Histoire des musées de cire à Paris

Le premier musée de cire parisien présentait la vie de la  Cour aux bourgeois, ensuite il y eut des musées révolutionnaires serrant l'actualité de près.
Les musées de cire du XIXe siècle hésitaient entre histoire, actualité et horreurs diverses. 
Les petits musées fermèrent les uns après les autres et il ne resta que Grévin sur les Grands Boulevards. 

Les facultés de médecine développèrent des musées pédagogiques  de cires anatomiques ou pathologiques  jugés inutiles et encombrants par  la médecine moderne.
Il y avait  enfin les forains qui reprenaient surtout le même type de cire que les musées de médecine en exagérant sur la monstruosité. 
Louis XIV. 
Bas relief en cire par Antoine Benoist
Musée de Versailles 
"Le grand couvert" de Curtius montrait Louis XVI et la famille royale autour d'une table bien garnie.
Comme Curtius avait un grand sens politique, la même table accueillera ensuite successivement: le Comité de salut public, les Directeurs, les consuls, Napoléon 1er, les souverains alliés, Louis XVIII, Charles X et enfin Louis Philippe.
Le salon de figures de Curtius place du Château d'Eau.
C'est le salon consacré aux scélérats alors que celui du Palais Royal est consacré aux grands hommes 
Buste de Necker et du duc d'Orléans enlevés le 12 juillet 1789 au musée Curtius 
Le seul modèle d'Orsy a avoir survécu représente, dans un cadre bucolique, Rousseau, Voltaire et Franklin.
Musée de la Révolution de Vizille.
Les musées de cire avaient généralement les sections suivantes:
  • Actualités (la plus difficile à tenir à jour)
  • Histoire (avec presque toujours Jeanne d'Arc ou Roland à Roncevaux)
  • Révolution (avec  Napoléon en prime)
  • Passion du Christ (catacombes comprises)
  • Horreurs diverses 


Il y avait aussi des spectacles.
En 1892, à Grévin,  les pantomimes lumineuses préfigurent le dessin animé. 
On propose trois photo-peintures animées: pauvre Pierrot, un bon bock, le clown et ses chiens.
L'auteur, E Reynaud, eut, comme Méliès, une triste destinée.
En 1901 son spectacle est remplacé par le "journal lumineux"   
Grévin, la section d'actualité dans les années 30.

 Hitler. chez Tussaud en 1933. On pouvait voir Hitler et Mussolini en compagnie de  ... Paul Doumer.  
En 1935 Hitler voisinait avec Mussolini à Grévin.
Grévin, la section d'actualité des années 90.
Chirac, Mauroy, Jospin, Rocard, Marchais
Bonaparte à Malmaison.
Le musée exposait aussi le chapeau de Napoléon (avec toutes les pièces justificatives)
Grévin, plan de Bonaparte à Malmaison.
Cette scène de 50 personnages reste aujourd'hui la plus grande du musée

La galerie de la révolution de Grévin.
Assassinat de Marat
Grévin, la passion du Christ
Grévin (dans un autre registre), les coulisses de l'opéra
Grévin, Louis XI et la Balue
La scène, un peu simplifiée, existe toujours.
Grévin, le radeau de la méduse.
Les musées de cire se sont rarement risqués à "mettre en relief" des tableaux célèbres
Grévin, le Palais des Mirages en palais arabe
Musée du Moulin Rouge.
Dessin préparatoire pour la scène "Une bonne fortune". Le musée ouvre pour les fêtes de fin d'année 1930.

L’art des modèles en cire  était  connu des Romains, puisque Lampride rapporte, qu’on servait des mets en cire sur la table d’Héliogabale. 
Jusqu'au XVIIe siècle, il était commun après la mort d'une personnalité royale, d'exposer une représentation de son visage en cire. À partir de ce siècle, ce travail se développe et devient un art de Cour à part entière. Ainsi, le masque funéraire en cire du roi de France Louis XIV par Antoine Benoist est fameux. 

Une application de la céroplastie  est la préparation des pièces anatomiques. On attribue généralement l'invention du procédé à l'abbé Gaetano-Giulio- Znmbo, de Syracuse, qui apporta à l'Académie des sciences de Paris, en 1701, une tète faite d'une certaine composition en cire "qui imitait parfaitement une tète naturelle préparée pour une démonstration anatomique".

Le musée d'Antoine Benoist

Antoine Benoist arriva vite à la notoriété, car, dès l'année 1657, alors qu'il n'était âgé que de 25 ans, il figurait déjà parmi les peintres de la maison du roi, avec 3.0 livres d'appointements. Très habile à travailler la cire, il exécuta les portraits des personnages du temps et en fit un musée chez lui, rue des Saints-Pères, en face de l'hôpital de la Charité, musée connu sous le nom de Cercle royal. Il reçut alors, par lettres-patentes du 23 septembre 1668, l'autorisation « d'exposer au public, dans toute l'étendue du royaume, pendant trente ans, la représentation par lui faite en cire, de tous les princes, princesses, ducs, duchesses, etc., qui composaient le cercle de la feue reine (Marie Thérèse), d'en faire même de nouveaux et de masquer en cire à sa convenance . En 1688, cette autorisation devint un privilège de trente ans, qui, en 1718, fut prorogé de vingt ans en faveur du peintre Gabriel Benoist, son fils. Précurseur des grands musées de cire, le Cercle royal fut le lieu en  vogue. Dubois de Saint-Gelais, qui en parle dans son Histoire journalière de Paris 1, dit que « les figures étoient en pied, habillées, atiffées richement selon la manière de chaque païs, parce que les personnes de qualité se piquoient de lui faire présent de leurs plus beaux habits ». 

Le musée Curtius 

Un siècle plus tard, vers 1770, le Bernois Curtius (ou plus probablement Curtz) est invité à Paris par le prince de Conti, qui l'autorise à présenter au Palais-Royal l'exposition : "la famille royale au Grand couvert à Versailles". Il est aidé par une jeune fille qu'il considère comme sa nièce et qui n'est autre que Marie Tussaud. Pendant la Révolution française, cette dernière moule ainsi les visages morts de Marat, Robespierre et du couple royal. Après la mort de son oncle et maître, elle déménage en 1795 à Londres, où elle établit en 1835 le célèbre musée de cire Madame Tussaud. 
Ce qui parait appartenir en propre à Curtius. "c'est d'avoir composé pour l'offrir à la curiosité publique, une galerie de bustes disposés avec art et préparés de façon à produire la plus complète illusion. "
Curtius avait son principal établissement au Palais-Royal, qu’on appelait le Salon des Curtius et présentait les grands hommes, il ferma à la fin de l'Empire.  Le musée des figures de cire du boulevard du Temple, entre le théâtre Nicolet et les Associés,  présentait "les scélérats" et existait encore  en 1848. 

C'est dans le salon de Curtius  que, après l'exil de Necker, le dimanche 12 juillet 1789, une troupe de manifestants alla chercher les bustes du Ministre disgracié et du duc d'Orléans, autour desquels s'engagea sur le boulevard du Temple un combat d'où devait jaillir la première étincelle de la Révolution. 

« Deux figures de cire faisaient ordinairement partie de la collection : la première debout dans le vestibule était revêtue de l’uniforme de gendarme; la seconde, une jeune fille, avait entre les mains un tronc où les visiteurs déposaient leur offrande. Celui qui, la baguette à la main, faisait voir les figures, faisait  le boniment » suivant en désignant la jeune fille : « Ceci est une jeune demoiselle qui * ne pleure jamais, et qui surtout n’est point médisante. C’est dire qu’elle a toutes les qualités, malheureusement elle n’est pas à marier! ». ces deux figures se retrouveront à l'entrée de la majorité des musées de cire . 

Le cabinet de cire d'Orsy

Le citoyen Orsy (nom francisé de Francesco Orso) commence par exposer une effigie grandeur nature de Mirabeau près du manège qui abritait l'Assemblée Nationale. il déménage ensuite sous les arcades du Palais Royal en 1793. Il ouvre enfin en 1798  son cabinet de cire près de la porte St Martin. dans l'ancien auditorium de l'opéra. 
Orsy, comme Curtius, suit l'actualité révolutionnaire, ce qui peut s'avérer dangereux. En mars 94 Orsy est brièvement arrêté car sa Charlotte Corday est jugée trop sympathique. Il meurt en 1799.

Le musée Hartkoff 

 En 1865, le musée Hartkoff s'ouvre dans la salle Beethoven du passage de l'Opéra. Il tenait à la fois des anciens cabinets de cire et des collections scientifiques. Il comprenait un Musée géologique, ethnologique et anatomique auquel était jointe une série de figures de cire « prises, disait le catalogue, sur le masqué original des personnages historiques et faites par le professeur Schwartz, célèbre phrénologue de Stockholm ». Dans cette collection, les rois de Suède Charles XII, Gustave III, Charles XIV, Oscar le', avaient leur buste à côté de ceux de Voltaire. de Schiller, de Paganini, de Weber, de Mirabeau, de Robes- pierre, d'Auerbach et de trois ou quatre assassins célèbres. L'une de ses attractions principales était celle de la danseuse mexicaine Julia Pastrena, au visage velu et dont le corps, couvert de poils, était "admirablement proportionné". Une horrible tète, qui, à en croire le catalogue, aurait servi de modèle à Victor Hugo pour la création de Quasimodo, s'y voyait aussi c'était celle de Marianni qui vivait à Paris au commencement de ce siècle. 
Le musée ferme en 1868 et se transporte à Londres

Le musée Français

Ouvert en 1866 sur le boulevard des Capucines, le Musée français, œuvre du modeleur-anatomiste Jules Talrich, présentait plusieurs statues de cire de personnages issus aussi bien de la littérature (Don quichotte, Renaud et Armide), de la mythologie( Hercule et Omphale) que de l'histoire. Au sous sol on pouvait voir "la chambre de la question" et moyennant un supplément assister au spectacle "le décapité parlant". Il ferma cependant  ses portes dès  1867

Le musée Grévin

En 1881, le journaliste Arthur Meyer se tourne vers le sculpteur  Alfred Grévin pour lui demander de créer les sculptures des personnalités qui font l'actualité. Ensemble ils fondent le musée Grévin. Le 5 juin 1822, le musée Grévin ouvre ses portes et le succès est immédiat. 
En 1883, Gabriel Thomas, financier à l'origine de la Société d’Exploitation de la tour Eiffel et du théâtre des Champs-Élysées, investit dans le musée, 
Le cabinet fantastique ouvre en 1886 et présente des spectacles de magie, il  cède la place aux pantomimes lumineuses d'Emile Reynaud en 1892. 

Vers 1900 le programme du musée Grévin propose . Galerie de célébrités modernes et de scènes historique: La Loïe Fuller, le couronnement du Tsar, les coulisses de l'Opéra, le crime du Kremlin Bicètre. . Napoléon à la Malmaison (Joséphine et plus de 50 personnages). galerie de la révolution française. La passion du Christ et les premiers chrétiens.  Pantomimes lumineuses (orchestre de dames hongroises).  

Le Palais des mirages est une attraction de l'exposition de 1900 remonté à Grévin en 1908.  C'est un kaléidoscope géant qui  propose un changement à vue de 3 décors: le temple hindou, la jungle, le palais arabe.

De nombreux magiciens se produiront dans le théâtre  Grévin: Carmelli, Mélies, Garcimore, Majax, c'était des spectacles courts qui faisaient partie de la visite du musée   Le théâtre Grévin ouvre ses portes le soir en 1984 pour des one man shows et des concerts classiques. Depuis 2000, ce n'est  qu'une coquille vide, décorée de quelques personnages, que l'on visite en passant

En 1999  l'arrière petit fils de  Gabriel Thomas, Bernard, cède le Musée Grévin au Groupe Parc Astérix "à la suite d'une OPA amicale". 

Le musée Oller

Ouvert en 1895 dans les sous sols de l'Olympia, il présentait des scènes de le Révolution, le Christ devant Pilate (40 personnages), le petit poucet, une descente de police,  le cabinet de juge d'instruction, les coulisses de l'Olympia   ainsi que des personnages historiques et contemporains. Il proposait aussi "le couronnement du tsar ainsi que des photographies animées ". Il ferma en 1900

Les petits musées

A la fin du XIX e Siècle les musées de cire prospèrent.
Après avoir modelé "l'histoire d'un crime" pour Grévin, les principaux personnages du musée Oller, puis monter à New York le Muséum Palace, le sculpteur Ludovic Durand installe dans les sous sols du Grand café central "le crime du Texas"
La première salle de cinéma permanente à Paris est ouverte en 1896 par les frères Lumière 6 bd St Denis  (c'est aujourd'hui un supermarché). C'est une ancienne boutique, le spectacle dure de 20mn à une demie heure avec de 10 à 20 changements de bande.
Tout près il y a, au 8 Bd Bonne Nouvelle, le "musée de cire de la Porte Saint Denis". Les propriétaires, les frères Béguine, conscients de cette concurrence, installent aussi un cinématographe en 1897. Les prospectus proclament " Ne pas confondre le vaste musée de la Porte St Denis avec les établissements similaires qui ne proposent que le cinématographe".  Le  musée de cire finit par se convertir complétement au cinéma et en 1909 on a:

 Au 14 Bd St Martin, il y a aussi "le Nouveau musée", musée de cire dont je n'ai trouvé aucun renseignement.

Les panoramas et les expositions universelles

Les premiers panoramas à Paris sont ceux du jardin d'Apollon en 1799. Ils se perfectionnent et s'agrandissent et possèdent à partir de 1850 un premier plan d'objets "réels", dont des figures de cire . Ils proposeront ensuite des "compléments" sous forme de dioramas .
A partir de 1889 les expositions universelles regorgent "d'attractions". c'est la vogue des "Ramas" ( panoramas, dioramas, mareorama, georamas,,...) , en annexe il y a souvent des figures de cire. Il y a aussi les dioramas  ethnologiques ou historiques (voir l'article sur les panoramas) 

Les musées des années 30

Dans les années 30 on installe un musée de cire à Versailles "de Louis XIV à Napoléon"
A la même époque s'ouvre un musée tout différent, " le musée de cires du caveau rouge", dans les sous-sols du bal du Moulin  Rouge (ouvert de 4h de l'après midi à 2h du matin). Il y a dix grandes scènes et huit dioramas sur l'histoire de Montmartre, les mauvais garçons, les "gagneuses" et les vedettes du moment. Certaines scènes ont un titre évocateur " bataille de dames", "une bonne fortune". "rafle sur les boulevards extérieurs", "les fossés des fortifs", d'autres plus classiques montrent "les carrières de Montmartre au temps de Philippe Auguste", "les peintres Montmartrois", "une répétition au Moulin Rouge avec la Goulue et Valentin le désossé", "le maquis de Montmartre",...

L'historial de Montmartre

Créé en 1954 près de la place du Tertre, et remplacé aujourd'hui par un musée Dali," l'historial de Montmartre",  racontait l'histoire de Montmartre depuis St Denis jusqu'au père Frédé. Il ferma en 1990.

Le musée Grévin des Halles

Le musée Grévin installa une annexe au forum des Halles  dans une partie des locaux laissés libres par la faillite du parc océanique Cousteau.
La première exposition fut celle du "Paris 1900" avec 20 scènes et 120 personnages en partie animés.
On y voyait Toulouse Lautrec, Victor Hugo, les frères Lumière Eiffel, ainsi que des danseuses "animatroniques" du Moulin Rouge 
Le musée présentera ensuite deux expositions simultanées: "les martyrs de Paris" et" l'histoire du rock" 

"Les martyrs de Paris" tentaient de ressusciter la "galerie des supplices" du panorama de la Bastille disparu en 1900. On était accueilli par un moine et on pouvait voir: une noble du XVIIIe siècle collectionnant les têtes de ses amants, un sergent napoléonien nécrophile exhumant des femmes, Mesmer et le mesmérisme, un bûcher, un bourreau questionnant un accusé, des pestiférés, la cour des miracles , les animaux du jardin des plantes abattus et mangés pendant le siège de Paris, des femmes emmurées vivantes, les "convulsionnaires" de Saint Médard, une noyade dans les égouts de Paris, le supplice de la goutte, le supplice de la chèvre. Le clou du spectacle était l'exécution de Louis XVI dont la tête roulait dans le panier toutes les 5 minutes. 
Si les martyrs de paris étaient inspirés du London Dungeon, l'histoire du Rock s'inspirait lui du Rock Circus de Piccadilly Circus.
La galerie ferma en 1996.

Paris 1900 à Grévin les Halles
Carte postale de l'Historial de Montmartre.
Montmartre fut le dernier endroit de Paris où on pouvait trouver des panoramas jusqu'à la guerre de 14.

Les musées de cires anatomiques et pathologiques

Planche anatomique de la taupe par Pinson au Museum
Les cires concernent aussi les végétaux.
Planche du cacaoyer du Museum

Le musée Dupuytren se trouvait dans le réfectoire des Cordeliers, de l'autre coté de la rue, dans la nouvelle école de médecine, se trouvait le musée Orfila. 
Il fut transféré en 1937 dans la nouvelle école de médecine, le musée Orfila s'installera en 1953 dans les nouveaux bâtiments de la rue des St Pères
Musée Dupuytren
Cire du jardinier Delaitre
Musée Orfila tel qu'il était au 8e étage de la rue des St Pères. Certaines salles ayant été fermées en 2006 on proposa en 2007 une visite virtuelle de quelques pièces du musée sur le Net (J F Uhl). Il n'y a plus rien aujourd'hui. 
Crane d'écorché par G Zumbo anciennement au musée Orfila
Un cheval de carton pate des établissements Auzoux au musée Fragonard de l'école vétérinaire d'Alfort.
Les vitrines du musé des moulages de Saint Louis
Petite annonce du Panopticum de l'Univers.
Actualité + cires pathologiques
Le Palace Museum de H Armand.
Notez qu'une pancarte signale qu'une section est réservée aux adultes.
Catalogue du Palace Museum
Accouchement avec fers
Divers chancres syphilitiques d'un cabinet réservé

Après la guerre de 14, on ajouta des cires de "gueules cassées" ou d'effets des gaz.
On peut toujours en voir au musée du Val de Grace
Dans l'art de la cire il ne faut pas oublier les mannequins de mode 
Mannequins Lanvin par Siègel, 13 bd Réaumur (1928)

Le XVII e siècle découvre l'anatomie mais c'est au XVIII e qu'elle se développe vraiment au "Jardin du Roi" alors que  les académies de médecine sont encore pétries de théologie. Les cabinets de cire des particuliers voulurent alors exposer cette nouvelle connaissance du corps humain.
La plus célèbre collection de l'époque est celle de la Specola à Florence dont Bonaparte commande des copies (aujourd'hui à Montpellier).
Le futur Louis Philippe constitue un musée de cires anatomiques au Palais Royal réalisé par A P Pinson.
Le modèle en  cire devint enfin un outil indispensable d'enseignement de l'Ecole de Santé. Fragonard (le cousin du peintre) est nommé chef des travaux anatomiques alors que Pinson obtient un poste de modeleur en cire. 
Napoléon créé une école de cériscuplture à Rouen (1806-1814); on en retrouve aujourd'hui quelques modèles à Paris au Museum et au (défunt) musée Orfila.
Cuvier créé des galeries d'anatomie comparées au Museum.
On s'intéresse ensuite aux cires pathologiques, réalistes pour les professeurs de médecine, ou suggestives pour les musées forains.
Le XX e siècle révolutionne l'imagerie anatomique et les professeurs de médecine , qui avaient été les derniers à comprendre l'utilité des cires, sont les premiers à trouver que cires, bocaux et pièces osseuses sont des objets encombrants et morbides dont il faut se débarrasser.  

Museum d'Histoire naturelle

Le Museum institué par le Directoire est le successeur du Jardin du Roi qui possédait déjà quelques modèles en cire.
Cuvier va commander de nombreuses cires anatomiques pour ses nouvelles galeries d'anatomie comparée qui s'installent dans un "bâtiment flanqué de deux pavillons en avant corps  à l'Ouest du jardin".
Outre les squelettes, les galeries comprennent vers 1850 "25000 préparations, dont 6000 desséchées, 5000 conservées dans l'esprit de vin et le reste en cire ou en plâtre".
Les galeries déménagent en 1892 dans le nouveau bâtiment près de la Seine.
Au fil des années les bocaux et les cires disparaitront des vitrines. 
La galerie de botanique comprenait de nombreuses cires dont une grande collection de champignons, en partie réalisée par Pinson, en partie donnée par l'Empereur d'Autriche.

Musée Dupuytren

Ce musée, créé en 1835 dans le réfectoire des Cordeliers , concernait l'anatomie pathologique, dans l'entrée on était accueilli par une statue d'Ambroise Paré,  la salle Pillet contenait l'histologie et au quatrième étage se trouvait le musée d'anthropologie Broca. Il fut fermé en 1937 mais rouvrit en 1967 de l'autre coté de la rue de l'école de médecine.
On y voyait la cire du jardinier Delaitre, de la fin du XVIII e siècle, présentant un impressionnant naevus veineux, le squelette d'un homme, Pipine,  dont les mains et les pieds étaient directement rattachés au tronc (phocomélie), un fœtus à deux têtes, le cerveau de Deborgne , le patient que Broca utilisa pour élaborer sa théories des zones cérébrales...
Le musée ferme en 2016 et l'exposition actuelle  s'intéresse à l'histoire des instruments médicaux. Ce qui reste des  15 000 pièces  doit être stocké en Seine St Denis ou dans les caves de Jussieu. 

Musée Delmas-Orfila-Rouvière

C'était le musée anatomique de l'école de médecine créé par Orfila en 1844. Il comportait des modèles en cire mais aussi des squelettes humains et animaux, des moulages de paléontologie et de cranes, des préparations d'organes. Il y avait des pièces célèbres comme un petit singe préparé par Fragonard en 1797 ou une cire anatomique de 1701 d'un crane d'écorché par Gaetano Zumbo. Transporté en 1953 dans le nouveau bâtiment de la rue des Saints Pères. Jugé encombrant et inutile par l'université Paris Descartes malgré son classement aux monuments historiques,  la collection est donnée en 2011 à l'université de Montpellier.
Une description de ce musée tel qu'il apparaissait dans les années 2000 se trouve dans l'article le musée de l'Assistance publique (également disparu) et l'histoire des hôpitaux de Paris 

Musée Spitzner

Spitzner acheta des cires anatomiques de Dupuytren pour créer l" Athaneum, Museum anatomique et physiologique" place du Château d'Eau. Il compléta sa collection par des cires présentant les ravages des maladies vénériennes. il y avait aussi une Venus anatomique démontable en 40 parties  Le musée devint forain en 1889, la collection est retrouvée en 1970 en Belgique, achetée et restaurée par les laboratoires Roussel , elle est offerte au musée Orfila et se retrouve donc à Montpellier  

La collection des établissements Auzoux

Le docteur Auzoux commence en 1828 une production de modèles anatomiques et botaniques  en papier mâché dans son usine normande. Il ne s'agit donc pas de cire mais le résultat est assez semblable. L'entreprise fermera définitivement en 2002 et certains modèles intégreront le musée Orfila. Les caisses ne seront même pas ouvertes et elles sont peut être aujourd'hui parvenues à Montpellier 

Le musée de l'école vétérinaire de Maisons Alfort

Le musée Fragonard comporte quatre salles: anatomie comparée et tératologie, squelettes, pathologie et le cabinet de curiosités qui comprend le fameux cavalier écorché de Fragonard.
Il conserve aussi des modèles du Dr Auzoux dont un modèle de cheval.

Le musée des moulages de l'hôpital saint Louis.

Créé en 1855 dans un pavillon spécialement bâti pour lui et une bibliothéque. On y accède par un large escalier aux murs couverts de gravures et de plaques mettant en garde contre la syphilis. La partie la plus importante de la collection est consacrée aux maladies de peau et à la syphilis. Ce pauvre musée faillit disparaitre, sa toiture percée était protégée par des bâches et la collection sommeillait sous la poussière dans une grande salle à deux étages   aux murs écaillés. Il semble aujourd'hui sauvé. 

Les musées forains

Les musées forains faisaient partie des "entresorts", c'est à dire des spectacles permanents, au même titre que les monstres, les nains, les géants, les puces savantes  ou les femmes sauvages.
C'était surtout des "musées d'anatomie" censés expliquer les "mystères de la vie" à l'aide de cires et de bocaux de formol aux contenus divers.
Ils tiraient leur succès des "cabinets réservés" (certains aux messieurs seulement) ou l'on trouvait les spécimens les plus affreux montrant les ravages des maladies vénériennes, un accouchement ou des monstruosités.
Les cabinets réservés furent interdits en 1890 et on note que cette année là il ne reste plus que deux ou trois musées de cire à la foire au pain d'épice de la place de la Nation. 
Les musées avaient leurs bonimenteurs qui servaient aussi de guide. Très souvent un buste changeait d'identité pour représenter la célébrité du moment moyennant quelques ajustements.
Tous ces musées affichaient une vocation "pédagogique", on vendait en plus  un programme explicatif. Par exemple Armand (de Paris) écrit: " Dans les temps passés, il y avait peu de personnes assez favorisées du sort pour connaitre leur propre corps; maintenant par des préparations anatomiques et artistiques, cette facilité est donnée à tout le monde..... Je pense avoir été un guide fidèle à mes honorables visiteurs à travers ce musée et leur avoir expliqué tout ce qui pouvait les intéresser scientifiquement.". Des pancartes indiquent " une minute avec Vénus peut vous valoir des années avec Mercure" (on soignait la syphilis par le mercure), "Méfiez vous des conseils trompeurs et des charlatans !" , "Je pense, Dieu guérit" (la vraie citation d' Ambroise Paré est: je le pansai, Dieu le guérit), ...
Dés 1902 les forains projettent en complément des films réalisés par le Dr Doyen (sans son accord).
La "Photo-Ciné Gazette" décrit en 1908  la fête du Bd Rochechouart. "Pour l'éduction populaire,  ou plutôt pour sa démoralisation, une soi-disant sage femme de première classe a construit un musée ou à coté des cires anatomiques on nous donne pour le même prix à voir  les opérations les plus naturalistes de la chirurgie.. " (des films italiens)

Sites et références






Intérieur breton au musée ethnographique du Trocadéro.
Aujourd'hui les "dioramas" sont passés de mode pour les musées "sérieux"  et le musée des arts et traditions populaires du bois de Boulogne comme le MUCEM se sont passés  de mannequins