La Folie Boutin ou le grand Tivoli: le premier parc d'attractions au monde

 A la fin du XVIII e siècle financiers et nobles, lassés des grands châteaux, font construire  des pavillons au milieu de jardins agrémentés de fabriques. Ces "folies" sont souvent destinées, ou même conçues, par les maitresses des puissants. Les plus célèbres seront Bagatelle, Monceaux et la Folie Beaujon, mais il y aura, quand la révolution éclate,  plus d'une cinquantaine de Folies  dont il ne reste,  le plus souvent, que quelques rares dessins.


Jeu de bagues à Tivoli.
Sous le Directoire on veut s'amuser.
Paris vu de Tivoli.
Le quartier est désert, occupé par des maraichers.
Plan de la Folie Boutin en 1774.
Le jardin n'a pas d'accès au Sud mais à l'Est rue de Clichy.
En parcourant la grande allée Est Ouest bordée des cabinets de treillage puis de parterres et d'un grand bassin. On trouve au Nord de l'allée : un pigeonnier, des étables, une laiterie, des écuries,..,  puis au centre le pavillon du gladiateur avec derrière le jardin anglais  Au Sud,  on  a le jardin de fleurs, le verger, le potager avec la grande cascade  et le jardin Italien (rappelant le vrai jardin de Tivoli) 


Tivoli en 1802 
La jardin a un accès vers la rue St Lazare ou on trouve aussi un établissement de bains et d'eau minérale.
(accès à l'Est 27 rue de Clichy, au Sud 76 rue St Lazare)

Affiche de Tivoli
Allée centrale de Tivoli
Repas champêtres à Tivoli dans les cabinets de treillage de la grande allée.
Jeu de casse-cou
Un manège
"la tour d'Eole"
Les montagnes russes 
Lâcher de ballon en 1800.
Les ascensions en ballon et les feux d'artifice  étaient des attractions courantes 
Ascension en ballon
L'essai de diriger un ballon avec des ailes et un gouvernail en 1805 fut peu concluant.
Les cerfs Coco et Azor
Plan du jardin  de Labouexière 
Plan du Tivoli de Labouexiere
Le jardin a perdu sa moitié Est

Façades du pavillon de Labouexière
Plan du pavillon

Rue de Budapest coupe le parc du Nord au Sud au niveau du jardin Italien 
Plan de l'immeuble de bureaux "le Tivoli" , ancien siège de la SNCF, construit à la place de l'établissement de bains et d'une partie du jardin.
Au Sud la rue St Lazare, au Nord la rue de Londres.
Après la chute de Robespierre en 1794, on veut s'amuser. La Folie Boutin devient un parc d'attractions en 1795  sous le nom de Tivoli. Le parc fermera en 1825 mais il y aura deux autres Tivoli et quelques  Folies transformées en parc d'attractions comme l'Idalie (jardin Marbeuf), Monceau, Bagatelle, l'Elysée,  avant que la pression immobilière n'entraine leur lotissement.

La Folie Boutin

Au XVIIIe siècle, à l’extérieur de la ville, le futur quartier St Lazare, est occupé par des maraichers. . En 1766, Simon-Gabriel Boutin (1720-1794), fils d’un fermier général et lui-même trésorier de la Marine achète 8 hectares de terre et fait construire plusieurs pavillons d’agrément au milieu d'un parc divisé en jardin anglais, italien et hollandais, agrémentés de jeux d'eau. Le  pavillon central est celui  du gladiateur qui renferme les collections d'histoire naturelle. Devant le pavillon se croisent deux axes perpendiculaires: l'un va du bassin à la grande cascade pour finir sur un tombeau , l'autre part d'un belvédère pour longer des treillages au bord desquels est construit une ménagerie, une volière, une laiterie, des serres chaudes,.. et se termine sur l'actuelle rue de Clichy. . Boutin baptise son domaine « le Tivoli », en référence à la petite ville près de Rome où se situe la Villa d’Este, célèbre pour ses jeux d’eau. Chaque semaine il y donne des fêtes, les Vendredins, ou la ville et la Cour se pressent.

 Le grand  Tivoli 

Jugé comme émigré, Boutin est guillotiné le 17 juillet 1794 tandis que la Folie  est confisquée. Gerard D'estrivières, membre des 500, la loue pour 9075F par an. En 1795, le jardin ouvre au public sous la forme d’un parc d’attraction. Toutes sortes d’animations y sont présentées : les panoramas, les marionnettes et la lanterne magique, les manèges, les montagnes Russes. Ruggieri conçoit les feux d'artifice, Garnerin y fit des ascensions en ballon.  En 1797, les héritiers Boutin reprennent possession de leur bien.  Desrivières  est un exploitant particulièrement rapace qui est forcé par un procès en 1798  de payer ses créanciers (dont le trésor public car le 1/4 de la recette est "destiné aux pauvres") mais  tente d'obtenir sans succès des compensations des Boutin. Desmond reprend le parc et donne des spectacles magnifiques dont une fameuse descente d'Orphée aux enfers avec des effets pyrotechniques par Ruggieri. A l'exploitant rapace succède le prodigue d'où nouveau procès des créanciers en 1799.
Tivoli continue cependant et sous le consulat on donne des fêtes vénitiennes, il y a des ascensions en ballon et "les eaux thermales et minérales de Tivoli" sont en vogue. Sous l'Empire ce sont les essais de nouvelles ascensions: un ballon dirigeable avec des ailes en 1808, La même année  2000 hommes de troupe devant rejoindre l'armée d'Espagne campent à Tivoli. Le jardin est dévasté et se remet difficilement, M Baneux l'administrateur décide de déménager en 1810  de l'autre coté de la rue de Clichy, dans la Folie Richelieu qui lui appartient (l'actuel emplacement du Casino de Paris). Il fait faillite en 1812
Le Grand Tivoli rouvre alors et ce sont les essais d'un  homme volant avec des ailes articulées. En 1815 on installe des montagnes russes,  en 1824 c'est le  "cerf Coco", un cerf funambule. Le parc ferme en 1825 après une dernière fête donnée pour le sacre de Charles X.

Le dernier Tivoli

Tivoli renait une dernière fois en 1826 dans la Folie Bouëxière au 88 rue de Clichy, le locataire est l'abbé Robert, plus connu sous le nom de Robertson qui y produisit ses "fantasmagories".  On y pratique le tir aux pigeons au Pigeon Shooting-Club. Ce dernier parc disparait en 1842, il ne reste du jardin que l'actuel square Hector Berlioz.  Il y aura ensuite  un "jardin de Tivoli" près de la place du Château d'eau (la République) mais ce n'était qu'un dancing. Citons aussi le Château Rouge, le jardin Mabille et le Château des Fleurs.

Le quartier de l'Europe 

 En 1826, le jardin est vendu à deux investisseurs: le banquier Jonas Hagerman et l’entrepreneur Sylvain Mignon font lotir le parc, percent la rue de Londres,  et créent ainsi le quartier de l’Europe. On accédait à Tivoli  par le 27 rue de Clichy  mais en bas du parc, en bordure de la rue Saint-Lazare (76-78), un établissement de bains et d’eaux minérales avait ouvert en 1800.
Avec l’inauguration de la gare Saint-Lazare en 1846, le quartier change de physionomie et accueille de plus en plus de sièges sociaux. En 1866, la compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) rachète "les bains Tivoli" pour les démolir. En 1869, elle fait bâtir à la place son siège social. Celui-ci deviendra le siège de la SNCF puis sera revendu pour devenir l'ensemble de bureaux "Tivoli".

Sites et réferences


Les folies et les jardins

 Durant la Restauration il y eut beaucoup de "jardins de plaisirs".
  • Montagnes russes de la barrière du Roule (avenue des Ternes)
  • Les jardins des Champs Elysées: Beaujon, Idalie, l'Elysée et le Colisée
  • Le jardin Ruggieri, pas loin de Tivoli
  • Le jardin du Delta, près de Barbes 
  • Les établissements près de l'actuelle  place de la République: le Vauxhall d'Eté, Paphos, la redoute Chinoise.
  • Les montagnes russes de Belleville
  • Le jardin Biron sur la rive gauche.
Parmi les folies il subsiste  le petit Trianon, le pavillon de Louveciennes de Ledoux (malheureusement surélevé d'un étage), Bagatelle par Bélanger pour le comte d'Artois et le palais abbatial de Royaumont. Citons aussi le modeste carré de Baudoin. 
Pour les jardins il nous reste le jardin anglais du petit Trianon et le hameau de la Reine, le  parc Monceau, les fabriques de Méréville (transportées à Jeurre) , celles de Retz et Ermenonville.