Le musée de l'Assistance Publique et l'histoire des hôpitaux de Paris

L’hôpital a une longue histoire à Paris puisque l'Hôtel Dieu fut fondé au VII e siècle. Au moyen age seule l'église se préoccupait des pauvres et des malades mais au XVI e siècle  l’hôpital va être géré par la municipalité. Sous Louis XIV on y enfermera tous les "oisifs". Le XVIII e siècle fut une période de réflexion sur le rôle de l’hôpital mais ce n'est qu'au XIX e siècle que  sa réorganisation en fonction des progrès de la médecine va permettre de vraiment soigner.
Au moyen age l’hôpital est l'affaire exclusive de l'église. On y prie et on y soigne parfois.
Les couvents avaient généralement une apothicairerie. Les connaissances de l'antiquité avaient été transmises par les arabes (Avicenne).
Les remèdes sont surtout à base de plantes cultivées dans des "jardins des simples" et parfois à base de métaux. 
La Salpêtrière  " par ordonnance du Roy les pauvres y furent enfermés en 1668 au nombre d'environ 4000"
La Salpêtrière recevait les femmes, les hommes étant surtout à Bicêtre. Les seuls soins concernaient les "vénériens"  qui étaient à Bicêtre ( hommes et femmes) jusqu'en 1792, date  où ils furent transférés à Cochin ( exe hôpital des Capucins)
L'apothicairerie du musée de l'AP-HP
Les pots se divisent en: albarello, chevrette, pot canon,  pilulier, pot à Thériaque, bouteille et jarre..

Le réveil de l'abandonné.au musée de l'AP-HP
Il existera 3 modes d'abandon: le parvis des églises, le tour, l'abandon via une sage-femme qui se charge de déposer l'enfant à l'hospice des enfants trouvés. A la fin de l'ancien régime 1/" des enfants de l'hospice viennent de province via des circuits de transports d'enfants dans des conditions extrèmement meurtrières...
L'incendie de 1772 de l'hotel Dieu accéléra la réflexion sur son déplacement mais celui-ci fut reconstruit au même eempla cement en 1778. Napoléon III se contentera de le reconstruire au Nord de l'ile.
En 1785 Poyet propose de déplacer l'Hotel Dieu au Cours la Reine.
L'édifice circulaire aurait eu 16 rayons.. La chapelle, sous forme de temple grec, située au centre de la cour aurait permis aux malades de suivre l'office de leurs fenêtres.
La salle des folles à la Salpêtrière ( les hommes sont à Bicêtre). Sous l'ancien régime les fous sont des oisifs, pas des malades. Pinel, Charcot apporteront les premières améliorations au traitement de la folie.
La trousse de Dupuytren.
au XiX e siècle les instruments chirurgicaux vont faire de grands progrès.
Fragement du décor de l'amphithéatre de Necker
La goutte de lait du docteur Variot à Belleville.
On y recevait des conseils et du lait pasteurisé.
Le lait maternel a toujours été considéré comme la meilleure nourriture pour les nouveaux nés. Les plus fortunés avaient recours à des nourrices recrutés dans des "bureaux de nourrices" créés en 1769. Le biberon se généralise  au XIX e siècle et permet d'autres modes de garde aux femmes qui travaillent. La mortalité des nourrissons diminue avec la pasteurisation du lait , la stérilisation des biberons et l'abandon des biberons à long tuyau ( interdit en 1910) .. 
Salle  commune à l'hôtel Dieu au XV e sicle telle que présentée à l'exposition universelle de 1900 dans le "musée rétrospectif de l'assistance" .
Les expositions universelles  du XIX e siècle vont être la préfiguration de nombreux musées 

Cires anatomiques du " Palace Museum" d' H. Armand.
Les musées forains comportaient un "cabinet réservé aux adultes" ou était représenté les ravages de la syphilis ou d'autres cires "choquantes".
L'intention était censée être pédagogique avec des panneaux explicatifs du genre " 4 minutes avec Vénus cela se paye quelquefois avec 4 ans de mercure" ( le mercure était alors  le seul traitement connu)
Le musée Orfila.
Vous y verrez la femme à barbe, "des têtes d'idiots et de suppliciés" , des écorchés selon la technique de Fragonard...

Le musée de l'AP-HP fait partie des 14 musées qui ont  fermés à Paris depuis l'an 2000 (1).
Il occupait depuis 1934 l’hôtel de Miramion en bord de Seine et l'on a promis qu'il retrouverait un jour sa place dans l'Hotel Dieu.
Il existe toujours à Paris  2 autres musées de médecine: -Dupuytren, St Louis- et un musée vétérinaire -Fragonard-.


  1. Voir liste en fin de texte

Brève histoire de l'hôpital à Paris 

L'église 

L'église est à l'origine de l’hôpital. Les paroisses prennent en charge les pauvres et les malades, L’Hôtel Dieu est créé en 650 par St Landry.
Les pèlerinages entraînent la création des ordres hospitaliers. Sur la route Compostelle l’hôpital St Jacques est fondé en 1320. Au début du XVIIe siècle les frères de Saint Jean de Dieu créent l’hôpital de la Charité dans le faubourg St Germain. grâce à Catherine de Médicis.
Les grandes figures de la charité du XVII e siècle sont St Vincent de Paul, Mlle Legras, Mme de Miramion, Louise de Marillac, qui agiront  pour les Enfants Trouvés
En 1607 on fonde hors de  la ville l'hôpital Saint Louis pour isoler les malades contagieux Son symétrique au Sud, Saint Anne, est fondé en 1651 dans le faubourg St Jacques mais les travaux n'en seront terminés qu'à la fin du XVIII e siècle.
L’hôtel Dieu connait 3 incendies au cours du XVIII e sicle, un débat s'ouvre entrer ceux qui veulent reconstruire sur place et ceux qui veulent le transfert hors de Paris.
En 1780 le curé de St Jacques du Haut-pas, Cochin,  fonde un nouvel hôpital.


La chapelle est le cœur de l’hôpital . La Salpêtrière est le seul exemple, avec sa chapelle  à 4 nefs,  ou on peut séparer les catégories de malades durant l'office pour éviter les contagions. Il n'y a que de grandes salles communes ou les malades s'entassent à plusieurs dans le même lit en période de crise.

Au XVI e siècle l'administration temporelle des hôpitaux est transférée à la ville, l'église gardant leur direction spirituelle. L'hôpital est naturellement servi par des congrégations ou par des ordres hospitaliers mais on trouve une domesticité importante et des praticiens laïcs dont le nombre va aller croissant..
L'image du pauvre se modifie. On crée d’abord l’aumône générale   qui vient en aide aux seuls pauvres "reconnus". Sous Louis XIV  on tente de traiter la mendicité par une solution radicale: l'enfermement
C'est la création de l'Hôpital Général ou les pauvres devront travailler. Les établissement d'origine sont: la grande et petite Pitié, la maison de Scipion, la Savonnerie, Bicètre . Il va s'y ajouter bientôt les Enfants Trouvés, Saint Esprit en Gréve , les Enfants Rouges, Vaugirard et la Salpétrière. On va y trouver tous les "oisifs": les vieillards, les enfants abandonnés, les filles enceintes, les infirmes, les mendiants, les hérétiques, les prostituées, les vénériens, les homosexuels, les fous (considérés comme des oisifs pas comme des malades), les voleurs,;;;.
Avant la révolution il existe deux pharmacies principales.
L'apothicairerie de l’hôtel Dieu qui fournit aussi St Anne, St Louis et le Incurables.
La pharmacie de l’hôpital général qui fournit les "grandes maisons" (Pitié, Salpétrière, Bicètre, Scipion) et les "petites maisons" (Enfants trouvés, Enfants Rouges,Vaugirard, St Esprit, Ste Pélagie)
Les sœurs hospitalières abandonneront l'hôpital en 1908 victimes de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat

Le temps du progrès

Jusqu'au XVIII e siècle les soins aux malades sont peu nombreux et inefficaces, l’hôpital ne sert guère qu'a assurer "une bonne fin" aux plus démunis. Les réflexions hygiénistes nouvelles sont anéanties par la tourmente révolutionnaire.
En 1801 les hôpitaux parisiens sont réorganisés suivant un nouveau cadre administratif: le conseil général des hôpitaux et hospices civils. On créé un bureau d'admission et une pharmacie centrale. la réorganisation se poursuivra jusqu'à la création en 1849 de la direction générale de l'Assistance Publique.
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La médecine hospitalière va appliquer les nouvelles découvertes (dont certaines remontent au XVIII e siècle). La vaccination se repend et les méthodes de diagnostic s'améliorent avec l’auscultation de Laënnec et le classement des maladies par symptômes par Bichat . Il y a ensuite les découvertes de Pasteur sur l'aseptie et l’antisepsie,.la mise eu point de l'anesthésie, l'utilisation plus ou moins fantaisiste de l’électricité...
La méthode expérimentale, prônée par Claude Bernard, conduit a une vraie méthode clinique.
De nouveaux hôpitaux s'ouvrent, les anciens se spécialisent ( Saint Louis, "hôpital de empestés", devient le centre des traitements des maladies de peau, La Pitié-Salpétrière se consacre aux maladies nerveuses (Charcot) et à la gériatrie.
Des hôpitaux -Trousseau, Herold- sont consacrés à la pédiatrie, la maternité de Paris est créée à Port Royal, des "gouttes de lait" sont créées dans les quartiers ouvriers comme à  Belleville

Les musées de médecine à Paris

Au XIX e siècle la médecine progresse à grands pas et on forme des collections sur son histoire ou à des fins pédagogiques.
Trois musées pédagogiques subsistent encore à Paris : le musée Dupuytren, le musée Orfila  et celui de l’hôpital Saint Louis.
Le musée Dupuytren concerne l’anatomie pathologique. Le catalogue de 1842  décrit d'abord les fractures, cicatrisation des os après amputation, caries, altérations des os, nécroses, exostoses, atrophie, ramollissement, cancers tumeurs  et  kystes des os, affections diverses, puis s'intéresse au rachitisme, aux déformations des os, aux caries des articulations, à l"ankylose et aux luxations.
Il fut installé en 1835 dans l'ancien réfectoire du couvent des cordeliers. Démodé et non entretenu, il fut fermé en 1937 et ses collections stockées dans des caves. Il rouvrit en 1967 de l'autre coté de la rue  de l'école de médecine. mais les objets présentés aujourd'hui concerne l'histoire des instruments médicaux.alors que demeure dans les réserves ce qui reste des cires anatomiques (1), des pièces osseuses et des bocaux.
Le musée Orfila-Rouviére créé en 1847 rue de l'école de médecine. Il comprenait à l'origine des pièces d’anatomie descriptive, d’anatomie des régions, d'anatomie générale et d’anatomie microscopique avec une ambition d’exhaustivité.
Il est situé aujourd'hui au 8e étage de l'école de médecine de la rue des Saints Pères. Il comprend deux grandes salles avec des galeries.
On y verra des préparations anatomiques, "des têtes d'idiots et de  suppliciés", des moulages de cerveaux, des écorchés. Le musée ne se visite que sur RdV.
Le musée de moulages de l’hôpital saint Louis fut créé en 1868 et offre une représentation de toutes les maladies de peau avec une présence massive du grand fléau du XIX e siècle: la syphilis
Le musée est installé dans un pavillon dédié à l'Est de l’hôpital. Le lieu est fantastique car il est resté dans son état originel. Malheureusement la toiture est couverte par des bâches et vous ne pourrez le visiter que lors des journées du patrimoine.

Les moulages de cire et les monstres .furent l'objet de  "musées" forains à la fin du XIXè siècle. C'était des établissements importants qui  exposaient à la fête de Neuilly ou à la foire du trône. Ils avaient une vocation pédagogique et moralisatrice (méfaits de l'alcool, hygiène, syphilis) et disparurent presque totalement après la première guerre mondiale (2).

Un autre musée, un des héritiers du cabinet du Roi, est celui de l'école vétérinaire de Maisons Alfort, le musée Fragonard. Il comporte 4 salles: anatomie comparée et tératologie (les "monstres"), squelettes, pathologie et le  cabinet de curiosité qui comprend le fameux cavalier écorché de Fragonard  .

  1.  Les collections de cire anatomique de la faculté de médecine et de l'AP-HP sont stockées en Seine St Denis, elles sont normalement destinées à être présentées à la faculté de médecine de Montpellier. Plus généralement , les cires médicales, les bocaux, et les pièces osseuses ne sont plus considérés que comme des objets encombrants et morbides.  
  2. Cette tradition est aujourd’hui mal représentée par Gunther von Hagens et son Body Worlds 

L’hôtel de Miramion et le musée de l'AP-HP

Construit au XVII e siècle il fut acquis par Mme de Miramion, mécène de saint Vincent de Paul et fondatrice d'une communauté religieuse féminine vouée aux soins des pauvres et des malades et à l'éducation religieuse.
Après la révolution française la communauté est supprimée et la pharmacie générale des hospices civils s'y installe en 1812.
Le musée de l'AP-HP y prend place en 1934.
Les collections sont mises à l'abri en 1940 et le musée rouvre en 1947.
En 1970 le musée ferme "par souci de sécurité". En 1974 la boulangerie de l'AP-HP déménage de la maison de Scipion et le musée s'y installe provisoirement.de 1975 à 1981.
Le musée retrouve l'hotel de Miramion en 1982.
Le musée ferme  en .2012 car l'AP-HP souhaite vendre l'hotel . Xavier Niel, le patron de Free, l'acheta.pour 35M€.

Le musée 

Il comportait environ 10 000 œuvres, objets et documents.
Le rez de chaussée avait été restauré, il comprenait  un grand salon de musique, un cabinet d'amateur et une apothicairerie, le premier étage présentait l'histoire des institutions hospitalières parisiennes.

Le salon de musique comprenait du mobilier et des peintures.
En 1812 la pharmacie centrale s'installe dans l’hôtel de Miranion, une salle est donc dédiée a une apothicairerie qui regroupe des faïences des anciens établissements.

Le cabinet de l'amateur a gardé son  plafond de poutres peintes et ses lambris. il contenait des peintures et des faïences

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Les autres salles évoque l'histoire des hôpitaux Parisiens, en particulier des établissements détruits. On y trouvait, un peu pêle méle, des instruments anciens, des tableaux ou des souvenirs dans un parcours chronologique. .
On notait aussi la reconstitution (partielle) d'une salle d'hôpital sous l'ancien régime.
Deux salles présentaient l'ancien décor de l’hôpital de la Charité détruit en 1930. La première reproduisait le décor de la salle de garde et l'autre présentait un "petit musée des carabins" avec un grand panneau de Bellery- Desfontaisne " l'ausculation" et une série de caricatures et portraits charges.
Si certaines applications de l’électricité furent fantaisistes ( tel la Darsonvalisation ou les bains électriques du docteur Vigouroux à la Salpétrière) d'autres furent utiles tel l’électrocardiogramme du musée de l'AP-HP.

La salle de garde de l’hôpital de la Charité

L'hôpital fut démoli en 1935 pour céder la place à l'école de médecine rue Jacob. Sa salle de garde était célèbre car de grands peintres l'avait décorée: Gustave Doré, Harpignies... Elle fut remontée presque complètement au musée.
Fragments du décor de la salle de garde de la Charité au musée de l'AP-HP
Sur la photo le grand panneau  cintré représente l'intérieur d'un  laboratoire par Olivier  Bon et celui de gauche la contre visite de l'interne par Bellery-Desfontaine
La salle de garde en 1859Catalogue de l'exposition sur l'hôpital de la charité en 1936
Vous trouverez sa reproduction complète sur le site de l'amour des Dieux 
Reconstitution au musée de la salle.
En haut Esculape, plus bas une frise consacré aux grands médecins
Esculape recevant l'hommage des médecins par Gustave Doré
Les amours malades par Stéphane Baron.Les amours guéris

Sites et références 

Musées fermés depuis 2000

Musée des arts et traditions populaires (2005)
Musée des arts d'Afrique et d'Océanie (2007)
Musée Bouchard (2007)
Musée Boulhet-Christofle (2008)
Musée-placard d'Erik Satie (2008)
Musée de l'holographie
Musée Lénine (2007)
Pavillon des arts (2006)
Musée de la Seita (2000)
Musée Bricard de la serrure (2003)

Musées fermés pour travaux depuis 2000

Musée de l'AP-HP (2012)
Musée de la monnaie de Paris (2010)
Musée de Radio France (2007)

Musées majeurs fermés avant 2000