Histoire des centres commerciaux de la région parisienne

Je vous propose d'abord quelques chiffres, puis de faire le tour des propriétaires, d'aborder les problèmes de la voiture et de la réglementation et de terminer par l'histoire édifiante des deux centres commerciaux les plus importants: les Quatre Temps et le Forum des Halles.

Le Carrefour de St Geneviève des Bois inauguré en novembre 1963
Goulet Turpin avait ouvert le premier libre-service français en 1948  à Paris dans le XVIII e arrondissement. Le premier supermarché de 560 m² fut L'Express-Marché de Rueil en 1958.
Le premier Leclerc de  Landerneau devient hypermarché en 1964. Un Super Suma de 2650 m² ouvre à Montfermeil en 1967, et la même année le premier hyper Auchan.s'installe à Roncq (Nord)
Parly2
R Balkany voulait importer l'American way of life pour une résidence de "luxe" de  5000 logements.
Il avait acheté le terrain de 270h aux sœurs Poupinet en leur promettant de construitre une église ou on prierait pour le repos de leurs âmes 
Carte des principaux centres de la région parisienne.
Les nouveaux venus ( en rouge) ont du mal à démarrer
Leur principal moyen d'accès est la voiture au contraire des centres parisiens - Forum des Halles, Italie 2, Beaugrenelle,... - ou on vient plutôt par les transports en commun.
En banlieue on remplit son caddie et à Paris on fait du shopping ?
Le premier hypermarché de la région parisienne est le Carrefour de St Geneviève des bois en 1963: un hangar de 2 500m² avec 450 places de parking (1). 
Le centre commercial, qui abrite des commerces dans une galerie couverte, est le lointain héritier des passages couverts. R Balkany et JL Solal importent des USA à Parly 2 en 1969 le concept du Shopping Mail (2).
Les années 70 voient fleurir les centres commerciaux: Belle Epine, Velizy, Rosny, Aulnay, La Défense, le Forum des Halles. Tous comportent un vaste parking et une ou plusieurs grandes surfaces qui servent de "locomotives" au centre et dont l'enseigne change souvent. 
Les grands hypermarchés se dotent ensuite de galeries commerciales. 
Les dégâts sur le commerce de centre ville devenant évident, la loi Royer de 1973 tente de freiner sans succès le développement des centres commerciaux.
La vie d'un centre commercial ne connait qu'une règle: se développer ou périr. Tous les vingt ans les centres commerciaux passent par une phase de rénovation-expansion.

Les chiffres

Suivant Frédéric Giraud les centres commerciaux français ayant plus de dix millions de visiteurs  sont:

  • Les Quatre Temps (92)  – 139 400 m² GLA – 44 millions de visiteurs – 228 boutiques 
  • Forum des Halles (75)  – 64 000 m² GLA – 38 millions de visiteurs – 119 boutiques (75000 m²  150 boutiques après rénovation
  • La Part Dieu (69)  – 130 100 m² GLA – 34 millions de visiteurs – 261 boutiques 
  • Evry 2 (91) - 93 700 m2 GLA – 21 millions de visiteurs – 235 boutiques 
  • Créteil Soleil (94)  - 125 500 m2 GLA – 19,3 millions de visiteurs – 221 boutiques 
  • Espace St Quentin & Sqy West (78)  – 85 000 m² GLA – 18 millions de visiteurs – 150 boutiques
  • Belle Epine (94)  – 141 500 m2 – 17 millions de visiteurs - 221 boutiques 
  • Val d’Europe (77)  – 98 400 m² GLA – 16,5 millions de visiteurs – 160 boutiques 
  • Arcades (93)  – 63 000 m² GLA – 15,7 millions de visiteurs – 160 boutiques 
  • Vélizy 2 (78)  – 104 000 m² GLA – 15 millions de visiteurs – 179 boutiques 3 Fontaines (95) * – 64 000 m² GLA - 15 millions de visiteurs – 150 boutiques 
  • Atlantis le Centre (44) – 43 000 m² GLA – 15 millions de visiteurs – 170 boutiques 
  • Carré Sénart (77)  – 105 000 m² GLA – 14,7 millions de visiteurs – 137 boutiques (arrivée des Galeries Lafayette + 60 nouveaux magasins annoncée pour 2017/2018) 
  • Rosny 2 (93)  – 111 600 m² GLA – 14 ,6 millions de visiteurs – 200 boutiques (rénovation complète en cours en 2015) 
  • Parly 2 (78)  – 107 200 m² GLA – 13 millions de visiteurs – 174 boutiques 
  • Italie 2 (75)  – 56 800 m² GLA – 13 millions de visiteurs – 130 boutiques 
  • Place des Halles (67)  – 41 000 m² - 13 millions de visiteurs – 120 boutiques 
  • Euralille (59) - 66 700 m2 GLA – 12,2 millions de visiteurs – 118 boutiques 
  • O’Parinor (93)  – 90 000 m² GLA – 12 millions de visiteurs - 210 boutiques 
La préminence des centres de la région parisienne est écrasante. Il conviendrait d'ailleurs d'y ajouter des centres "atypiques".
  • CNIT 17,1 milions de visiteurs
  • Le Caroussel du Louvre 13,8 millions de visiteurs 
Si on classe suivant le rapport Visiteurs/m², le Forum des Halles est largement en tête avec 600 visiteurs/m².

 On note donc que Les derniers nés  de la région parisienne ont pour la plupart du mal à démarrer

  • So Ouest (92 Levallois) – 49 000 m² GLA – 10 millions de visiteurs prévus à l’ouverture en octobre 2012 mais 7,8 millions en première année – 101 boutiques 
  • Aéroville (95 Roissy)  – 84 000 m² GLA – 12 millions de visiteurs prévus à l’ouverture en 2013 mais 7,5 millions en première année – 210 boutiques 
  • Beaugrenelle (75)  – 45 000 m² GLA – 12 millions de visiteurs prévus à l’ouverture en 2013 mais un peu plus de 10 millions en année 1 – 120 boutiques 
  • Qwartz (92) – 86 000 m² – 11 millions de visiteurs prévus à l’ouverture en avril 2014 – 160 boutiques 
  • Domus ( Rosny s bois) 63000 m² 7 millions prévus, 3 millions réalisé  
  • Le Millénaire (Aubervilliers) 56000m² GLA, 140 magasins,  6 millions réalisés
Il faut compter aussi avec le projet pharaonique d'Europa City à Gonesse combinant centre commercial et parc de loisirs avec 500 boutiques et 31 millions de visiteurs espérés . Notons que les  centres commerciaux les plus fréquentés de la région parisienne, Le Forum et les Quatre Temps, ont affiché à leurs débuts une ambition culturelle (3). Dans la pratique il ne s'agissait que de publicité, et on a bien vite oublié les expositions des premières années.

Les propriètaires

Les deux acteurs majeurs du secteur sont aujourd'hui Unibail-Rodamco et Klépierre, deux sociètés cotées au CAC40 (il semble d'ailleurs inquiétant pour l'économie française que deux de ses entreprises majeures ne soient que des propriétaires fonciers).
La plupart sont des SIIC (des sociétés d'investissement immobiliers cotées) qui possèdent le foncier, la gestion étant confiée à une autre société (le plus souvent filiale)
Le propriété des centres est extrêmement "fluide", les recompositions, changement d'actionnaires sont très nombreux. A vrai dire ce sont les banques (et depuis peu les fonds d'investissements)  les vrais possesseurs; en changeant leurs investissements elles favorisent tel ou tel opérateur.
  • Unibail Rodamco possède 71 centres commerciaux en Europe et a l'implantation parisienne la plus forte.
    Les 4 Temps, Forum des Halles, Carrousel du Louvre, Carré Sénart, Vélizy 2, Rosny 2, Parly 2, Aéroville, So Ouest
  • Klépierre, challenger d'Unibail, fut  possesseur de nombreux magasins Carrefour rachetés depuis par la chaine .
     Créteil Soleil, Val d'Europe, Arcades, Belle Epine, Les sentiers de Claye-Souilly, gare St Lazare, les Passages ( Boulogne-Billancourt), le Millénaire (avec Icade)
  • Mercyalis
    Massena, Géant (Montargis)
  • Altarea Cogedim possède des centres plus petits ( à l'exception de Quartz)
    Quartz, gare Montparnasse, BercyVillage, Massy place du grand Ouest,Chantereine 14 e avenue ( Herblay), Les portes d'Ambrésis (Villeparisis),Valdoly (Montgeron), Thiais village, Okabé ( Kremlin bicètre), Massy place du grand Ouest. Boulevard Mc Donald.
  • Apsys
     Beaugrenelle, Vill'up (La Villette), Les promenades( Champigny)  
  • Hammerson
    Italie 2 O'Parinor, les 3 Fontaines,Villebon 2, Bercy 2
  • Compagnie de Phalsbourg veut insister sur la qualité architecturale.
    Enox (Gennevilliers), My Place (Sarcelles), Alpha Park (les Clayes sous bois),Red Line (Bussy St Georges)
  • Orion European real estate est un fond d'investissement.
    Domus ( après rachat à KP investments ( filiale de Mab Rabobanks)) 
  • Frey, "requalifie" les entrées de ville, peu présent en région parisienne
    Clos du Chêne (Montevrain)
  • Patrimoine et Commerce, spécialiste des petites galeries commerciales
    Ville du Bois ( Carrefour)
  • Icade, filiale de la Caisse des dépots.
    Le Millénaire ( avec Klépierre), le Parc de Fresnes
Le dernier cité, Icade, est le seul institutionnel. Les 3 précédents sont des acteurs de niche (4) et Orion un fonds qui n'a probablement pas vocation a conserver son portefeuille à long terme.


De gauche à droite  les 3 étapes de la dégradation des commerces de centre ville : recherche d'un repreneur, fermeture définitive, transformation en habitation.
Les gares parisiennes disposaient de grands espaces de service. La gare de l'Est avait au RdC et en sous-sol un espace bagages très important . celui-ci a été transformé en petit centre commercial. les escalators du métro qui menaient directement sur les quais leur sont maintenant perpendiculaires afin d'obliger à passer dans l'espace commercial.
Projet des Quatre Temps.
A l'Est ( à gauche), le pôle loisirs cinémas, restaurants, boite de nuit,..) reliè par la rue des Arcades à l'hypermarché Auchan à l'Ouest. Devant l'immeuble Résille.
La gare fantôme sous les Quatre Temps.
La dalle de la Défense est peut être le seul exemple en France d'urbanisme "prévoyant"
Prévue pour la prolongation de la ligne n°1, inutilisée pour le RER E construit sous le CNIT ...
Première façade des Quatre Temps avec le premier logo, le second sera un  trèfle à quatre feuilles
Nouvelle façade des Quatre Temps avec le Castorama en premier plan.
On aperçoit sur la façade le nouveau logo: 4 carrés de couleur correspondant aux zones du centre .
Nouvelle façade principale des Quatre Temps.
Plan initial (110 000 m² en tout) et plan actuel (140 000 m² GLA).
La Samaritaine au centre a disparu ainsi que la patinoire et la zone culturelle à gauche
Les Quatre Temps  ont suivi la devise de tous les centres commerciaux: grandir ou périr
La rue des arcades remise au gout du jour.
Le Forum en 1969 avant la construction des parapluies

Le projet des parapluies Willerval.
On voudra malheureusement loger tellement de choses sous eux qu'ils perdront presque totalement l'élancement du projet
La place carrée, aujourd'hui détruite, une certaine classe
L'ensemble, un peu fouillis, du Forum et des parapluies
La plaquette de l'exposition " Paris des peintres" au tout début du Forum
A leurs débuts les grands centres commerciaux veulent se  donner une dimension culturelle.
Le succès du Forum est évidemment du à un équipement public: la gare RER
Plan du niveau -3.
La FNAC est présente depuis le début, mais à l'Ouest le centre a eu du mal à se remplir. le centre Cousteau et l'annexe du musée Grévin ont laissé la place à L'UGC Cité Ciné. L'ancien UGC à l'Est a été remplacé par des commerces.
St Eustache vue de la Canopée.
L'opération actuelle a surtout pour conséquence d'offrir 20 000 m² supplémentaires aux commerces.
Elle aura coûté 1 milliard au contribuable parisien.

Le commerce de centre ville

Il est évident que les centre villes perdent continûment des commerces;  c'est flagrant dans les petites villes ou la "grande rue" commerçante se réduit comme peau de chagrin mais le phénomène existe aussi à Paris.
Si l'on compare l'évolution des commerces d'un quartier d'un  arrondissement périphérique entre les années 60 et maintenant (exemple ici) , on constate qu'il y avait autrefois tous les commerces dans un rayon de 100m et qu'il n'y a aujourd'hui qu'un supermarché dans le meilleur des cas. Les commerces alimentaires disparaissent même dans des rues traditionnellement commerçantes comme le faubourg St Denis ou la rue Mouffetard. Ce qui sauve le centre ville de Paris c'est le luxe, les banques et les cafés.
Le populaire va donc (en voiture) dans les hypermarchés de la périphérie  mais il existe une nouvelle clientèle bobo qui n'utilise pas la voiture et a les moyens de payer. A leur usage les grandes chaines ont recréé dans les arrondissements centraux des supérettes  en franchise (Carrefour City Contact Express, A2pas, Huit à Huit...) .(5)

La voiture

En 1900 E Henard distinguait entre 6 types de circulation. La "circulation ménagère", les courses effectuées à l'époque par les femmes, ne nécessitait que des déplacements à pied. Le monde a changé et les courses quotidiennes consomment beaucoup trop de temps si l'on travaille. Aujourd'hui on remplit  un caddie hebdomadaire et son contenu ne peut être emporté que par le coffre d'une voiture (6)
A l'exception du Forum des Halles  la voiture est le moyen d’accès aux centres commerciaux 
Le parking d'un centre commercial pouvait avoir une surface une fois et demi supérieure à la surface construite, la loi ALUR réduit vertueusement les parkings de moitié avec pour conséquence probable une mutualisation des parkings entre enseignes et donc la création de centres plus grands. 
Le "drive" doit aussi faire l'objet d'une autorisation mais on ne voit pas bien comment cela pourrait être un critère de refus d'une implantation.

Les gares 

Si tu ne vas pas au centre commercial, le centre commercial viendra à toi.

L'originalité de certains  centres commerciaux de Paris est de s'être développés autour des gares.
Dans les années 70 la  rénovation de la gare Montparnasse a été l'occasion de construire un centre commercial a coté de la nouvelle gare. Son succès a été modéré.
Il y eut bien-sur ensuite le Forum, bâti dés l'origine sur la gare du RER et ouvert en 1979. 
Les grandes gares parisiennes disposaient d'espace libres en particulier  à cause de la suppression du service bagages de la SNCF.
La gare de l'Est a été la première a être restructurée en 2007  autour d'un centre commercial. Il y eut ensuite la gare St Lazare en 2012. 
Il reste le problème de la gare du Nord, devenue la plus grande gare de Paris, pour laquelle il existe des projets farfelus.
Les centres commerciaux envahissent donc de plus en plus les lieux ou nous sommes obligés de passer ou ceux ou nous allons dans un but tout différent de l'achat ( le Carrousel du Louvre)

La réglementation

La loi Royer de 1973 a créé le principe d'une autorisation préalable pour l'implantation du grand commerce. Le dispositif sera ensuite revu par la loi Sapin en 1993 et par la loi Raffarin en 1995, puis par la loi LME de 2008 et par la loi Pinel de 2014. Tout commerce d'importance doit obtenir, en sus du permis de construire, l'autorisation d'une commission départementale (CDEC devenue CDAC). Dans la pratique l'arrivée d'un centre commercial est pour une collectivité synonyme d'emplois et de rentrées fiscales. Il y a donc une vrai concurrence entre mairies ou intercommunalités. Le futur bilan d'implantation d'un centre commercial est présenté par les édiles comme générateur d'emplois nouveaux sans tenir compte de ceux détruits dans le petit commerce ou même le centre commercial de la ville voisine. Les commissions départementales sont donc presque toujours favorables à l’implantation des grandes surfaces (à 77% en 2014) et seule la commission nationale (CNAC) arrive dans certains cas à freiner les ardeurs des élus locaux.
La loi Pinel prévoit un renforcement du contrôle des commissions délivrant les autorisations et rend plus contraignant les critères d'implantation mais il n'y a toujours aucun plan départemental (ni régional bien sur) et la concurrence entre collectivités encourage toujours l'implantation de nouveaux centres commerciaux inutiles.
Notons par ailleurs que les SIIC peuvent faire figurer à leur bilan des actifs "fantômes" ( des surfaces commerciales vides) ce qui gonflent leur bilan et leur  permet de financer le projet suivant

Histoire des Quatre Temps

Au début de l'aménagement de la Défense, en 1964, aucun centre commercial n’apparaît sur le plan masse car le concept n'existe pas encore en France.
Le Printemps et les Galeries Lafayette sollicitent l'aménageur, L'EPAD, en 1965. En 1967 l'embryon d'une surface commerciale apparait sur le plan.
Le programme des tours commence avec la tour Esso et  la tour Nobel et P Delouvrier insiste sur la nécessité d'adjoindre au programme des tours un centre commercial.
Le programme "tête Défense" subira bien des modifications mais en 1972 la SCI  du centre commercial de la Défense est constituée, détenue à 25% par l'EPAD, 20% par le Crédit Lyonnais  et pour 65%  à la société Rhodanienne qui n'est autre ... qu'une filiale du Crédit Lyonnais.(7)
En 1974 le programme est défini par l'équipe Guy Lagneau J Dimitrijevic et Atea , il a pour ambition de créer  le plus grand centre commercial d'Europe avec 4 niveaux de parkings (8). A l'Ouest on a la Samaritaine et le Printemps et à l'Est le pole loisirs reliés entre eux par la rue des Arcades.
Le chantier débute en 1976, le Printemps est remplacé par Auchan ce qui oblige a percer les dalles pour faire passer les travelators (rampes mécaniques pour les caddies).
Le centre commercial de 110 000 m² est inauguré en 1981. la Samaritaine, la patinoire  ferment deux ans après l'ouverture. Un attentat à la bombe, revendiqué au Liban, a lieu en 1986. Le Midnight Express, boite de nuit qui se situait à l'emplacement du Castorama  connait de violentes bagarres.
A la Défense le promoteur principal est la SARI dirigée par Christian Pellerin qui a racheté le CNIT en 1986. Celle-ci construit un musée de l'automobile et une salle IMAX.
Unibail (9) rachète l'ensemble en 1999 dans la grande braderie des actifs immobiliers(10) de la CGE et en confie la gestion à la SERETE. Le nouveau propriétaire ferme le musée et l'IMAX, condamne l’accès au Bricorama qui n'a pas renouvelé son bail, Marc et Spencer ferme son magasin.
Il est urgent de donner un nouveau souffle au centre par la méthode habituelle: la rénovation-extension.
La façade est refaite, les entrées agrandies et le "Dome" est créé ainsi qu'un nouveau cinéma UGC. Le tout est inauguré en 2006. Une seconde tranche de travaux voit la construction du Castorama en 2008.
Unibail possède les Quatre temps et son vis-à-vis du CNIT, il traite donc l'ensemble comme un centre unique.

Histoire du Forum des Halles

En 1973 SERETE aménagement (11) est retenue pour la conception du Forum qui sera inauguré en 1979. La cathédrale de Chemetov s'ouvrira à l'Ouest en 1985. Le forum est un centre atypique car on y accède par les transports en commun, et non par la voiture, et qu'il ne comporte pas de grande surface locomotive. On ne vient pas au Forum pour remplir un caddie mais principalement pour acheter des vêtements ou aller au cinéma (12).  La Socièté Civile du forum (SCFHP) possédait  un bail à construction expirant le 31 décembre 2055. Elle a connu de nombreux actionnaires: Nippon Life avait brièvement acheté 1/3 des actions en 1989 mais c'est UNIBAIL qui rachètera 70% pour 720 M de francs en 1995 (essentiellement au Crédit Lyonnais et à Nippon Life), le reste étant dévolu à AXA. Les nouveaux actionnaires entreprennent alors une rénovation de l'aspect du centre de 64 000 m² mais sont aussi demandeurs d'une rénovation plus globale et de 15 000 m² de commerces en surface.
Dès 2002, le maire B Delanoë, épaulé de sa première adjointe A Hidalgo, fait entreprendre des études pour rénover la rénovation de l'ère Chirac. En 2004 on lance un concours d'architecture et le maire sélectionne le projet Mangin pour le parti pris du jardin et la coordination. Le maire veut "un grand geste architectural" et c'est en 2007 Berger et Anzuitti qui emportent le projet de la Canopée. 2010 voit le début du chantier. Si on se fie aux concours, deux choses importaient: le jardin et la Canopée; le reste - réaménagement de la gare RER , suppression des voiries souterraines, extension de la surface commerciale - relevait de mesures "d'accompagnement". Autrement dit priorité à ce qui se voit de la surface. Je pense au contraire que ce qui importait le plus aux parisiens et aux banlieusards était la réorganisation de la gare souterraine.
Le Forum reçoit 38 millions de visiteurs par an, c'est le plus rentable des centres commerciaux français. La logique des centres commerciaux veut que l'on doit rénover et grandir au bout d'une vingtaine d'années ou périr. Le locataire, Unibail Rodamco était donc demandeur de rénovation et d'extension dès 2000 et aurait du participer massivement au financement du projet. Au lieu de négocier avec Unibail dès le lancement du projet en 2002, ce n'est qu'en 2008 , alors que l'aspect du projet a connu un fort battage médiatique, que la mairie négocie avec Unibail qui se pose alors en locataire malheureux contraint d'accepter des travaux imposés par son propriétaire.
A cause de cette incroyable erreur de la mairie, Unibail va imposer ses conditions tant au niveau programme qu'au niveau financier. C'est en vérité le contribuable parisien qui assumera le milliard d'euros nécessaire (dont 250 M€ environ pour la Canopée) alors qu'il n'y a dans l'opération que 1050 m² d'équipements publics supplémentaires mais 20 000 m² nouveaux pour les commerces.
Unibail reçoit même en cadeau la propriété du centre pour un prix d'ami avec des facilités de paiement (voir l'article nos chères Halles).  Avec la rénovation actuelle la mairie vend le Forum (la SCFHP n'avait qu'un bail) 238 M € perdant ainsi 1,8 M€ de redevance par an (soit 81M€ sur la durée du bail). Elle assurera aussi une participation à l'entretien et aux servitudes des circulations du centre estimée en 2009 de 1,5M à 2,5M€ par an et a racheté en outre des baux pour 82,5 M €.
La Canopée comporte 6100m² de commerces et 7 000 m² d'équipements publics, la ville vend les commerces 51 M€ alors que le bâtiment a couté 250M€.
  1. Ce magasin eut Francoise Sagan pour marraine et un curé pour le bénir à l'inauguration. Dans le Nord le premier Auchan de Roncq ouvrira en 1967.
  2. Le premier centre commercial français sera Cap 3000 près de Nice qui ouvrira quelques semaines avant Parly 2. La France compte aujourd'hui plus de 700 centres commerciaux dont une vingtaine de "super-régionaux". Ils ont quasiment tous été conçus sur le modèle "no parking, no business"  de B Trujillo dont les fondateurs de Carrefour, Auchan, Casino, Darty,.., ont suivi les séminaires.
  3. Le Forum organisa des expositions, la partie Ouest, culturelle, des Quatre Temps possédait un musée de l'automobile. Seul le Forum posséde des équipements publics modestes.
  4. A coté du secteur classique des SCIIC (bureaux, commerces, appartements), certaines se sont installés sur des niches, par exemple  Argan est spécialisé dans les entrepôts 
  5. La publicité Carrefour déclare qu'avec un investissement de 7500€  vous pouvez créer votre franchise avec un CA espéré entre 900k€ et 10M€. Il semble évident  qu'en réalité  le futur franchisé sera pieds et poings liés avec la chaine qui fera surtout l’économie d'embauche de coûteux salariés 
  6. Il me semble étrange qu'un service comme Autolib ne permette pas d'emporter des objets volumineux alors, qu'avec le transport de personnes très âgées, c'est le seul motif de ne pas prendre les transports en commun hors activité professionnelle. J'en déduis qu'Autolib est destiné aux jeunes bobos et ne réduit pas le trafic automobile 
  7. Le Crédit Foncier et la Caisse des Dépots prennent ensuite une part très minoriatire 
  8. Sous le centre un grand espace vide devait recevoir une station de métro. Le prolongement de la ligne 1 se fera en rognant sur l'autoroute. Le prolongement de la ligne E aura sa gare sous le CNIT. Il existe donc toujours un grand espace vide.
  9. Unibail, créée en 1968, est à l'origine une société de financement de l’immobilier, elle va devenir progressivement une entreprise d’investissement immobilier (SIIC).D'abord filiale de Worms, elle évoluera sous la direction de Léon Bressler, trouvera d'autres actionnaires et dans les années 2000 assurera directement l'opération "Cœur Défense" qu'elle revendra en 2007. Elle fusionnera avec le hollandais Rodamco en 2007
  10. Les mises en cause judiciaires de la SARI finissent par effrayer les banques et oblige la CGE à reprendre le CNIT. La société essaye sans succès en 1993 de revendre le bâtiment au Conseil général. A l'arrivée de J M Messier en 1994 à la tête de la CGE, celui-ci tente d'y voir clair dans le patrimoine immobilier de l'entreprise. Il rachète pour cela un petit promoteur - Georges V - qui va piloter le regroupement des activités immobilières au sein d'une société unique (CGIS) mettant ainsi au placard Christian Pellerin. J2M (ainsi que l'on appelait alors J M Messier) veut ensuite se débarrasser du patrimoine immobilier et donc de la CGIS. La CGE devenue Vivendi, vend globalement en 1999 le CNIT, la tour Ariane et le Carrousel du Louvre pour 915M€. CNIT SA sera absorbée directement par UNIBAIL en 2000 (et la même année UNIBAIL prendra le contrôle de Paris Expo (la société d'exploitation du parc des expositions de la porte de Versailles))
  11. SERETE aménagement est filiale de la SERETE qui est une société d'ingénierie. La construction sera confiée à Bouygues. Les deux sociétés ont alors pour actionnaire principal le Crédit Lyonnais (CL). La SERETE a alors déjà réalisé le centre de Cergy Pontoise. La SERETE se sépare de sa filiale en 82, elle est achetée par la socièté ARC (soutenue par le CL et par Worms). La société prend alors le nom d'Espace Expansion et se rapproche en 87 d'Unibail pour être finalement absorbée en 95.
  12. La locomotive de ces centres sans parking serait elle le cinéma ? C'est bien le cas à BercyVillage qui n'a auune grande surface.. 

Sites et références