Histoire des panoramas et dioramas à Paris

Le premier panorama de Paris ouvre en 1799 au "jardin d'Apollon". Durant le XIX e siècle les panoramas deviennent  de  plus en plus grands et réalistes et on invente d'autres "ramas". La guerre de 1870 fournit de nombreux sujets aux panoramas, ensuite les expositions universelles présenteront des panoramas à vocation "géographique". L'invention du cinéma portera un coup fatal à ces spectacles.
L'intérieur du panorama des Capucines de P Prevost en 1808 par L J Mandé
Explication du panorama de Rome.
Une notice était remise aux spectateurs 
Coupe du panorama des Capucines 
Les deux rotondes du passage des panoramas 
Coupe d'un panorama 
Panorama Marigny de Garnier aux Champs Elysées

Panorama d'Hittorff aux Champs Elysées
Coupe du panorama d'Hittorf 
"Le panorama est une peinture circulaire exposée de façon que l'œil du spectateur placé au centre et embrassant tout son horizon , ne rencontre que le tableau qui l'enveloppe" (G Bapst)
Ils sont contenus dans une rotonde à toit conique dont les premières auront 17m de diamètre sur 7 m de hauteur et les dernières plus de 50m sur 16m de hauteur. Le spectateur prend place sur une plateforme centrale surélevée et l'éclairage est zénithal. Vers 1830 on compléta la peinture avec un décor de premier plan sur le sol. En 1855 Charles Langlois utilisera la photographie  pour préparer la panorama du siège de Sébastopol. Le panorama donne l'illusion au spectateur mais est statique, on tentera de donner du mouvement avec le diorama puis toute une série d'attractions dérivées. L'apparition du cinéma marquera la fin des panoramas.

Les premiers panoramas 

Le panorama est une invention anglaise, le brevet en fut déposé par Robert Barker en 1787.
L'américain Robert Fulton obtient en 1798 un brevet d'importation  qu'il revend à J Thayer. Celui-ci construit deux rotondes de 17m sur 11m de haut   au jardin d'Apollon, rue Nd dame des  Capucines,  ou il expose en 1799 une vue de Paris depuis les Tuileries de P Prevost.
Le jardin d'Apollon était le parc du ci-devant couvent des capucines transformé en "jardin de plaisirs" qui proposera les "fantasmagories" de Robertson, le théâtre de Franconi et d'autres spectacles.
On exposera successivement au jardin d'Apollon: une vue de Toulon en 1800, un vue de Lyon en 1801, une nouvelle vue de Paris en 1802, une vue de Rome en 1804.
A l'angle du boulevard s'établit un concurrent, le Géorama, sphère géante de 14m de diamètre  présentant les 5 parties du monde.
Les rotondes sont remplacées, probablement au lotissement du jardin d'Apollon après 1806, par une plus grande rotonde de 32 mètres de diamètre sur 16m de hauteur dont l'entrée se situe Bd de la Madeleine (Bd des Capucines). On y exposera une vue de Tilsitt en 1808, Wagram en 1810, le port d'Anvers en 1812, l'arrivée de Louis XVIII à Calais en 1814,  Londres en 1816, Jérusalem en 1820, Athènes en 1822, Rio de Janeiro en 1824, Constantinople en 1825, le Danube en 1829.  La grande rotonde fut détruite vers 1830.
Les panoramas suivaient l'actualité, avec un  peu de retard: Toulon, était pour le jeune Bonaparte, Rome pour Pie VII à Paris, Tilsitt pour  le traité de 1807,.. Napoléon visita l'entrevue de Tilsitt  et pensa que de telles scènes pouvaient servir à sa gloire. Il chargea l'architecte Cellérier de dresser les plans de 8 panoramas qui devaient être élevés aux Champs Elysées et présenter les principales batailles de l'Empire 
Thayer achète l'hôtel de Montmorency et construit en 1800 deux rotondes de 14 mètres de diamètre et 7 de hauteurs ainsi que l'actuel passage des panoramas. On y présenta la vue de Londres (importé de Londres  ou il était précédemment exposé par Barker), "le camp de Boulogne" (pendant qu'à Londres on exposait la bataille de Trafalgar),  puis "la vue d'Amsterdam", de Naples  et celle de Rome  par P Prevost. Les rotondes sont détruites en 1831.
Pierre Prevost meurt en 1823 et durant quelques temps il n'existe pas de peintre capable de lui succéder. L'étude du panorama de Constantinople existe  toujours dans les réserves du Louvre 

La maturité

Le colonel et peintre Charles Langlois construit  le panorama de la rue des marais du temple, derrière les théâtres du "Bd du Crime",  en 1829 : 35 m de diamètre sur 13 m de haut. Pour mettre en scène "la bataille de Navarin", il achète un vrai navire, le Scipion de 74 canons, et fait de sa dunette  la plateforme pour les spectateurs.  C'est lui qui le premier fera un décor au sol avec des objets matériels. Il donna ensuite "la prise d'Alger "en 1833  (à laquelle il avait vraiment participé comme militaire), puis "la bataille de la Moskowa" en 1835. Le panorama ferma vers 1840  
Hittorff construit le panorama des Champs Elysées  dans le carré Marigny. On y donne en 1839 "l'incendie de Moscou",  en 1843 "la bataille d'Eylau" et en 1849 "la bataille des Pyramides" .  Pour la première exposition universelle de 1855 le bâtiment du panorama devint une annexe ou est exposée les produits de manufactures et les diamants de la couronne.
Pour remplacer ce panorama on construit un nouveau bâtiment à l'angle de l'avenue des Champs Elysées et de l'avenue d'Antin.  Le colonel Langlois se rend à Sébastopol  et en  ramène des photographies qui permettent de construire un panorama exact du siège en 1860.  Ce panorama est remplacé par "la bataille de Solferino", basé lui aussi sur des photos, en 1865. Langlois meurt en 1870.  
Esquisse du panorama de Paris par P Prevost 1804
Il existe aussi deux tableaux reproduisant le  panorama au musée Carnavalet

Etude pour le panorama de Constantinople par P Prevost en 1818.
Cette étude est dans les réserves du Louvre 

Photo préparatoire du panorama de Sébastopol (la tour de Malakoff) et scène du panorama de Solférino.
Dans les deux cas Langlois photographie plusieurs mois après la bataille, l'action est donc le fruit de son imagination
Maquette pour un panorama de Karnak. Langlois musée de Caen



Gravure du panorama du siège de Paris par Philippoteaux "exporté" au Crystal Palace vers 1880.
Après l'exposition de 1851, le  Crystal Palace est reconstruit à Sydenham et devient un musée " éclectique"
Fragment du panorama de Rezonville (à droite, dans la courbe du mur dans la vue du panorama ci-dessous)

Les panoramas de la guerre de 70

Si cette guerre franco-prussienne fut une sanglante défaite, on s'en consola en présentant des scènes héroïques de résistance. Ce fut un tournant dans la peinture de guerre, car auparavant on présentait le chef en premier plan sur un fond de masses confuses mais  dans cette guerre les chefs ont failli et on va mettre au premier plan des humbles, les panoramas vont représenter une série de petites scènes héroïques  avec des  héros quasi anonymes.

Construit en 1860 par Davioud, "le panorama National" (aujourd'hui théâtre du Rond Point) présente en 1871 "le siège du fort d'Issy" plus connu sous le nom du "siège de Paris"  par F Philippoteaux. Ce sera un succès présenté jusqu'en 1890 et dont l'artiste fera deux copies: une pour l'Europe et l'autre pour l'Amérique. Le panorama est complété par un diorama "vue d'une rue méridionale de Paris durant le bombardement"

Charles Garnier construit alors en 1880 le panorama Français au 251 rue St Honoré et le panorama Marigny en 1882 (devenu aujourd'hui théâtre). Le premier présentera en 1882 le panorama des cuirassiers de Reichshoffen, en  1889 la bataille de Rezonville (Gravelotte) par de Neuville et Detaille, le second la bataille de Buzenval par T Poilpot. 

Le panorama national du 5 rue de Berri ouvrira en 1882 avec la bataille de Champigny par Detaille et de Neuville.

Panorama du siège de Belfort par Berne-Bellecour
Le panorama de Sedan, par A Werner était exposé à Berlin.


Panorama de la bataille de Champigny par Detaille et A de Neuville.
Il était présenté au panorama national 5 rue de Berri, près des Champs Elysées.
En 1892 il sera découpé en 42 morceaux et vendu.
La ville de Champigny en propose une "version animée"

Panorama de la bataille de Nuits par T Poilpot
T Poilpot était un spécialiste des panoramas. Il réalisa Balaklava (à Londres), Reischoffen, Buzenval, la prise de la Bastille, et même des panoramas américains sur la guerre de sécession.


Panorama de la bataille de Rezonville (Gravelotte)  par Detaille et A de Neuville, exposé au panorama du 251 rue St Honoré construit par Garnier
On trouve de nombreux fragments de ce panorama un peu partout, en particulier au musée de la guerre de 70 à Gravelotte.

Panorama commenté de Rezonville. Les parties peintes par Detaille et Neuville sont distinguées

Authenticité historique garantie par la "société nationale des panoramas populaires "(2)
Le modeste diorama de Montmartre 18 rue Lamarck.
En 1891 M Barthélémy directeur du diorama, dans un accès de générosité, propose au conseil municipal une réduction de 50% pour les enfants de orphelinats. Le conseil répond que son exposition est "d'un caractère artistique trop élevé pour des enfants".
Il y aura tout de même une réduction pour les "pèlerinages et les écoles"
Le panorama du Sacré-Cœur
La basilique  du  Sacré-Cœur est encore en construction; avant le panorama on distingue la gare du funiculaire. 

Les panoramas historiques après 1870.

En 1880  le panorama du "Château d'Eau" ouvre  1 et 3 rue du château d'eau et 26  rue de Bondy (René Boulanger) (à l'emplacement de l'actuelle bourse du travail) , il présente "la défense de Belfort". Sa vie sera très brève, il semble qu'il ferme dès 1883 (1)

Le panorama de la Bastille, place Mazas,  accueillera d'abord en 1881 "la prise de la Bastille" de T Poilpot et Jacob, puis le "Paris médiéval" et enfin "le Pont Neuf en 1792". Il brulera en 1891 mais fut reconstruit, il présentera alors  "la prise de la Bastille" puis donnera en spectacle "les tortures et supplices de tous les temps". Il disparaitra après 1900. 

En 1884 on  ajoute au panorama Marigny un diorama "Paris à travers les âges" d'Hauffbauer , 8 dioramas disposés en cercle et on présente en 1887 "Jérusalem au temps d'Hérode".

La Butte Montmartre aura 4 panoramas  destinés aux pèlerins qui gravissent la Butte pour se recueillir au Sacré-Cœur (3).

  • Rue Becquerel: panorama de la bataille de Patay par Castellani ouvert en 1893. La scène principale est la charge des zouaves pontificaux, bannière du Sacré Cœur en tête, dans cette bataille de la guerre de 1870.
  • Au 24 rue Lamarck: panorama des croisés d'Orient montrant la prise de Jérusalem 
  • Au 18 rue Lamarck: demi panorama de Jérusalem (d'abord exposé à Marigny puis transféré sur la Butte en 1899), puis le diorama de Rome vers 1905.
  • Rue St Eleuthère: panorama du Sacré Cœur présentant la Terre Sainte.

En 1899, dans les jardins du Trocadéro près du Bd Delessert, s'ouvre une rotonde construite par Frantz Jourdain , contenant le panorama de la bataille d'Iéna (114 m x 14 m) peint par Poilpot et augmenté de 10 dioramas 

La société des  "panoramas et dioramas historiques de Russie " s'installe au 22 Bd des Capucines. Le panorama est une industrie qui s'exporte.

Panorama de Jérusalem par Olivier Pichat.
D'abord exposé à Marigny, il finira sa carrière à Montmartre


Le tour du monde animé de l'exposition de 1900
Charpente métallique du panorama de la compagnie générale transatlantique à l'exposition de 1889

Le mareorama de l'exposition de 1900.
Le navire tangue et les paysages défilent.
Le cineorama de R Grimouin-Sanson.
Avec ses dix projecteurs il devait donner l'illusion aux spectateurs d'une ascension en ballon. Malheureusement "des difficultés techniques" empêchèrent son exploitation.
Attractions principales de l'exposition de 1900.
On note l'importance des "ramas"

Les expositions universelles 

A coté des produits de chaque nation, les expositions universelles vont présenter de plus en plus d'attractions parmi lesquelles, bien sur, des panoramas.

La première  exposition de 1855 est "sérieuse" et ne présente pas de "diversion" (d'attraction) et annexe même le panorama des Champs Elysées pour y exposer des produits industriels et les bijoux de la couronne 
En 1867 la tentative du théâtre international est un échec, il y eu bien un géant chinois et un homme sans tête mais rien de consistant
En 1878 on revient au "sérieux" avec tout juste un aquarium au Trocadéro (ancêtre de l'actuel) et un ballon géant.
Dans ces trois premières expositions il faut chercher des attractions hors de l'exposition (ce qui est assez facile).

 A l'exposition de 1889 les attractions sont nombreuses avec des prétextes scientifiques, géographiques ou ethnographiques.
Pour les panoramas on a celui de la compagnie générale  transatlantique montrant un navire de la compagnie entrant dans le port du Havre. On a aussi  "La baie de Seine" par T Poilpot , le "panorama de Jeanne d'Arc"
L'exposition comporte aussi un Georama de 13m de diamètre. 
"Le panorama du siècle" et le "musée historique du centenaire" , dédiés au centenaire de la révolution sont décrits dans un autre article
Dans le pavillon des forêts on a des dioramas de M Gabin représentant des paysages des alpes. 
Près du pont d'Iéna on a le panorama du pétrole par Poilpot où le spectateur voit, du toit d'un réservoir, toutes les phases d'extraction et de traitement.

il y a sept panoramas  à Paris hors de l'exposition. Aux Invalides il y a le panorama de M Castellani " le tout Paris", avenue de Sufffren, "le panorama de Rio Janeiro", avenue Bosquet le panorama et musée " Jeanne d'Arc", porte Dauphine le panorama "les chutes du Niagara", le panorama du "monde antédiluvien" au jardin d'acclimatation"

L'exposition de 1900 marque l'apparition d'une nouvelle invention, le cinéma, et annonce la fin des panoramas. 
On a  dans la section française un panorama de la mission Marchand, un panorama de Madagascar, une "chasse aux gorilles au Gabon" au Palais de l'Industrie, 3 panoramas dans la section Russe,  "Le tout Paris" par Castellani à l'esplanade des Invalides, le panorama du Mont blanc. dans le pavillon du club alpin, ...
D'autres attractions dérivent du panorama et du diorama.
Au pied de la tour Eiffel, dans un palais d'inspiration asiatique,  on a au RdC un panorama des cotes sauvages de Méditerranée, au 1er des dioramas des grandes villes du monde et au second  le panorama animé du tour du monde qui présente une série de toiles sur L'Europe et l'Asie avec en premier plan des acteurs en chair et en os.
On propose aussi le  Mareorama où   le spectateur se tient sur le pont d'un navire affrontant de fortes vagues et découvre de grandes images déroulantes.
Les pavillons des nationalités proposent des panoramas ou des dioramas.  Par exemple dans  le pavillon de l'Asie Russe on propose monter dans un wagon du transsibérien pour voyager de Moscou à Pékin: " on traversait les grands fleuves parsemés de bois flottés, les forêts de pins et de mélèzes , les déserts d'où émergeaient des tombeaux mongols" (Paul Morand). 
Le globe terrestre de 45 m de diamètre présentait un cosmorama avec une voute céleste et des étoiles en verre taillé.
Avenue Daumesnil, à l'exposition du commerce et de l'industrie,  on a le panorama du couronnement du tsar Alexandre III par Poilpot.
On a enfin le Cinéorama, une combinaison trop ambitieuse de cinéma et de panorama simulant un voyage en montgolfière au dessus de Paris. 

1900 est l'apogée et la fin des "ramas". 
En 1901 il existe encore 5 panoramas: le panorama de la bataille d'Iéna Bd Delessert, le panorama de la Bastille place Mazas, le panorama de la bataille de Patay rue Becquerel, le diorama de Jérusalem rue Lamarck et le panorama de la terre sainte rue St Eleuthère.
En 1907, Charles Pathé décide de louer ses films au lieu de les vendre. C'est la fin du cinéma forain et le vrai début des salles permanentes (5).  On compte alors  7 cinémas à Paris  mais plus que 2 modestes "ramas" à Montmartre (diorama de Rome rue Lamarck, panorama du Sacré Cœur rue St Eleuthère)(4)

Les autres fabriques de l'illusion du XIX e siècle

Promenade dans un parc.
Bande de 17 transparents de Carmontelle au musée du Louvre Lens 
Le diorama de Daguerre près de la place du Château d'Eau (à l'emplacement de la place de la république)

Plan du Diorama.
La salle A tourne pour se mettre en face des trois scènes E.
Derrière le Diorama se trouve le Vauxhall
Diorama de la messe de minuit.
En peignant des tableaux sur les 2 faces d'une toile transparente et en modifiant l'éclairage on parvient à remplir  de fidèles une église vide le jour.
Un diorama de Daguerre est encore visible aujourd'hui derrière l'autel de l'église de Bry sur Marne
Une des toiles de l'intérieur de l'abbaye de Westminster

Le Géorama des Champs Elysées.
Extrait d'un album sur les "Ramas" des Champs Elysées

Les transparents de Carmontelle

Carmontelle réalisait pour le duc de Chartres des "transparents, tableaux sur papier très fin, où étaient représentés les sujets les plus divers, paysages, animaux, scènes de genre, caricatures, qu’il déroulait devant une vitre". 
La bande mesurait 40 cm de haut avec une longueur maximale de 55m. Elle était enroulée sur des rouleaux contenus dans une boite que l'on éclairait par derrière, la salle étant plongée dans l'obscurité. Ce divertissement privé fut créé en 1783 et se termina sous l'empire en 1804

Le Diorama 

Daguerre et Bouton installent leur diorama rue Sanson (près de la République) en 1823.  C'est une rotonde au centre de laquelle se trouvait une plateforme mobile rotative ou se plaçait les spectateurs et en périphérie trois scènes de théâtre. La plateforme mobile avait une ouverture de 7 X 4 m que l'on plaçait successivement devant les quatre scènes durant le spectacle. On  tente de donner du mouvement à ces scènes en s'inspirant des méthodes du théâtre, tout d'abord en modifiant la lumière  pour passer du jour à la nuit, ensuite en jouant sur la transparence de toiles.

Les tableaux les plus connus sont; l'intérieur de la cathédrale de Canterbury, St Pierre de Rome, l'inauguration du temple de Salomon, le tombeau de Napoléon à St Hélène .

En 1831 on présenta la messe de minuit à St Etienne du Mont. L'édifice apparaissait d'abord vide, la nuit tombait, les cierges s'allumaient et les fidèles arrivaient. La vallée de Goldau montrait des éboulements de rochers et le sermon à l'église de Montréal reprenait le scénario de la messe de minuit.

L'édifice brulera entièrement en 1839.

Le diorama, sous la forme d'une scène derrière une vitre avec des éléments réels devant une  toile de fond, sera surtout utilisé pour des sujets historiques ou naturalistes. 

L'exposition coloniale présentera des dioramas, celui des productions des colonies seront conservés dans une salle du musée de la porte dorée.

Les dioramas subsistent dans les musées d'histoire naturelle et sont toujours le moyen d'expression de certains artistes.

Les autres "Ramas"

M Alaux fit construire, rue St Fiacre, le Neorama en 1827 . Il y présenta des vues d'intérieur: la basilique de St Pierre puis celle de Westminster  avec peu de succès. Il n'y a pas de plateforme d'observation, on peut se promener librement, la vue est déformée pour compenser la perspective. L'épidémie de cholera de 1832 fut fatale à l'entreprise ( voir encadré en fin d'article)

Les Pantheoramas (ou pansteoramas, ou panteoramas) sont des plans en relief. On trouve celui de Londres en 1802 au pavillon de Hanovre, puis des plans de Paris, en 1806 au Carrousel et en 1825 aux montagnes russes de Beaujon. En 1816 on a des vues d'Amsterdam, de l'aqueduc des Médicis au 7 rue de Richelieu. Le Pansteorama de Neuilly présente des vues de Paris, Londres, Constantinople... vers 1812

Le Géorama est une sphère creuse, le spectateur placé en son centre y voit la représentation  inversée de la terre. Le premier Georama s'établit Bd des Capucines et disparait vers 1830. Il y eut aussi un Géorama dans le quartier Plaisance  (faisant alors partie de Montrouge) (1834-1845), un dans le carré Ledoyen (1844-1851) et enfin un en face du parc Montsouris (1868-1890)

Il y a en outre les Carporamas, les Cosmoramas, les Pyronoramas, les Diaphanoramas

Le premier et le dernier panorama parisien

En 1779 Louis XVI commande au peintre Le Masson une vue circulaire de Rome destinée à décorer la laiterie de Rambouillet. La révolution empêchera la réalisation finale mais une étude de plus de 4,50 m de long  existe toujours.

En 1919 le Panthéon de la guerre par Carrier-Belleuse et A F Gorguet est un panorama de 130 m de long sur 14 m de haut représentant 6000 personnages. C'est plus une commémoration qu'un panorama. Abrité dans un bâtiment spécial  près des Invalides, il recevra 3 millions de visiteurs jusqu'en 1927 date à laquelle il partira aux Etats Unis.
  1. Il semble que l'entreprise soit mort-née à cause du cout de construction du bâtiment du à la découverte d'une rivière souterraine. On voulut le transformer en café concert, construire un théâtre national pour finalement édifier la bourse du travail
  2. Le musée Grévin tenta récemment de ressusciter la "galerie des supplices". Il installa au forum, dans une partie des locaux laissés libres par la faillite du parc océanique Cousteau,  "les martyrs de Paris" (après une sage exposition sur "Paris 1900"). On était accueilli par un moine et on pouvait voir: une noble du XVIIIe siècle collectionnant les têtes de ses amants., un sergent napoléonien nécrophile exhumant des femmes, Mesmer et le mesmérisme, un  bûcher, un bourreau questionnant un accusé, des pestiférés, la cour des miracles , les animaux du jardin des plantes abattus et mangés pendant le siège de Paris, des femmes  emmurées vivantes, les "convulsionnaires" de Saint Médard, une noyade dans les égouts de Paris, le supplice de la goutte, le supplice de la chèvre. Le clou du spectacle était l'exécution de Louis XVI dont la tête roulait dans le panier toutes les 5 minutes. La galerie ferma en 1996.
  3. On y trouve aussi "une splendide reproduction en miniature de l'église de Brou".  Les panoramas religieux de Montmartre seront les derniers survivants de l'espèce.
    Sur le plan profane, quand j'étais jeune , il y avait encore un diorama , "l'historial de Montmartre", près de la place du Tertre (créé en 1954 et remplacé aujourd'hui par un musée Dali). Celui-ci tenait du musée de cire et racontait l'histoire de Montmartre depuis St Denis jusqu'au père Frédé..
  4. On trouve aussi dans les annuaires un mystérieux "diorama du gymnase", 4-6 rue d'Hauteville dont je ne sais rien (il n'apparait pas dans les guides et les journaux)
  5. Les frères Lumière créent leur première salle, près de la porte St Martin dans  un ancien musée de cire, quelques mois après la projection du Grand Café en 1895. La salle  passera sous le contrôle de Pathé en 1912 et terminera son existence sous forme de cinéma porno  en 1993.

Sites et références

  • Essai sur l'histoire des panoramas et dioramas. G Bapst 1891
  • The Panorama. Bernard Comment 1999
  • Folies, Tivolis et attractions. G A Langlois 1990.
  • Le génie civil. novembre 1888. Le panorama de la compagnie générale transatlantique
  • Sommier des biens nationaux de la Ville de Paris. Monin Lazard 1920 
  • Architechtonographie des théâtres de Paris. Donnet 1821
  • Du panorama au diorama
  • Le cinéma à l'exposition universelle de 1900
  • La peinture de la guerre au XIX e siècle 
  • Les images ont parlé. BnF
  • Annuaires almanach du commerce. Firmin Didot et Bottin.
  • Paris-Hachette. Annuaire du commerce
  • Journal des arts, de littérature et de commerce (1799-1813)
  • Le Petit Parisien. 17 mai 1899: les panoramas 
  • La semaine des familles, 6 juillet 1895: promenade sur la Butte Montmartre.

 Les panoramas dans les plans de Paris

Jardin d'apollon. Plan Maire vers 1803
Le couvent des Capucines est encore intact. On voit deux rotondes jumelles dans le jardin.
le jardin fait partie des nombreux bals publics du Directoire et du Consulat: salle de Terpsichore ,Paphos, l'Elysée, Frascati, Isle de Vénus.
Jardin d'Apollon. Plan Piquet 1806.
La rue Napoléon (rue de la Paix) a éventré le couvent. A gauche il n'y a plus qu'une rotonde,  la grande rotonde est dans le jardin de droite

Rotondes du passage des panoramas (nommées à l'époque rotondes du jardin de Montmorency)Diorama Daguerre près de la place du Château d'Eau. Le panorama de Langlois s'installera derrière le cirque Olympique
Plan de l'exposition de 1855.
L'exposition a annexé le panorama. Un couloir relie le palais de l'Industrie à l'annexe du bord de Seine. 
Emplacement des panoramas de la rue du Château d'Eau
Les panoramas et le cirque des Champs ElyséesLe panorama Mazas 

Le problème des rotondes du jardin d'Apollon

Plan Maire 1808.
La rue Napoléon est ouverte et les deux panoramas jumeaux toujours présents au contraire du plan Piquet.
Plan Vincenot dit cadastre Napoléonien 1820 ?
Le jardin d'Apollon a disparu mais il y a une grande rotonde au milieu des immeubles construits

Elles sont souvent confondues avec celles du jardin de Montmorency (cad celles du passage des panoramas). Il est indiscutable qu'il exista un panorama présentant la vue de Paris en 1799 dans les jardins d'Apollon avant la construction des rotondes du jardin de Montmorency. Les sources modernes semblent indiquer qu'il exista deux rotondes de de 17 m, que l'une fut détruite et qu'on construisit une rotonde  de 32 ou 35 m de diamètre au jardin d'Apollon. Les plans de Paris montrent plutôt qu'il y eut d'abord deux rotondes jumelles qui furent détruites probablement quand le jardin fut loti en 1806.
Le jardin d'Apollon "est d'environ 3 hectares de superficie plantés d'arbres fruitiers et autres, plus diverses constructions faites par le sous locataire, consistant en deux édifices de forme circulaire servant à l'usage de panoramas" (Aubert 1800).
Le plan de Paris sera installé en 1799 dans la première rotonde et le plan de Toulon en 1800 dans la seconde.
L'hypothèse de deux premiers panoramas jumeaux est cohérente avec la réalisation anglaise de Barker, antérieure, et avec celle, postérieure ,des panoramas du jardin de Montmorency.

Le jardin d'Apollon disparait en 1806 avec le percement de la rue de la Paix.
Les attractions qu'ils contient encore doivent déménager. Le  cirque Franconi  se maintient dans les lieux en 1807 mais déménage en 1808 rue St Honoré (cirque olympique).
Le bâtiment de l'ancien cirque Franconi, rotonde de 32 m de diamètre, est transformé en panorama en 1808 .  Le panorama  "fait place en 1830 aux deux maisons du 58 et 60 rue Neuve St Augustin" (Les anciennes maisons  de Paris T 3 p 18. A Faure 1860).

La redécouverte (et l'oubli) du Néorama de Jean-Pierre Alaux

Alaux a produit deux néoramas dans une rotonde de 18m de diamètre sur 20m de haut rue St Fiacre (près du passage des panoramas), L'originalité par rapport à un panorama classique est de représenter l'intérieur de monuments jusqu'à leur voute ce qui exige des déformations savantes, des anamorphoses.
Le premier Néorama de 1827  représentait l'intérieur de St Pierre de Rome avec le pape en prière entouré d'une foule de fidèles. Le second, un peu plus grand, fut exposé en 1830 et représentait l'intérieur de l'abbaye de Westminster 
Le journal des artistes écrit alors: "On ne saurait trop s'étonner de tout ce qu'il a fallu de science , de dextérité et de persévérance pour parvenir, au moyen d'une multitude de lignes de toute espèce, projetées à l'infini, et en tous sens., sur un plan courbe, à résoudre un si grand nombre de ces problèmes contre lesquels il est si difficile, même pour les plus savants théoriciens , de ne pas échouer, lorsqu'il s'agit d'en venir à l'application. En effet, tout ici est anamorphose , représentation déformée qui , d'un certain point de vue , a toute l'apparence d'un dessin correct ; les objets sont représentés sur une surface concave, par des lignes courbes qui deviennent droites, par des lignes droites qui deviennent courbes, et aussi par des lignes inclinées qui deviennent verticales, comme dans tout panorama , sans qu'on sache ( pour ces dernières seulement ) quelle est l'origine de ce phénomène de perspective. Il faut admirer aussi cette étonnante adresse avec laquelle toutes les lignes ont été coordonnées aux lignes principales; car, après avoir posé par le calcul les bases de l'opération , et avoir tracé les grandes lignes architectoniques, le reste a dû être tracé de sentiment ; autrement il eût fallu faire des opérations géométriques pendant dix ans , pour mettre en perspective les innombrables détails que renferme la gothique abbaye de Westminster."

Alaux avait mal choisi son moment car le cholera allait s'abattre sur Paris et il fit faillite en 1832. Le Néorama ferma le 15 janvier et le journal des artistes note en septembre 1833 que "les toiles du Néorama détruit ont été  roulées et déposées au Louvre, l'auteur en ayant fait don".

On oublia le Néorama jusqu'en 1959 ou on s'inquiéta de deux énormes toiles roulées dans un couloir du Louvre. C'était les toiles du Néorama que l'on déroula et photographia au Grand Palais pour les remettre ensuite dans les réserves.
Le Figaro du 4 décembre 1959Les toiles dépliées au Grand Palais en 1989.
Au premier plan Westminster (18 x 66 m) et au second St Pierre (16 x 54 m).