbée directement par UNIBAIL en 2000 (et la même année UNIBAIL prendra le contrôle de Paris Expo (la société d'exploitation du parc des expositions de la porte de Versailles))
En 1973 SERETE aménagement (11) est retenue pour la conception du Forum. Elle deviendra ensuite Espace Expansion (SEE) et sera absorbée en 1995 par UNIBAIL. La Socièté Civile du forum (SCFHP) possédait elle un bail à construction expirant le 31 décembre 2055. Elle a connu de nombreux actionnaires: Nippon Life avait brièvement acheté 1/3 des actions en 1989 mais c'est UNIBAIL qui rachètera 70% pour 720 M de francs en 1995 (essentiellement au Crédit Lyonnais et à Nippon Life), le reste étant dévolu à AXA. Les nouveaux actionnaires entreprennent alors une rénovation de l'aspect du centre mais sont aussi demandeurs d'une rénovation plus globale et de 15 000 m² de commerces en surface.
Il faut rappeler que la Compagnie Générale des eaux, dirigée par G Dejouany, était l'actionnaire de 3 promoteurs immobiliers: maisons Phénix, SARI, SEERI. Tout s'est bien passé à la Défense pour la SARI jusqu’aux années 90 en jouant de l'opposition entre les cabinets ministériels socialistes et les barons RPR locaux dont C Pasqua. Les mises en cause judiciaires de la SARI finissent par effrayer les banques et oblige la CGE à reprendre le CNIT. La société essaye sans succès en 1993 de revendre le bâtiment au Conseil général. A l'arrivée de J M Messier en 1994 à la tête de la CGE, celui-ci tente d'y voir clair dans le patrimoine immobilier de l'entreprise. Il rachète pour cela un petit promoteur - Georges V - qui va piloter le regroupement des activités immobilières au sein d'une société unique (CGIS) mettant ainsi au placard Christian Pellerin. J2M (ainsi que l'on appelait alors J M Messier) veut ensuite se débarrasser du patrimoine immobilier et donc de la CGIS (10). Unibail (4), soutenu par la banque Worms, est à l'époque le groupe qui monte dans le domaine des centres commerciaux. C'est à ce groupe que la CGE devenue Vivendi, vend globalement en 1999 le CNIT, la tour Ariane et le Carrousel du Louvre pour 915M€. CNIT SA sera absorbée directement par UNIBAIL en 2000 (et la même année UNIBAIL prendra le contrôle de Paris Expo (la société d'exploitation du parc des expositions de la porte de Versailles))
En 1973 SERETE aménagement (11) est retenue pour la conception du Forum. Elle deviendra ensuite Espace Expansion (SEE) et sera absorbée en 1995 par UNIBAIL. La Socièté Civile du forum (SCFHP) possédait elle un bail à construction expirant le 31 décembre 2055. Elle a connu de nombreux actionnaires: Nippon Life avait brièvement acheté 1/3 des actions en 1989 mais c'est UNIBAIL qui rachètera 70% pour 720 M de francs en 1995 (essentiellement au Crédit Lyonnais et à Nippon Life), le reste étant dévolu à AXA. Les nouveaux actionnaires entreprennent alors une rénovation de l'aspect du centre mais sont aussi demandeurs d'une rénovation plus globale et de 15 000 m² de commerces en surface.
Avec la rénovation actuelle la mairie vend le Forum (la SCFHP n'avait qu'un bail) 238 M € perdant ainsi 1,8 M€ de redevance par an (soit 81M€ sur la durée du bail). Elle assurera aussi une participation à l'entretien et aux servitudes des circulations du centre estimée en 2009 de 1,5M à 2,5M€ par an et a racheté en outre des baux pour 82,5 M €.
La Canopée comporte 6100m² de commerces et 7000 m² d'équipements publics, la ville vend les commerces 51 M€ alors que le bâtiment a couté 250M€ (12).
La Canopée comporte 6100m² de commerces et 7000 m² d'équipements publics, la ville vend les commerces 51 M€ alors que le bâtiment a couté 250M€ (12).
Firmitas, utilitas et venustas
Pour Vitruve un bâtiment devait présenter trois qualités: firmitas, utilitas et venustas autrement dit il doit être fort (pérenne), utile et beau.
Firmitas ( durabilité)
Structure
Si le CNIT est du au coup de crayon de Demailly, la forme définitive a été calculée pour minimiser les contraintes. Malgré l'adoption de solutions constructives nouvelles, 60 ans après la structure en béton ne présente pas de défaut: elle travaille naturellement en compression comme toutes les voûtes.
La forme de la canopée est elle aussi du à un coup de crayon (ou plutôt à des coups de souris). Elle s'est imposée telle quel aux constructeurs alors qu'elle était anti-mécanique au possible, imposant une structure travaillant suivant ses parties à la compression, en traction ou à la flexion. La solution métallique avait été écartée au CNIT pour des problèmes de sécurité incendie et d'isolation, mais dans le cas de la canopée la seule solution possible était une structure métallique massive. La seule façon de rendre la structure capable de résister à un incendie était alors de la rendre perméable à l'air, autrement dit d'y faire des trous permanents.
La solution retenue sont des poutres échelles incurvées vers le bas, appelées ventelles, reliées par des biellettes et s'appuyant sur des contreforts massifs abritant les commerces et équipements nouveaux .
Tout cela aurait probablement été très difficile à modéliser au temps du CNIT mais ne pose pas trop de difficultés aux logiciels 3D modernes (8).
Si on a fait des progrès en conception, on en a guère fait en maintenance et celles des bâtiments métalliques est toujours délicate.
Eclairage et étanchéité
L'éclairage horizontal - par des fenêtres dans un bâtiment courant- est toujours préférable à l'éclairage vertical -par des lanternes de toitures ou des verrières- pour la simplicité de la construction. L'éclairage vertical pose toujours des problèmes d'étanchéité, impose un système de gouttières complexe et rend coûteuse la maintenance du bâtiment.L'ancêtre du CNIT est le Grand Palais éclairé verticalement par une splendide verrière en forme de baignoire renversée, forme qui permet l'écoulement naturel de l'eau de pluie.
Le CNIT adopte le parti de l'éclairage horizontal par ses 3 cotés et simplifie radicalement les problèmes d'étanchéité grace à son toit nervuré en béton.
La Canopée accumule les problèmes: l'éclairage est vertical, sa forme ne permet pas un écoulement naturel de l'eau, les ventelles doivent être étanches à l'eau mais pas à l'air.
Le résultat est un édifice non étanche, d'une difficulté de maintenance évidente.
Les concepteurs ont vanté à l'origine leur ingéniosité avec un double système de gouttières permettant de récupérer l'eau en surplus au bas des ventelles, pour s'apercevoir finalement que tout cela fuyait et qu'il faudrait "des travaux complémentaires" (tout en affirmant sans craindre le ridicule que ceux-ci "étaient prévus dès l'origine").
La forme de la canopée ne permet pas un écoulement uniforme sur l'ensemble du toit, la couleur jaunâtre de l'ensemble va devenir de plus en plus sombre avec des endroits ou la poussière s'accumulera.
Comparons la difficulté du nettoyage ou du remplacement d'une vitre de la verrière du Grand Palais et de la Canopée. Dans le vieux bâtiment on a une verrière de forme régulière formée de petits éléments rectangulaires avec des échelles d'accès. Dans la canopée on a une forme de détails complexes avec de grands éléments de forme non régulière; l'accès pour remplacement ne peut se faire que par le sol (13).
Utilitas (utilité)
Dans le cas du CNIT comme dans celui de la Canopée l'utilité n'est pas évidente pour des raisons diamétralement opposées.
Le CNIT assurait parfaitement sa fonction de hall d'exposition Il n'apporte aujourd'hui que du "pittoresque" au centre commercial qu'il abrite.
Le forum avait été conçu autour d'une cour ouverte apportant l'éclairage aux niveaux inférieurs du centre commercial. Recouvrir la cour d'un toit n'est d'aucune utilité puisque le centre commercial est "fermé". Il est d'ailleurs heureux que cette fonction de toit soit inutile car elle est mal assurée: il fuit.
L'espace intérieur de la Canopée semble d'ailleurs un merveilleux accélérateur de courants d'air : ce sera à vérifier cet hiver.
L'espace intérieur de la Canopée semble d'ailleurs un merveilleux accélérateur de courants d'air : ce sera à vérifier cet hiver.
La seule utilité de la Canopée a été de permettre des mètres carrés commerciaux supplémentaires, de servir d'alibi pour grignoter un peu le jardin et détruire la voirie souterraine et des parkings.
Notons à propos de la voirie souterraine supprimée qu'elle était un élément de la sécurité incendie du centre commercial car c'est par elle que devait accéder le matériel des pompiers.
Une autre utilité de la Canopée est de servir de sorties à la gare souterraine. Sur ce plan la situation actuelle est catastrophique par rapport à l'ancienne. Les concepteurs des années 70 avaient bien noté que le flux principal venant de la gare RER serait la porte Lescot. Il avait donc prévu deux systèmes d'escalators. Un "omnibus" demandant un changement à tous les étages pour les flâneurs du centre commercial et un direct menant de la gare à la surface. Ce dernier est supprimé au profit d'un omnibus obligeant tous les usagers à "flâner" dans le centre commercial. On a tout de même prévu un nouvel escalator vers la place Marguerite de Navarre qui conduira directement à la surface du coté de la rue de Rivoli et de la Samaritaine " rénovée" (14). Le point faible du dispositif initial: l'absence de sortie directe coté Beaubourg n'a évidemment pas été traité.
Une utilité secondaire de la Canopée est de permettre un accès facile du centre commercial ou de la gare vers le jardin.Cette fonction est bien assurée par deux escalators directs. L'ancien Forum n'offrait pas cette possibilité. L'escalier de la place basse assurait l'accès sur les premiers projets de Vasconi mais la réorientation de cet escalier Nord Sud le rendait quasi inutile. Le centre possédaient à l'origine des accès au jardin mais ceux ci ont été fermés à la demande du centre commercial qui voyait s'installer des sans abris dans les passages.
Ceci nous amène à une autre utilité possible: la sécurité du centre, en particulier la nuit. La Canopée, grand espace ouvert, assure beaucoup plus mal cette fonction que l'ancien Forum.
Notons à propos de la voirie souterraine supprimée qu'elle était un élément de la sécurité incendie du centre commercial car c'est par elle que devait accéder le matériel des pompiers.
Une autre utilité de la Canopée est de servir de sorties à la gare souterraine. Sur ce plan la situation actuelle est catastrophique par rapport à l'ancienne. Les concepteurs des années 70 avaient bien noté que le flux principal venant de la gare RER serait la porte Lescot. Il avait donc prévu deux systèmes d'escalators. Un "omnibus" demandant un changement à tous les étages pour les flâneurs du centre commercial et un direct menant de la gare à la surface. Ce dernier est supprimé au profit d'un omnibus obligeant tous les usagers à "flâner" dans le centre commercial. On a tout de même prévu un nouvel escalator vers la place Marguerite de Navarre qui conduira directement à la surface du coté de la rue de Rivoli et de la Samaritaine " rénovée" (14). Le point faible du dispositif initial: l'absence de sortie directe coté Beaubourg n'a évidemment pas été traité.
Une utilité secondaire de la Canopée est de permettre un accès facile du centre commercial ou de la gare vers le jardin.Cette fonction est bien assurée par deux escalators directs. L'ancien Forum n'offrait pas cette possibilité. L'escalier de la place basse assurait l'accès sur les premiers projets de Vasconi mais la réorientation de cet escalier Nord Sud le rendait quasi inutile. Le centre possédaient à l'origine des accès au jardin mais ceux ci ont été fermés à la demande du centre commercial qui voyait s'installer des sans abris dans les passages.
Ceci nous amène à une autre utilité possible: la sécurité du centre, en particulier la nuit. La Canopée, grand espace ouvert, assure beaucoup plus mal cette fonction que l'ancien Forum.
Venustas (esthétique)
Le CNIT a suscité l'opposition de l'académie d'architecture dès 1955. Celle-ci s'insurge contre "un abri pour les foires" et dénonce "l'insuffisance de surface" et "l’enserrement entre des voies de circulation sans possibilité de stationnement".L'opposition de l'époque est surtout due à l'absence de plan d'ensemble d'aménagement de la Défense et au regret de voir un bâtiment commercial privé s'élever là ou Paul Claudel voulait un monument aux morts de 14-18, "un arc de triomphe faisant pendant à celui de l'Etoile".
La forme choisie pour le bâtiment ne suscite pas par elle même de critique
La canopée a suscité quelques doutes lors de sa construction, le projet s'est vu décerné le prix Gerard 2013 pour " l’architecte qui te chiade une superbe perspective que je te dis pas comment elle chie la classe pour le concours, mais une fois que tu vois le projet pour de vrai aujourd’hui, tu te demandes s’il se serait pas un peu foutu de ta gueule par hasard".
A son inauguration récente la majorité de la presse française a bravement repris les communiqués de presse de la mairie parlant "d'une immense feuille translucide ondoyant à la hauteur de la cime des arbres du jardin", la presse étrangère fut beaucoup moins tendre, le Guardian parlant de "fiasco de couleur crème anglaise".
Adaptations
Dans le cas du CNIT il y a un changement de fonction: après 30 ans on passe d'un hall d'exposition à un toit pour des bureaux, des commerces et un hôtel.Le résultat est artificiel: c'est un peu le négatif du Casino Venetian de Las Vegas ou un bâtiment standard abrite la reproduction colorée d'un canal Vénitien. Au CNIT un bâtiment exceptionnel abrite des bâtiments quelconques.
Dans le cas de la Canopée, la fonction reste identique: c'est un centre commercial qui doit être agrandi par la Canopée.
Force est de constater qu'il a fallu faire face au même probléme que lors la construction des parapluies de Willerval: un programme trop chargé . L'épure des parapluies donnait une impression de légèreté mais le programme fut tellement chargé que la structure en devint peu lisible.
Pour la Canopée la solution adoptée fut différente: supprimer des équipements publics et augmenter la hauteur du bâtiment. On a ainsi pu évacuer les équipements publics au 1er étage en supprimant l'auditorium et même les toilettes publiques.
Le centre commercial étant rénové, il n'existe pas de différence "d'époque " visible entre la Canopée et le centre commercial. On constate simplement que ces deux parties "s’emboîtent" assez mal en laissant des espaces inutilisables.
Pour conclure
Autrefois l'architecte était naturellement limité dans ses ambitions car n'importe quoi n'était pas constructible à cause des difficultés de dessin, de calcul, puis des difficultés de réalisation. Ces contraintes n'existent pratiquement plus aujourd'hui , on est capable de concevoir et de construire n'importe quelle forme (15). Le dernier exemple à Paris est la fondation Vuitton, presque unanimement admirée alors qu'il me semble que l'on oublie qu'un bâtiment est fait pour durer et doit être en adéquation avec sa fonction."Tout projet d'une construction plus difficile ou plus compliqué qu'il n'est nécessaire est ou mauvais ou médiocre" (16), ce précepte d'un maître du XIX e siècle est totalement nié aujourd'hui.
Le CNIT représentait à son époque une prouesse justifiée. Sa structure était novatrice mais il utilisait des moyens simples pour assurer correctement sa fonction.
La Canopée a une forme antimécanique et utilise des moyens compliqués pour mal assurer sa fonction.
Le CNIT était le symbole du XX e siècle, l'age du béton, la Canopée rappelle plutôt les grands bâtiments métalliques du XIX e siècle sans en avoir la simplicité structurelle.
- La socièté civile du Centre de la mécanique fondée en 1950 à pour objet" la réalisation d'un centre permanent des constructions mécaniques."
- Solution évidemment soutenue par les industriels de la sidérurgie menbres de la socièté du CNIT
- la coque conduisant les poussées vers les culées il n'est plus besoin de prévoir un triple arc central supportant la structure.
- Unibail, créée en 1968, est à l'origine une société de financement de l’immobilier, elle va devenir progressivement une entreprise d’investissement immobilier (SIIC).D'abord filiale de Worms, elle évoluera sous la direction de Léon Bressler, trouvera d'autres actionnaires et dans les années 2000 assurera directement l'opération "Cœur Défense" qu'elle revendra en 2007. Elle fusionnera avec le hollandais Rodamco en 2007
- Les Quatre temps de la Défense est le centre commercial le plus visité de France avec 47 Millions de visiteurs par an pour 150 000 m², le forum arrive en second avec 38 millions de visiteurs pour 60 000 m², mais si on rapporte visiteurs/m² c'est le Forum le plus rentable des centres commerciaux français, deux fois plus que les Quatre temps. Après travaux le Forum passe à 75 000 m2 avec 150 commerces contre 115 auparavant. Unibail possède 6 centres commerciaux classiques du top 10 français (4 Temps, Forum, Velizy 2, Rosny 2, Parly 2, Carré Sénart) ainsi que les deux meilleurs centres "diversifiés" (Carrousel du Louvre, CNIT). Ses creations récentes (Aéroville, Qwartz, So Ouest) ont du mal à "démarrer".
- Unibail a agi fortement en 2004 contre le projet Koolhas car celui-ci remettait en cause le rôle central du centre commercial existant.
- Espaces publics des parapluies Willerval 4600 m² 600 m² centre d’information culturelle, 150 m² maison du geste et de l’image, 300 m² maison de la poésie, 1000 m² pavillon des Arts, 760 m² maison des ateliers, 450 m² bibliothèque 4-14 ans (dont les ouvrages ont été jetés), 140 m² halte-garderie, 1200 m² conservatoire municipal
Espaces publics de la canopée 7050 m²
2 600 m² conservatoire, 1 050 m² bibliothèque, 1 400 m² centre Hip-Hop, 1 000 m² ateliers des pratiques amateurs, 1 000 m² autres équipements publics
On note aussi le changement des « modes » culturelles en 30 ans.
L'espace public en sous-sol est diminué de 1400 m² par la vente du local d'animation les Halles le Marais. Le solde est donc de 1050 m² d'équipements publics.Les nouvelles surfaces commerciales sont: 6102 m² dans la Canopée, 500m² + 567 m² de circulations horizontales et verticales supprimées, 3362m² de la voirie souterraine, 1095 m² du mail Marguerite de Navarre, 600 m² au niveau -4, 7700 m² du cinéma UGC.
Soit 19926 m² de surface commerciale supplémentaires.
Les surfaces mériteraient d'être vérifiées car si on prend par exemple le centre d'animation les Halles le Marais, il était compté pour 1400m² d'équipement public et se trouve ramené à 800m² GLA. - Si on compare aux bâtiments métalliques construits pour l'exposition de 1889, la Canopée pèse 500 tonnes de moins que la Tour Eiffel (qui n'avait rien coûté au contribuable) et présente des portées inférieures à celles de la Galerie des Machines qui avait 20 fermes de 110m de portée.
- Etudiée par Ingerop sur Tekla et exécutée par Castel&Fromaget et Viry. Tous les plans étant en Dwg. La rénovation des "Quatre temps" en 2008 fut étudiée sous Tekla.
- L'autre grand gagnant de l'opération de vente fut Nexity, héritier de Georges V.
- SERETE aménagement est filiale de la SERETE qui est une société d'ingénierie. La construction sera confiée à Bouygues. Les deux sociétés ont alors pour actionnaire principal le Crédit Lyonnais (CL). La SERETE a alors déjà réalisé le centre de Cergy Pontoise. La SERETE se sépare de sa filiale en 82, elle est achetée par la socièté ARC (soutenue par le CL et par Worms). La société prend alors le nom d'Espace Expansion et se rapproche en 87 d'Unibail pour être finalement absorbée en 95.
- La ville possède 7050 m² d'équipements publics sous la Canopée et a vendu 6102 m² à la SCFHP.( socièté civile du Forum des Halles). Par un curieux calcul la ville reste propriétaire, et donc assure les charges, à 60% et pour les dépenses supérieures à 20M€ la participation de la SCFHP est limitée à 8M€ (voir délibération 2013 SG 206). La ville a vendu le m² du Forum à environ 4000€, celui de la Canopée 8400€ (dont 60% payable 6 ans après la livraison, tous les frais d'actes à charge de la ville ainsi que la TVA, soit un prix réel de plus de 25% inférieur à celui déclaré), un emplacement de parking Rambuteau à 7 600€, et un du parking Berger à 12 000€ . Les emplacements commerciaux résultant de la suppression de circulations verticales sont vendus après transformation 10 600 € le m², ceux du futur mail Marguerite de Navarre seront vendus 12000 € le m² (toujours avec 60% payable 6 ans après l'achat) (délibération 2010 DU 49 - SG 95). Le local du centre d'animation "les Halles le Marais", situé place Carrée, est vendu 2600 € le m², la SCFHP devant fournir "un local de substitution". La ville a en outre assuré la charge de la transformation de la voirie souterraine en surface commerciale.
Les prix de vente ne sont que mollement contestés par France Domaine qui finit par accepter.
Il faut noter que la SCPHP est une société civile et donc ne publie pas ses comptes, il est donc impossible de connaitre le montant des baux qu'elle pratique. En prenant une base de 3000€ du m² on obtient une recette de 18 M€ par an pour les commerces de la Canopée, le prix d'achat étant de 51M€ le rendement brut est donc de 33%. Dans ces conditions on ne comprend pas pourquoi la mairie s'insurge quand un propriétaire loue un studio de 200 0000€ à 10 000 € l'an, soit un rendement brut de 5%.
L'association Accomplir a déposé un recours contre le protocole entre la SCFHP et la ville. Il portait dur deux points: la forme (principalement absence d'une signature) et le fond (conditions de vente trop avantageuses à SCFHP) . La justice administrative a retenu dans un premier temps le vice de forme mais le conseil d'état est revenu sur cette décision en 2016 - Le nettoyage a nécessité l'achat d'une nacelle de 1,5M€, le marché de nettoyage a été confié à Clean System (le montant est inconnu mais on a avancé le chiffre de 400 000 €/an),. La dépense est assurée par Sempariseine (cad principalement la Ville de Paris).
Le Petit Palais a eu, tout de suite après sa construction, des problèmes d'étanchéité. Il fut difficile à l'époque de faire admettre à la Ville qu'il fallait des "travaux complémentaires" et les conservateurs du musée ont du se contenter durant longtemps d'un toit qui fuyait. - Les nouveaux accès Nord (Rambuteau) et Sud (Berger) sont surtout des accès au centre commercial; parvenir à la surface suppose un long parcours dans le centre et ils sont peu fréquentés. Comme le portes Berger et Rambuteau conduisent maintenant au RER , la ville doit assurer une partie de l'entretien du parcours dans le centre commercial qu'elle a vendu. L'accès Marguerite de Navarre, rue Berger, sera plus efficace mais entraîne la suppression de 500 places de parking. Unibail était opposé à la création de cet accès qui permet "d'éviter" son centre commercial, elle a obtenu en compensation la création d'un mail commercial le long de l'accès.
- Souvenons nous tout de même de l'effondrement du terminal 2E de CDG qui prouve que la confiance aveugle dans les logiciels conduit à des erreurs que le bon sens et des calculs élémentaires auraient évité.
- Julien Guadet. Eléments et théorie de l'architecture 1906. Ce professeur des Beaux Arts, ennemi de Viollet le Duc dans sa jeunesse, avait un enseignement très classique, "académique", mais incitait le futur architecte à la modestie et à concevoir des bâtiments en adéquation avec leur fonction sans ornements inutiles. Son oeuvre majeure, la poste du Louvre, est en passe d'être dénaturée aujourd'hui.
Prenons un bâtiment moderne extraordinaire comme la chapelle de Ronchamp de Le Corbusier. Le rendu est magnifique mais si on regarde la structure on constate que l'épaisseur des murs est factice, qu'il y a des poteaux dissimulés, un toit double peau en porte-à-faux .. Une extraordinaire complexité est possible aujourd'hui et des architectes moins doués en abuse.
Sites et références
- CNIT
- Histoire du CNIT. Histoire en 3 parties parfaitement documentée.
- CNIT histoire et perspectives. Le Loup 1989. Livre écrit au temps ou C Pellerin "sauvait" le CNIT
- Paris la Défense Editions du moniteur. 1989
- Canopée
- Le site officiel du projet des Halles
- Le site du Forum
- Critique du New York Times. Janvier 2005
- Les Halles: les détails d'une facture salée. Le Parisien 21 juillet 2014
- Critique du Guardian. Avril 2016
- Les plaquettes officielles ( dont la majorité des illustrations sont tirées)
- Protocole entre la Ville et la SCFHP
- Le site de l'association Accomplir
- Conférence de Pencreac'h
- Blog Mediapart de P Grenet
- Entretien avec M des Cars (Espace Expansion) 2004
- Diagnostic patrimonial 1975-2000